Jean-Luc Mélenchon sera-t-il le troisième homme ?

vendredi 27 janvier 2012.
 

1) « Sera-t-il le troisième homme ? »

Par Claude Leclerc, Mediapart

Voilà une semaine qui restera dans les annales de la campagne 2012. Une audience de 3 300 000 téléspectateurs jeudi soir à la TV, une affluence record au meeting de Nantes quelques jours plus tard (entre 3 000 et 6 000 personnes selon les titres) et cela suffit pour que des gazettes posent la question : « Sera-t-il le troisième homme ? ». Il, c’est Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de Gauche qui a été découvert et a occupé le net pendant des jours suite à une brillante et passionnante émission. Tous ceux qui l’ont visionnée ont été « scotchés » par la qualité de l’intervention et la découverte d’un programme « L’Humain d’abord » répondant à leurs grandes préoccupations…

…Et les « considérables » de la gent journalistique qui, jusque-là, le cantonnaient, avec dédain chez les uns et jubilation chez les autres, dans le rôle du croquemitaine aux côtés de Le Pen, le désignant comme « populiste », « extrémiste de gauche », l’hurluberlu du « Place au Peuple » et « Prenez Le pouvoir » vont devoir revoir leur copie, les spectateurs et téléspectateurs étant, même si ça les ennuient, leurs clients.

C’est en particulier le point de vue sur l’élection de l’omniprésent à la télé Monsieur Barbier, ci-devant directeur de l’Express, l’homme à l’échappe rouge, (le rouge de la honte et non le rouge de la révolution), qui ne considère que cinq vrais candidats dans cette élection : les 3 fréquentables, l’un étant son ami Sarkozy, puis Hollande et entre les deux, Bayrou et les extrêmes : Le Pen à droite, Mélenchon à gauche bien accolés pour les rendre semblables. Les autres… du menu fretin ! Voilà la conception de la démocratie et de la déontologie du métier d’un « important ». Bien sûr, il ne consentira jamais à admettre que le seul socialiste du lot soit Jean-Luc Mélenchon et il va continuer à pérorer jusqu’à bout en obscurcissant les débats afin de prêcher pour sa chapelle.

Tout comme ses confrères qui depuis des années nous inondent de leurs sentencieuses prédictions apocalyptiques sur ce qu’il adviendrait demain si on se laissait aller à voter pour la gauche… pour preuve de la qualité de leur prédiction, le livre sur les candidats commis par Alain Duhamel en 2007 dans lequel il avait tout simplement oublié celle qui fut au deuxième tour !

Ce qui a été réjouissant lors de l’émission de jeudi, c’est parfois l’éclat de panique qui traversait par instant le regard de l’interrogateur alors qu’il essayait de déstabiliser l’invité par une question qui aurait dû le mettre en colère ou, à tout le moins, en porte-à-faux : Quel fichu métier quand on a affaire à un interlocuteur intelligent, prévenu ou rétif.

Lors d’une précédente interview donnée par Mélenchon à la radio, à la question « Quelles sont les trois mesures de votre programme qui vous tiennent le plus à cœur, la réponse a été : « La planification écologique, la répartition des richesses et la sixième République ».

Etonnant, non ! A méditer.

Mais il est vrai que cette cinquième République est semblable à une chambre à air avec tellement de rustines qu’il y a plus de rustines que de chambre.

2) Discours de Jean-Luc Mélenchon au Zénith de Nantes

Pour visionner cette video d’un évènement exceptionnel de la campagne, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous :

http://www.dailymotion.com/video/xn...

3) 6000 personnes à Nantes avec Jean-Luc Mélenchon galvanisé

Le candidat du Front de gauche est dopé par son passage cette semaine sur France 2.

Il est arrivé le poing levé. Est reparti en chantant L’Internationale. Et pendant son heure de discours a promis de "rendre les coups". "J’ai une force immense ! Gigantesque ! Je suis fier d’être candidat !" a conclu Jean-Luc Mélenchon, en meeting samedi en banlieue de Nantes, devant 6.000 personnes. À l’offensive donc, pour tenter de décoller dans les sondages. Le candidat du Front de gauche a consacré une bonne partie de son discours à la perte du triple A. Une "déroute", une "honte" pour le chef de l’État et le Premier ministre, qualifiés de "bons à rien".

Ciblant Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, François Bayrou et François Hollande qu’il réduit à un "quarteron de la capitulation", Jean-Luc Mélenchon s’érige en "candidat des Français à la résistance". Applaudissements garantis. "Résistance, résistance !", scandent ses partisans. "Je demande à mes camarades socialistes : aidez-nous !"

La BCE ne prêtant pas directement aux États, l’ancien sénateur prône "l’emprunt forcé auprès des banques". De quoi alimenter la relance de l’activité pour celui qui pourfend la rigueur et moque devant une salle rieuse "les quatre Dalton de l’austérité". "Et comme vous le savez, chez les Dalton, c’est le plus petit le plus méchant, et la plus grande la plus bête." Le Mélenchon nouveau style manie désormais l’humour en plus du bâton. Marine Le Pen a eu droit à une salve du candidat qui voudrait lui contester le vote ouvrier. "Ouvrier, ne te trompe pas de vote […] Ami, camarade, ton intérêt de classe est de voter avec ta classe…"

Un peu plus tôt, Jean-Luc Mélenchon s’était déclaré "très déçu par François Hollande" qui ne "met pas une seconde en cause le système financier et les agences de notation." À la tribune, si le ton se veut presque fraternel, le message reste le même : "Je demande à mes camarades socialistes : aidez-nous ! Faites comprendre à François Hollande qu’il se trompe […] Tu as tort, François, ce qu’il faut changer, c’est le rapport aux marchés. Rendre les coups." Et d’ajouter : "Socialistes, je suis votre candidat si vous restez fidèles à votre idéal de toujours."

Aux électeurs qui disent "n’importe quoi sauf Sarkozy", celui que les sondages donnent en cinquième position a répondu : "Non, pas n’importe quoi ! Moi. C’est-à-dire nous !" Façon de lutter contre le vote utile. L’ancien socialiste a redit son intention de ravir à François Hollande entre deux et trois millions d’électeurs.

"Je vais prendre le pouvoir sur le plateau"

Jeudi, pour sa première grande émission télé en prime time, l’eurodéputé a réuni 3,2 millions de téléspectateurs sur France 2. Moins bien que Marine Le Pen mais mieux que Juppé, Copé et Bayrou. Un rendez-vous médiatique préparé à sa façon pendant trois journées : bonnes bouffes, musique, un peu de marche et ordre donné aux siens de ne lui envoyer que des nouvelles positives. "Je vais prendre le pouvoir sur le plateau", répétait l’eurodéputé avant ce qu’il envisageait comme un tournant de sa campagne. Hier encore, pendant son déjeuner, Jean-Luc Mélenchon savourait son passage télévisé. "Il s’est passé quelque chose. Les militants sont galvanisés, on va renverser la table, être l’événement", s’enflamme l’un de ses proches.

Reste à convertir les téléspectateurs en électeurs. Pour l’heure, le candidat plafonne entre 6 et 8% des intentions de vote. L’émission, dit-il, lui a donné une "énergie propulsive". Après avoir quitté le plateau, il a envoyé des textos à son équipe jusqu’à 2 heures du matin. Le temps de laisser retomber l’adrénaline. Deux jours ont passé et Mélenchon qui tourne pourtant au décaféiné est toujours gonflé à bloc. "Notre programme est meilleur que jamais. Ceux des autres, on les a déjà appliqués en Grèce, au Portugal, en Espagne… Partout, c’est la catastrophe !" Revivre la campagne victorieuse du "non" en 2005, tel est son rêve.

Arthur Nazaret - Le Journal du Dimanche


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