SeaFrance : Sarkozy joue au Loto avec l’emploi

vendredi 6 janvier 2012.
 

Après avoir laissé la SNCF organiser la banqueroute de SeaFrance, l’apprenti sorcier Sarkozy désavoue ses propres ministres, qui, hier matin encore, jugeaient le projet de reprise en Scop par les salariés comme une ineptie.

Aujourd’hui, comme l’a proposé la Parti de Gauche, la seule solution viable en coopérative serait celle de la SCIC (société coopérative d’intérêt collectif), et non celle d’une SCOP "classique". En effet la SCIC permet d’associer les salariés, les collectivités locales, des investisseurs privés, des usagers et l’État lui-même. Ce qui aurait comme immense avantage, non seulement de sauver l’entreprise, mais de l’arrimer au service public des transports.

Une telle solution nécessite de désobéir aux diktats de la Commission européenne, qui interdit à l’Etat d’investir dans une entreprise privée. Et cela, Sarkozy refuse de le faire.

Au contraire, une Scop « classique » est, dans le cas de SeaFrance, un leurre. Autant il existe des Scop de 1 200 salariés vivantes et prospères créées puis développées au fil des ans, autant aucune Scop ne venant d’une reprise d’entreprise en difficulté de cette taille n’a pu se pérenniser (rappelons-nous de Manufrance dans les années 80).

Et ce n’est pas uniquement la taille de l’entreprise, mais aussi le contexte ultraconcurrentiel, avec le dumping social des compagnies britanniques, qui rend peu crédible le projet de scop.

Le Parti de Gauche ne se réjouit donc pas de cette pseudo-reprise en Scop : le gouvernement cherche juste à faire croire que les salariés de l’entreprise peuvent reprendre leur destinée en mains sans soutien direct de l’Etat... pour mieux pouvoir ensuite « démontrer » leur incapacité à faire vivre l’entreprise (problèmes de financement, de démocratie d’entreprise, de management, etc).

Il est possible que nombre des salariés de SeaFrance « prennent » leurs indemnités « extra-légales » et aillent chercher du travail ailleurs. D’autres, n’investiront qu’une partie de leurs indemnités, compte tenu de leurs faibles revenus. Le financement final sera insuffisant et il sera alors facile pour le gouvernement d’expliquer que la « faiblesse de l’investissement des salariés » aura failli face au marché et à la réalité de la concurrence.

Le pseudo-soutien du Président tout-puissant au projet de Scop est un piège. C’est tout simplement une escroquerie de campagne.

Le Parti de Gauche

1) SeaFrance : le projet de Scop se concrétisera-t-il ?

SeaFrance, filiale de la SNCF en liquidation judiciaire, emploie 880 personnes en CDI à Calais, et génère au moins autant d’emplois indirects. Un sacré enjeu. Le projet de reprise de la compagnie maritime SeaFrance par le biais d’une société coopérative et participative (Scop), porté par le syndicat CFDT, après avoir reçu le soutien de la région Nord-Pas-de-Calais, se voit avalisé par le gouvernement. Problème, il faudrait réunir 50 millions d’euros pour mettre en place ce projet.

La ministre de l’Ecologie et des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet a expliqué ce lundi : "Le gouvernement a décidé de soutenir le projet de Scop au mieux des moyens de l’Etat", et d’ajouter : "Ce qu’on est en train d’imaginer, c’est de donner les moyens aux salariés de prendre en main leur destin et d’investir, eux, dans une coopérative". Le montage juridique exact doit encore être mis au point mais la ministre a précisé que les salariés pourraient réinvestir dans la société des indemnités extralégales ou des avances octroyées par le gouvernement et la SNCF. En outre, Les collectivités locales se sont engagées à débloquer de 11 à 12 millions d’euros en faveur du projet et les salariés devront donc, à travers le montage imaginé, fournir le solde.

Le projet était pourtant mal engagé puisque les négociations entre les syndicats et l’Etat s’étaient soldées par un échec vendredi encore. Thierry Mariani, pour qui l’expression coopérative ouvrière doit sonner comme un blasphème, avait dénoncé le "fanatisme" des représentants des salariés qui refusaient, toute autre solution que leur projet de Scop.

Le secrétaire CFDT du CE de Seafrance, Eric Vercoutre, a exprimé sa satisfaction prudente : "Nous sommes prêts à écouter toutes les propositions. Si on arrive à mettre tous les protagonistes autour d’une table pour trouver une solution et sauver les 880 emplois, ce serait formidable. Mais attendons de voir".


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