Derrière Cofinoga qui licencie, BNP Paribas qui profite

mardi 24 janvier 2012.
 

Après l’annonce de 433 suppressions d’emplois dans la société de crédit à la consommation, dont 397 à Mérignac, la responsabilité de BNP Paribas, l’un de ses deux actionnaires, est pointée.

C’était redouté  : vendredi, lors d’un comité central d’entreprise, la direction de Cofinoga a confirmé son intention de résoudre ses difficultés financières actuelles en procédant à une saignée dans les effectifs. « Tel qu’il est envisagé », selon le communiqué officiel, un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) « pourrait se traduire par la suppression de 462 postes », dont 44 à Paris, 397 à Mérignac, 19 en agences sur rue et deux à Jurançon (Pyrénées-Atlantiques), « ramenés en pratique à 433 postes en net grâce à 29 créations de poste ». À Mérignac, où Cofinoga emploie 
2 000 personnes, la nouvelle a été reçue comme « un coup de massue » par les salariés, qui ne s’attendaient « pas à de tels chiffres », indique Jean-Louis Gayon, représentant CGT du personnel, dont le syndicat avait appelé à un rassemblement.

La direction justifie sa décision en invoquant « une situation de crise économique et financière sans précédent » et « des évolutions législatives et réglementaires qui ont profondément modifié le marché français du crédit à la consommation », allusion à la loi Lagarde de 2010, qui a assaini le crédit revolving. S’ils ne contestent pas ces évolutions, les syndicats reprochent à la direction de ne pas avoir su prendre des décisions pour repositionner la société, à l’image de certains de ses concurrents. Ainsi de « Cetelem ou Sofinco, qui ont su changer de braquet immédiatement et développer une nouvelle stratégie, tant sur les produits que sur les marchés », souligne Lionel Azougalhi, délégué CFDT et porte-parole de l’intersyndicale CFDT-CFTC-CGC. « Le résultat, ajoute-t-il, est qu’eux s’en sortent, pour preuve Cetelem propose de reprendre 40 salariés de Cofinoga. » Certains, comme le sénateur PS et maire adjoint de Mérignac, Alain Anziani, soupçonnent même BNP Paribas, l’un des deux actionnaires à parts égales, avec Galeries Lafayette, de la société, d’avoir choisi de sacrifier Cofinoga au profit de l’autre société de crédit spécialisée dans le revolving qu’il possède, Cetelem.

En tout état de cause, pas question de « laisser la BNP faire partir 400 emplois sans se battre », prévient le syndicaliste CGT Jean-Louis Gayon. D’autant que, ajoute-t-il, si elle est en difficulté, Cofinoga « ne perd pas d’argent, elle gagne moins mais nous avons deux actionnaires, Galeries Lafayette et BNP, et cette dernière fait 7 milliards de bénéfices, on ne peut pas lui laisser faire ça ».

VIVES RÉACTIONS DES ÉLUS

Dans un communiqué, le maire de Bordeaux (UMP), Alain Juppé, et des élus locaux et régionaux socialistes soulignent que « BNP Paribas et Galeries Lafayette ont les moyens financiers et économiques pour empêcher la réalisation » du plan social décidé par Cofinoga. Il est « indispensable, ajoutent-ils, que le gouvernement se saisisse de ce dossier pour empêcher que les salariés mérignacais de Cofinoga fassent les frais de licenciements dictés par les seuls intérêts de la finance ». De son côté, Gérard Chausset, vice-président (EELV) de la communauté urbaine de Bordeaux, accuse BNP Paribas de « stratégie délibérée », en n’ayant pas voulu anticiper les conséquences 
des lois Lagarde sur l’activité de Cofinoga. Le groupe communiste à la CUB a proposé aux syndicats de constituer un « collectif 
de surveillance et de défense des emplois ».

Yves Housson, L’Humanité


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