François Hollande au Bourget : Petites avancées mais... le réalisme sans le socialisme

dimanche 29 janvier 2012.
 

4) Discours de François Hollande : "Nous avons eu l’entrée en campagne mais pas la clarté" (Pierre Laurent, président du Conseil de campagne du Front de Gauche)

Nous attendions de François Hollande une vraie entrée en campagne et enfin de la clarté dans les propositions. Nous avons eu l’entrée en campagne mais pas la clarté.

Ce qui était connu des engagements socialistes a été confirmé. Mais ce qui posait problème dans ses engagements aussi. Je pense au droit à la retraite à 60 ans, avec une définition très restrictive de l’accès à ce droit, à l’absence de propositions en faveur de la hausse des salaires, à la limitation du nombre d’emplois publics au niveau actuel alors que Nicolas Sarkozy en a supprimé 170.000, à l’absence de remise en cause de la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé et Territoires) et de la tarification à l’activité pour les hôpitaux...

Quant à ce qui était imprécis, cela l’est resté. François Hollande déclare que son adversaire, « c’est le monde de la finance ». Au Front de gauche, nous disons enfin ! Mais alors pourquoi ne dit-il rien sur le contrôle public des banques et du crédit ?

Enfin, un étonnement : le candidat socialiste est resté muet sur les contours de la majorité qu’il entend constituer, or personne à gauche ne peut espérer gagner seul.

De tout cela, je tire une conclusion : le Front de gauche va être plus que jamais la garantie d’une victoire solide de la gauche face à Nicolas Sarkozy.

Une victoire qui se construira dans la clarté, seule susceptible de mobiliser celles et ceux qui attendent le plus du changement pour pouvoir vivre enfin dans la dignité et la justice.

Pierre Laurent, Secrétaire national du PCF et Président du Conseil national de campagne du Front de gauche,

3) Hollande : difficile de rêver MARTINE BILLARD, co-présidente du Parti de Gauche

François Hollande devait sortir aujourd’hui de l’ambiguïté. Force est de constater qu’il ne nous a pas convaincu, même si des mesures ont été annoncées comme sur l’égalité des droits ou sur l’accès à l’énergie et à l’eau.

Mais alors que les français sont préoccupés en priorité par la question des salaires et de l’emploi, ces deux points sont les grands absents de son discours.

Il n’est pas avare de déclarations sur la réorientation des politiques européennes mais comment y croire alors qu’il ne donne aucune précision sur les moyens pour y parvenir. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les politiques libérales et leurs conséquences sur la dégradation des services publics, grands oubliés de ce discours, ne soient pas remises en cause.

On a enfin appris quelle était sa position sur le nombre de fonctionnaires : il propose donc un gel loin des besoins nécessaires dans l’éducation, la santé...

Tout repose sur un retour hypothétique de la croissance, dont il n’interroge ni son contenu social ni son contenu environnemental.

La réforme fiscale proposée est bien timide et bien éloignée des propositions du Front de Gauche sur la répartition des richesses. François Hollande, encore un effort pour être écologiste et vraiment à gauche.

Martine Billard, co-présidente du Parti de Gauche

2) Hollande, au Bourget ce soir, "semble faire le deuil des catégories populaires"

Rémi Lefebvre est chercheur en sciences politiques. Avant le meeting national de François Hollande au Bourget, en banlieue parisienne ce dimanche soir, il analyse le fossé grandissant entre le candidat du Parti socialiste à la présidentielle et "les catégories populaires qui vont faire l’élection".

« Nous sommes, pour l’instant, dans une non-campagne liée à une conjoncture économique dramatique qui inhibe un peu les candidats et à deux autres éléments. D’un côté, Nicolas Sarkozy n’est pas encore candidat, même s’il n’y a pas d’ambiguïté, il le sera. La droite joue la fuite. De l’autre, surtout, François Hollande cherche à ne pas s’exposer, à capitaliser sur l’impopularité du président de la République.

À cent jours de l’élection, on ne connaît pas les propositions du candidat socialiste auquel les primaires ont donné un pouvoir considérable. Il s’émancipe de plus en plus de son parti  : aujourd’hui on ne parle plus de programme mais de plate-forme. Mitterrand disait  : “On ne sort en politique de l’ambiguïté qu’à ses dépens.” Il applique cette formule mais à tort, parce qu’il va être rattrapé par la mobilisation des autres candidats. C’est peut-être une banalité de le dire : ce sont à nouveau les catégories populaires qui vont faire l’élection.

Elles sont majoritaires dans l’électorat. François Hollande leur envoie des signaux à travers ses déplacements dans les usines mais on a l’impression qu’il a fait le deuil de leur reconquête et qu’il pense que c’est l’électorat modéré de Bayrou qui va faire l’élection. Or ce n’est évidemment pas ce qui va se passer. Je sens un décalage incroyable entre un capitalisme en train d’agoniser et une offre politique à gauche qui est très pauvre dans le cas du PS. Qu’est-ce qui l’empêche aujourd’hui de gauchiser son discours  ? Même d’un strict point de vue électoraliste, ça serait plus productif.

Les gens sont écrasés par un fatalisme qu’entretiennent les élites socialistes. La rigueur de gauche à la François Hollande donne l’impression qu’il n’y a pas d’alternative, ce qui risque de nuire à la mobilisation d’une partie des électeurs. »

1) François Hollande et le CAC 40 préparent l’alternance

En choisissant comme directeur de campagne le vice-président du Cercle de l’Industrie – lobby réunissant les PDG des principaux groupes industriels français – le candidat aux prochaines élections présidentielles a envoyé un signal, on ne peut plus clair, aux marchés financiers : l’alternance ne constituera pas une menace, bien au contraire, pour les classes possédantes.


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