Faut il un référendum sur la sortie du nucléaire ? (Politis, Corinne Morel Darleux)

jeudi 17 novembre 2011.
 

Ce qu’il faut avant tout, c’est un débat sérieux sur la transition énergétique, pour économiser l’énergie et développer les renouvelables, seule voie permettant de planifier la sortie du nucléaire. Débat suivi d’un référendum, oui, pour plusieurs raisons.

D’abord, on ne peut pas condamner l’absence de débat sur le choix du nucléaire, réclamer transparence et démocratie, y voir un sujet de société qui nous engage tou-te-s... Et refuser de consulter le peuple sur cette question ! C’est exactement ce que nous dénonçons sur les gaz de schiste : que les citoyens aient été écartés de décisions prises en catimini par une oligarchie qui décide pour tous selon ses propres intérêts. Alors soyons cohérents. Pour le Front de Gauche qui appelle à une Révolution citoyenne et à la souveraineté populaire, ce référendum a un vrai sens politique.

Certains redoutent que les Français soient conditionnés par des années de lobby pro nucléaire ? Mais en 2005, alors que l’idéologie dominante menait propagande pour le « oui » avec le soutien zélé des grands médias, cela n’a pas empêché les citoyens de s’emparer du débat et de dire « non » au TCE ! Faisons le pari de l’intelligence collective. Défendre la réappropriation citoyenne de la République, c’est donner à tous la possibilité de s’exprimer sur ce qui relève de l’intérêt général. La mobilisation ne se fera pas sur des décisions venues « d’en haut ». Et la révolution énergétique ne se fera pas sans implication citoyenne. Le référendum est l’outil d’une mise en mouvement du pays – usagers, travailleurs, chercheurs – par le débat collectif et argumenté.

Autre argument pour éviter la consultation populaire : le débat de la présidentielle serait suffisant, et le vote de 2012 ferait office de choix. Mais nous savons tous à quel point le débat est faussé en période électorale ! Et il n’engage le gouvernement que sur un mandat. Or la transition ne se fera pas en 5 ans. Il nous faut des engagements sur le long terme, c’est tout le sens de la planification écologique du Front de Gauche. Avec la 6e république et une assemblée constituante, le référendum permettra également d’inscrire l’énergie comme bien commun dans la Constitution et d’en garantir l’accès pour tous.

Enfin, nous ne sommes pas les seuls au Front de Gauche à défendre cette option. L’appel d’Agir pour l’Environnement pour un référendum sur le nucléaire a recueilli 26.000 signatures, dont celles de C Lepage, D Baupin, M Rivasi ou encore P Mérieu. Et en mai dernier E Joly, D Cohn Bendit, N Hulot et J Bové écrivaient dans Le Monde : « Un référendum, c’est la légitimité d’un débat citoyen qui permet de faire descendre la discussion dans les familles, les cafés, la rue - au lieu de laisser les experts ministériels et les lobbies dans un dialogue plus ou moins médiatisé. (…) Ce référendum doit figurer en priorité dans tout accord final. (…) Sur des sujets autrement plus graves et dangereux que l’identité nationale, il serait bon pour une fois de donner voix à l’expression souveraine et directe des électeurs. »

La situation n’a jamais été aussi propice. Les preuves du dérèglement climatique sont là. Après des années de militantisme de terrain, le drame de Fukushima et le combat contre les gaz de schiste ont achevé de rendre centrale la question de l’énergie. Les sondages indiquent 50 à 70% d’opinions favorables à une sortie progressive du nucléaire. Des collectifs fleurissent partout sur le territoire.

Nous sommes en mesure d’animer ce débat, de faire de ce référendum une vaste campagne d’éducation populaire. Nous avons des arguments, des propositions alternatives comme celles de l’association Negawatt.

Alors osons ! Place au peuple !


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