Jean-Luc Mélenchon dans le Loiret (7 décembre 2011)

dimanche 11 décembre 2011.
 

Montluçon – 8H50

Le jour se lève sur Montluçon où nous avons passé la nuit. La petite équipe est déjà dans le train, tous journaux déployés. « Mesdames et Messieurs, le départ de notre train est imminent », annonce le commandant de bord. Pas de retard ce matin donc. Ouf !

8H58

Le train démarre. Au téléphone, Christian Marre règle les derniers détails de la journée avec les camarades du Loiret. Nous avons rendez-vous avec eux à la gare des Aubrais à 11h30 avant de nous rendre à La Source, quartier populaire d’Orléans. C’est le plus grand quartier de la ville avec pas moins de 20 000 habitants.

9H30

On découvre l’article réalisé par l’équipe de "La Montagne", le principal quotidien local, qui nous a suivi toute la journée d’hier. Un tiers de page détaillé revient sur chaque étape du déplacement. Il fait la part belle au discours d’hier soir sous le titre "l’embryon d’un front populaire". Très complet.

9H40

Jean-Luc se plonge dans le travail sur son ordinateur pendant que le reste de l’équipe continue de lire la presse et de discuter de l’actualité.

11H30

Le calendrier électoral du CSA vient de tomber. Sophia nous indique les dates et les modes de répartition du temps de parole. Du 1er janvier au 18 mars ,équité entre les candidats déclarés et présumés. Du 19 mars au 8 avril, égalité entre les candidats déclarés. Puis début de la campagne officielle. Les choses se précisent. Jean-Luc s’inquiète de cette "équité". "On la connaît leur équité" dit-il avant de nous rappeler qu’on nous a refusé du temps de parole quand les socialistes ont fait leurs primaires au prétexte que l’opposition avait déjà eu sa part dans les médias.

Les Aubrais – 11H45

On arrive à la gare des Aubrais. Un petit comité d’accueil Front de Gauche nous attend. Des appareils photos et caméras se braquent sur nous : ce sont des camarades qui filment pour leur webTV locale et Patrice, journaliste à L’Humanité. On se serre tous la main. On échange quelques mots. Mais le temps presse. Nous sommes en retard. On court vers le bus en saluant au passage les cheminots.

11H49

Vite, on grimpe dans le bus. Surprise : il y a un petit salon dans le fond. Une banquette circulaire avec une table en bois au milieu. Jean-Luc s’y attable avec les camarades du coin pour discuter de la situation nationale et locale. Les photographes mitraillent la scène.

La Source – 12H20

On arrive à La Source. Vu du bus, le quartier est une succession de barres d’immeubles de tailles diverses. Les camarades nous attendent nombreux à l’entrée de la salle. Chacun se présente. Il y a là Jean-Pierre, militant Front de Gauche non encarté, que l’assistance nous présente comme un symbole du Front de Gauche. Il y a des militantes et militants de tous âges. Ils sont PG, communistes, féministes. Jean-Luc discute un long moment avec une militante féministe. Il prend aussi un moment pour discuter avec de jeunes étudiants en Histoire. Ils ont entre 19 et 22 ans. Jean-Luc discute de la bataille culturelle avec eux.

La Source – 12H35

Jean-Luc propose de dire un mot aux militants avant l’ouverture de la table ronde. On rapproche les chaises et on fait passer les sandwiches. Jean-Luc explique aux camarades toute l’importance des assemblées citoyennes. Il demande de les ouvrir vers le plus grand nombre et d’éviter à tout prix d’en faire des usines à gaz. Il parle des écoutes collectives d’émission politiques et appelle les camarades à débattre, à ne surtout pas empêcher la libre parole. Il appelle à participer aux réunions sur la dette organisées par ATTAC et Copernic, et valoriser toutes les initiatives qui permettent d’expliquer le prétexte de la dette et la réalité de la crise. Il appelle à aller vers celles et ceux qui sont désorientés, à faire du porte à porte. Tout le monde écoute, attentif. Les camarades en oublient de manger.

La Source – 12H48

La réunion improvisée s’arrête pour que chacun puisse se restaurer.

La Source – 12H50

Une équipe de France 3 arrive pour prendre des images. Jean-Luc donne son autorisation. La salle se remplit. Tout le monde se presse autour de la table où Jean-Luc s’est installé.

La Source – 13H

Jean-Luc a avalé un ou deux petits toasts entre deux discussions. Désormais, caméras et appareils photos sont braqués sur lui. Impossible de manger… La discussion tourne autour de la planification écologique. Jean-Luc explique qu’elle traverse toute la cohérence du programme du Front de Gauche.

La Source – 13H05

Il est temps de commencer la table ronde.

La Source – 13H10

La salle fourmille de monde. En deux temps trois mouvements, sans que je comprenne trop comment, tout le monde s’est installé. Qui assis. Qui debout. Nous sommes bien 200. Il n’y a pas assez de chaises pour tout le monde.

C’est Marc Brynhole, conseiller général du Front de Gauche qui introduit la réunion. Il raconte comment le frère d’un des membres de l’assistance est décédé du fait de sa situation précaire. On lui avait coupé l’électricité. Il s’éclairait à la bougie. La bougie a incendié son appartement. Il est mort dans l’incendie. Marc a la gorge nouée en racontant ce drame. Nous aussi à l’écouter. Dominique est l’une des premières à prendre la parole. C’est une militante féministe. Elle est là pour représenter le planning familial. Elle explique comment aujourd’hui, ce ne sont plus des jeunes filles qui n’ont pas pris la pillule qui viennent les voir, mais des femmes qui ne peuvent plus se payer l’accès aux soins.

Jean-Michel est responsable local du Secours Populaire. Il raconte la précarisation des familles qui viennent de plus en plus nombreuses dans leurs 20 antennes locales pour pouvoir réussir à payer leurs loyers, l’électricité.

Jean-Pierre, militant du Front de Gauche non encarté donc et grande figure de la lutte contre la précarité ici, m’explique-t-on, intervient pour dénoncer le pouvoir nocif des banques. C’est ensuite un membre de RESF qui prend la parole. Il revient sur l’arrêté qui a relevé le niveau d’exigence de ressources pour les étudiants étrangers de 430 euros par mois à 660 voire 730 euros par mois. Pascal, éducateur spécialisé et militant syndical, parle lui des vagues de licenciements dans le Loiret et des suicides liés aux mauvaises conditions de travail. Il nous raconte un phénomène encourageant : des vagues de syndicalisations."Avant les gens venaient seuls, maintenant ils viennent à dix", explique-t-il. Il dénonce "les ravages du capitalisme". Il raconte "l’aumône pour avoir une heure de contrat" en intérim.

Jérôme, travailleur du nucléaire, est venu pour dire que "la position du Front de Gauche en matière de nucléaire lui paraît être la meilleure des positions". "Il faut laisser les gens décider et ne jamais oublier de parler des ouvriers qui y travaillent"

Une femme prend la parole pour dire la misère dans laquelle on a mis l’école. Dur de se concentrer : un camarade, Maurice, vient de se planter devant Jean-Luc pour le prendre en photo. La salle rit.

C’est au tour d’un chercheur contractuel, précaire. Il explique que, dans la recherche, le nombre de précaires a explosé depuis 2005 avec la mise en place des CDD. On estime actuellement à environ 50000 le nombre de précaires dans l’enseignement supérieur et la recherche. Le ministère n’en reconnaît que 35000. Il explique qu’en ce moment une loi est discutée au Sénat qui vise à titulariser certains des chercheurs en CDD. Tous les CDD ne sont pas concernés. Selon ce chercheur, on licencie actuellement nombre des chercheurs qui pourraient être titularisés si la loi passaiit.

Jean-Claude prend la parole pour le DAL. "Plus ça va plus il y a de monde dans la rue et plus l’hébergement d’urgence est restreint" explique-t-il. Il attend beaucoup du Front de Gauche en la matière.

Marc Brinhole propose à Jean-Luc d’intervenir avant une autre série d’interventions. Jean-Luc veut être bref car il souhaite écouter les autres interventions. Il dit un mot quand même. Il rappelle que le but de la campagne est de rendre visible les invisibles, à rendre visible le précariat catégorie si répandue qui s’ignore en tant que telle. Il rappelle que c’est parce qu’à un bout on a tout accumulé qu’à l’autre bout on a tout désorganisé, tout précariser. Que c’est parce qu’il y a de plus en plus de millionnaires qu’il y a de plus en plus de pauvres.

Il parle du Front national qui divise les gens entre eux et fait croire que les critères sur lesquels il base ces divisions sont le problèmes. La couleur de peau, les antécédents, la fraude etc. Le Front de Gauche fait l’inverse. Il unit ceux qu’on précarise.

Jean-Luc souligne qu’un gouvernement de Front de Gauche titularisera les 850 000 précaires de la fonction publique par la mise en place d’examens professionnels. Il titularisera aussi dans le privé en interdisant qu’il y ait plus de 10 % de contrats précaires dans les PME et de 5 % dans les grandes entreprises.

Jean-Luc rappelle que quand il était jeune on traitait les premières agences d’intérim d’esclavagistes. Que le CDI était la norme et que les CDD étaient considérés comme des contrats "atypiques" alors qu’aujourd’hui ils sont la normes et que certains arrivent à 35 ans sans jamais avoir eu un CDI. "C’était impensable à l’époque" raconte-t-il. Il parle de la réquisition de logement vide. "Dans Paris, il y a des milliers de mètres carrés vides pourquoi ?" Jean-Luc nous explique qu’un mètre carré vide vaut plus qu’un mètre carré plein parce qu’il est immédiatement vendable aux yeux de la banque. Il parle de la lutte contre la précarité énergétique et indique que le Front de Gauche prône la mise en place d’un moratoire sur les coupures d’électricité et de gaz et interdiction hivernale de ces coupures (comme pour les expulsions de logements), mais aussi la gratuité des premières tranches de consommations d’électricité, de gaz et d’eau et la tarification progressive des tranches suivantes.

Jean-Luc parle aussi des étudiants étrangers. Il raconte l’importance des amitiés, des amours tissés entre étudiants français et étrangers. Il dit son indignation quand il voit que celles et ceux qui ont étudié en France se voit claquer la porte au nez quand ils essaient d’accéder à un premier emploi. Jean-Luc rappelle qu’ils ont été formés et même bien formés en France et que c’est une chance de pouvoir les embaucher.

14H10

Jean-Luc s’arrête là pour l’instant. On reprend le tour de parole.

C’est un militant du droit d’asile qui prend la parole le premier pour dénoncer la précarisation des étrangers, les titres de séjour de courte durée.

La parole est ensuite à un cheminot. Il dénonce la libéralisation du rail. Il explique le prix du voyage ne baisse pas mais que le service est moins bon. Que désormais dans la région des écoles sont obligées d’adapter leurs horaires de cours a ceux du train et non l’inverse. Une aberration.

Une militante prend la parole pour le "collectif pour l’eau" de la Région Centre. Elle explique qu’elle se bat pour le retour à la régie municipale de l’eau à Orléans.

Un étudiant parle des "légers cafouillages du CROUS". Les CROUS n’ont pas reçu de l’Etat les sommes correspondant aux bourses qu’-ils doivent verser. Des étudiants attendent le versement de leurs bourses depuis 3 mois "alors que le frigo, il ne met pas trois mois pour se vider" explique-t-il. Les bourses pourraient être versées en Janvier mais les CROUS ne recevront sans doute pas les moyens nécessaires pour la suite. Ils menacent donc d’augmenter les ticket restaurants et les loyers étudiants.

Un militant dénonce la dégradation de la sécurité des soins et du confort des patients à l’hôpital. "Aujourd’hui explique-t-il, on a à peine une infirmière pour dix patients à Orléans. Bientôt une infirmière pour 15". Une catastrophe.

Un employé de la Banque Postale insiste pour sa part sur la nécessité de créer un pôle public bancaire. "On passe du service rendu au service vendu et ça ça ne rend pas service aux gens et ça n’est plus possible" explique-t-il.

Un jeune retraité d’EDF parle des coupures d’électricité "par dizaine dans le département du Loiret, c’est scandaleux". Il dénonce aussi l’explosion des tarifs de l’électricité suite à la loi NOME de cet été.

14H30

On passe la parole à Jean-Luc. Il annonce le rouleau compresseur de la propagande à venir sur le thème qu’il faut payer la dette et accepter l’austérité. Il appelle l’assistance à résister. Il dénonce l’homogénéisation idéologique à droite (UMP et FN) et la divergence à gauche entre partisans de l’austérité (PS) et partisans de la relance (FG).

Jean-Luc revient sur la privatisation du rail. Il parle de la refonte du paquet ferroviaires (qui l’aggrave) qu’ont accepté de concert la droite, les socialistes et Europe-Écologie au Parlement européen il y a trois semaines.

Il dénonce le dépeçage de l’hôpital public et sa privatisation.

Il rappelle que tous les biens communs, tout ce qui concerne l’intérêt général, doit être géré par des services publics.

Revenant sur l’exemple des écoles qui doivent s’adapter aux horaires des trains, il explique que le système meurt de la désorganisation ambiante. Comment faire quand le train arrive après le début du travail ? Ça ne peut évidemment pas marcher.

Jean-Luc rappelle aussi que Front de Gauche est favorable à la régularisation des travailleurs sans papiers.

Jean-Luc a, je crois, répondu a toutes les interventions. Il a du le faire très vite, contraint pas les horaires. Certains passages de sa réponse manquent ici.

14H55

Nous devons partir. Jean-Luc s’excuse de n’avoir pas pu répondre à tout le monde. Avant le départ, on nous présente les candidates (notez le "e" dont les camarades sont très fiers) locales du Front de Gauche aux législatives.

14H57

Les journalistes attendent Jean-Luc pour un bref point presse. RTL, France bleue, AFP, Libération, Radio Campus, tous attendant Jean-Luc. Il va falloir faire vite. Nous n’avons qu’un quart d’heure.

Au même moment, Jean-Luc se prête au jeu de la traditionnelle séance photo avec les représentants militants, syndicaux et associatifs. Il avance vers le point presse. En chemin il signe un ou deux autographes, fait encore une ou deux photos. Puis il se libère enfin et rejoint le point presse.

15H

La presse se bouscule pour être au plus près de Jean-Luc. Dans le brouhaha ambiant, il répond de bonne grâce aux questions des journalistes. Les questions portent, le sommet européen dont Jean-Luc explique qu’il ne servira qu’à faire des communiqués de presse pour rassurer les marchés qui apparemment ne sont jamais rassurés, la règle d’or dont Jean-Luc explique qu’elle est inapplicable et que les élections existent pour faire et défaire les règles. Je ne parviens pas à entendre toutes les questions posées. Le cercle formé par les journalistes autour de Jean-Luc s’est encore resserré. Difficile d’entendre de quoi on traite.

15H13

"Ca va ? Vous avez ce qu’il faut ?" demande Jean-Luc avec un sourire. Il répond à une dernière question et nous repartons au milieu des caméramen et des photographes qui continuent de se bousculer autour de Jean-Luc.

15H17

Nous sommes à l’heure mais le bus est en retard. Nous l’attendons donc.

15H30

Le bus arrive enfin. "Bonjour Monsieur ! Cap sur la gare !" crie Christian Marre au chauffeur. On grimpe tous à toute vitesse. Jean-Luc s’installe avec les camarades locaux au fond du bus. Les discussions reprennent.

15H40

A l’avant du bus, un journaliste de RTL fait écouter la bande qu’il a enregistrée tout à l’heure sur son téléphone à ses collègues. "Je me disais que je reconnaissais la voix" rit le chauffeur en entendant la voix enregistrée de Jean-Luc retentir dans son dos.

Orléans – 15H50

Nous passons par la gare d’Orléans. Le journaliste de RTL referme la grosse boîte de son magnétophone. De l’autre main il maintient son téléphone près du haut parleur et descend du bus. Ça fait tout drôle de le voir repartir comme ça, avec la voix de Jean-Luc sous le bras !

Les Aubrais – 15H55

Nous arrivons à la gare des Aubrais. Il est déjà temps de dire au revoir aux camarades qui nous ont accompagné jusque là et de grimper dans le train.


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