Nicaragua : La victoire écrasante de Daniel et du FSLN (par Fidel Castro)

mardi 15 novembre 2011.
 

- 3) Lettre de Fidel Castro
- 2) Elections générales au Nicaragua ce 6 novembre 2011 : puissante victoire de la gauche sandiniste
- 1) Elections générales au Nicaragua ce 6 novembre « La majorité des gens vit beaucoup mieux qu’il y a cinq ans »

3) La victoire écrasante de Daniel (Ortega) et du FSLN (par Fidel Castro)

DES élections générales se sont déroulées au Nicaragua le dimanche 6 novembre, et Daniel et le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) y ont remporté une victoire écrasante.

Le hasard a voulu que le quatre-vingt-quatorzième anniversaire de la glorieuse Révolution socialiste soviétique soit tombé le lendemain. Des ouvriers, des paysans et des soldats russes écrivirent des pages indélébiles de l’Histoire, et le nom de Lénine brillera à jamais parmi les hommes et les femmes qui rêvent d’une meilleure destinée pour l’humanité.

Ces questions sont toujours plus complexes, et l’on ne fera jamais assez d’efforts pour éduquer les nouvelles générations. Voilà pourquoi j’ouvre ici un espace pour commenter ce fait, parmi tant d’autres qui surviennent chaque jour sur la planète et dont nous prenons connaissance par des voies toujours plus nombreuses et que nul n’aurait imaginées voilà quelques décennies à peine.

Je dois dire que les élections nicaraguayennes se sont déroulées à la manière bourgeoise traditionnelle qui n’a rien de juste ou d’équitable, puisque les secteurs oligarchiques de nature antinationale et alignées sur l’impérialisme monopolisent la plupart du temps les ressources économiques et publicitaires qui sont en règle générale, surtout sur notre sous-continent, au service des intérêts politiques et militaires de l’Empire, tout ceci ne faisant que mettre en lumière l’ampleur de la victoire sandiniste.

C’est là une vérité que l’on connaît parfaitement dans notre patrie depuis que José Marti tomba à Dos Rios, le 19 mai 1895, pour « empêcher à temps, par l’indépendance de Cuba, que les États-Unis ne s’étendent dans les Antilles et ne s’abattent, avec cette force de plus, sur nos terres d’Amérique ». Je ne me lasserai jamais de le répéter, d’autant que notre peuple a été capable de supporter pendant un demi-siècle le blocus économique rigoureux et les agressions les plus brutales de cet Empire.

Ce n’est pourtant pas la haine qui inspire notre peuple, mais les idées. C’est d’elles qu’est née notre solidarité avec le peuple de Sandino, le Général des hommes libres, dont je lisais les hauts faits avec admiration voilà plus de soixante ans quand j’étais étudiant, sans disposer bien entendu des merveilleuses perspectives culturelles dont bénéficieront dans quelques jours les étudiants d’aujourd’hui qui, aux côtés des lycéens, participeront à ce qui est d’ores et déjà une belle tradition : le Festival universitaire du livre et de la lecture.

La mort héroïque du héros nicaraguayen qui lutta contre les occupants yankees fut toujours une source d’inspiration pour les révolutionnaires cubains. Notre solidarité avec le peuple nicaraguayen, qui s’est exprimée dès les premiers jours de la Révolution du 1er janvier 1959, n’a donc rien d’étonnant.

Le journal Granma nous rappelait hier, 8 novembre, la mort héroïque, en 1976, deux ans et demi avant la victoire, du fondateur du FSLN, Carlos Fonseca Amador, « tayacan vainqueur de la mort », selon les paroles d’une belle chanson écrite à sa mémoire : « Ô fiancé de la patrie rouge et noire, Tout Nicaragua te crie "Présent !" »

Je connais bien Daniel. Il n’a jamais adopté de positions extrémistes et il est resté invariablement fidèle à des principes de base. Chargé de la présidence à partir d’une direction politique collégiale, il s’est caractérisé par son respect des vues des compagnons des autres tendances surgies au sein du sandinisme à un moment donné de la lutte révolutionnaire, devenant ainsi un facteur d’unité entre eux. Il était constamment en contact avec le peuple, ce qui explique la grande ascendance qu’il a prise dans les secteurs les plus modestes du Nicaragua.

La profondeur de la Révolution sandiniste lui gagna la haine de l’oligarchie nationale et de l’impérialisme yankee.

La sale guerre que Reagan et Bush imposèrent au pays et au peuple depuis la Maison-Blanche et l’Agence centrale de renseignement se caractérisa par les crimes les plus atroces.

Ils organisèrent, entraînèrent et équipèrent de nombreuses bandes contre-révolutionnaires ; ils firent du trafic de drogues un instrument permettant de financer la contre-révolution ; ils introduisirent des dizaines de milliers d’armes qui causèrent la mort ou la mutilation de milliers de Nicaraguayens.

Les sandinistes maintinrent les élections au milieu de la bataille injuste qu’ils livraient dans une position désavantageuse. C’était l’époque de l’effondrement du camp socialiste, de la désintégration imminente de l’URSS et du début de la Période spéciale dans notre patrie. Et il leur fut impossible de gagner les élections dans des circonstances si difficiles, bien qu’ils bénéficiassent, selon tous les sondages d’opinion, de l’appui de la majorité du peuple nicaraguayen.

Et celui-ci fut contraint de supporter à nouveau, pendant presque dix-sept ans, des gouvernements corrompus et vendus à l’impérialisme. Les taux de santé, d’alphabétisation et de justice sociale obtenus par les sandinistes commencèrent à chuter douloureusement. Mais les révolutionnaires, sous la conduite de Daniel, continuèrent de lutter durant ces années amères, et le peuple put retourner au pouvoir, bien que dans des conditions extrêmement difficiles qui exigeaient le maximum d’expérience et de sagesse politique.

Cuba était toujours en butte au brutal blocus yankee, à quoi s’ajoutaient les dures conséquences de la Période spéciale et l’hostilité d’un des pires assassins qui aient gouverné les États-Unis, George W. Bush, le fils de celui qui avait déclenché la sale guerre contre le Nicaragua, fait libérer le terroriste Posada Carriles pour le placer à la tête de la distribution d’armes aux contre-révolutionnaires nicaraguayens et gracié Orlando Bosch, l’autre auteur du crime de La Barbade.

Une nouvelle étape démarrait néanmoins dans Notre Amérique grâce à la Révolution bolivarienne au Venezuela et à la montée au pouvoir en Équateur, en Bolivie, au Brésil, en Uruguay, en Argentine et au Paraguay de gouvernements attachés à l’indépendance et à l’intégration des peuples latino-américains.

Je peux dire aussi avec satisfaction que la solidarité politique et sociale de Cuba avec la patrie de Sandino n’a jamais cessé. Et je dois affirmer en toute justice que le Nicaragua a été l’un des pays qui a utilisé le mieux la coopération de Cuba en santé et en éducation.

Les milliers de médecins qui ont prêté service dans ce pays frère héroïque se sentent vraiment stimulés par l’excellente utilisation que les sandinistes ont faite de leurs efforts. On peut en dire autant des milliers de professeurs qui furent envoyés, dans la première phase de cette révolution, dans les montagnes les plus reculées pour apprendre à lire et à écrire aux paysans. De nos jours, les expériences éducationnelles en général et, en particulier, les pratiques de l’expérience médicale découlant de l’École latino-américaine de médecine où se forment des milliers d’excellents médecins, ont été transférées au Nicaragua. Ces réalités constituent un grand stimulant pour notre peuple.

Ces détails que je mentionne ne constituent qu’un exemple des efforts féconds que les révolutionnaires sandinistes consentent pour développer leur patrie.

Le rôle fondamental de Daniel, qui ne s’est jamais écarté du peuple et qui a lutté inlassablement pour son bien-être, explique à mon avis sa victoire écrasante.

C’est aujourd’hui un leader vraiment expérimenté qui a été capable de gérer des situations complexes et difficiles à partir des années où son pays s’est retrouvé à nouveau sous la férule du capitalisme rapace. Il sait gérer intelligemment des problèmes compliqués, sait ce qu’on peut faire ou non, ce qu’on doit faire ou non pour garantir la paix et le développement économique et social soutenu de son pays. Il sait très bien qu’il doit sa victoire écrasante à son peuple héroïque et courageux, qui a largement participé aux élections et dont les deux tiers ont voté pour lui. Il a été capable de se lier étroitement aux ouvriers, aux paysans, aux étudiants, aux jeunes, aux femmes, aux techniciens, aux professions libérales, aux artistes et à l’ensemble des secteurs et des forces progressistes qui soutiennent le pays et le font avancer. Son appel à toutes les forces politiques démocratiques qui sont prêtes à œuvrer pour l’indépendance et pour le développement économique et social du pays est, à mon avis, absolument correct.

Dans notre monde, les problèmes sont extrêmement complexes et difficiles. Mais, tant qu’il durera, nous, les petits pays, nous pouvons et nous devons exercer nos droits à l’indépendance, à la coopération, au développement et à la paix.

2) Elections générales au Nicaragua ce 6 novembre : puissante victoire de la gauche sandiniste

Le dimanche 6 novembre dès 20 heures des dizaines de milliers de nicaraguayens brandissant des drapeaux rouges et noirs ont célébré dans la rue une victoire historique du Front Sandiniste. En cinq ans de gouvernement le président Ortega a en effet quasiment doublé son nombre de voix, recueillant près de 64 %, soit un bond de trente pour cent par rapport á son score de 2006 et un avantage d´environ près de 35 points sur le premier des opposants de droite, Fabio Gadea. Les députés sandinistes obtiennent enfin la majorité à l´assemblée nationale.

Pendant 17 ans les gouvernements néolibéraux successifs que représente Gadea ou Aleman avaient creusé de fortes inégalités et laissé un pays privatisé, pillé par des réseaux transnationaux. La majorité des nicaraguayens exigent aujourd´hui de poursuivre la reconstruction de l´état et d´approfondir des réformes sociales parmi lesquelles on peut citer la gratuité de la santé et de l´éducation, l’analphabétisme réduit de 32 % à 4 % de la population, les titres de propriété octroyés à 140.000 familles ; les plus de 267.000 foyers pauvres qui ont reçu des matériaux pour améliorer leur logement, dont au moins un toit de zinc, la remise de plus de 8.600 logements et l´électrification de156.000 foyers ; les crédits reçus par les paysans, producteurs urbains et femmes chefs de famille pour mettre la terre en culture et initier diverses activités productives ; les microcrédits à très bas taux pour lancer les commerces familiaux (80.000 femmes sont aujourd’hui productrices de lait et de viande, 217.000 femmes ont bénéficié de micro-crédits sans intérêts, 481.537 producteurs agricoles ont obtenu des crédits).

Sans oublier le doublement du salaire minimum et le fait que 152.000 fonctionnaires reçoivent un bon mensuel de 700 cordobas. La crise de l’énergie électrique enfin résolue, la remise sur pied de ENABAS, réseau national de distribution avec ses 4.000 magasins qui vendent les aliments de base à des prix plus favorables que le marché privé.

Dans leur premier communiqué officiel les observateurs de l´OEA déclarent que malgré des problèmes locaux et certains cas de violence, ils n´ont pas détecté d´anomalies significatives qui puissent remettre en cause ce verdict populaire. L´association des experts électoraux latino-américains souligne la participation massive et pacifique, en particulier des jeunes et des femmes, alors que le vote n´est pas obligatoire.

Les résultats définitifs sont visibles sur le site du Conseil Supreme électoral du Nicaragua http://www.cse.gob.ni/md5/res1dippa...

de : Thierry Deronne

http://www.larevolucionvive.org.ve/...

1) Elections générales au Nicaragua ce 6 novembre « La majorité des gens vit beaucoup mieux qu’il y a cinq ans »

Le 6 novembre, des élections générales auront lieu au Nicaragua, pays centraméricain qui suscita dans les années 1980 l’un des mouvements de solidarité internationale les plus actifs dans l’histoire contemporaine. Comme à cette époque, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) continue d’être aujourd’hui l’une des principales forces politiques et son candidat, l’actuel président Daniel Ortega, se représente à l’élection présidentielle. Un scénario particulier où 4 alliances tentent de disputer au parti gouvernemental son hégémonie.

Les derniers sondages pré-électoraux Près de 3 millions de Nicaraguayen-ne-s se rendront, le dimanche 6 novembre, dans les 12’960 bureaux de vote répartis dans tout le pays. Cinq forces politiques se disputent la présidence et la vice-présidence de la République pour les cinq prochaines années, ainsi que les 90 député-e-s de l’Assemblée nationale (pouvoir législatif) et les 20 représentant-e-s du Nicaragua au Parlement centraméricain (PARLACEN).

Selon une étude publiée à mi-octobre par l’institut de sondage « Siglo Nuevo », l’alliance « Unida Nicaragua triunfa », dont le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) représente la colonne vertébrale, remporterait le scrutin par un score écrasant de plus de 58 % des suffrages.

À la seconde place, avec environ 16 % des suffrages, viendrait l’ Unidad Nicaragüense por la Esperanza (UNE) construit sur la base du Parti libéral indépendant, dont le leader est Fabio Gadea Mantilla, homme politique de droite et propriétaire de radio. Son partenaire à la vice-présidence est le dissident sandiniste Edmundo Jarquín, l’un des dirigeants du Mouvement de rénovation sandiniste (MRS).

Plus loin, avec 12 % des suffrages, on trouve l’ex-président Arnoldo Alemán, du « Partido liberal constitucionalista » (Parti libéral constitutionnaliste). Deux autres candidats, également de droite, ferment la marche : le total cumulé de leurs suffrages est estimé à 1,5 %. Les élections seront suivies par des centaines d’observateurs envoyés par l’Organisation des Etats américains (OEA), l’Union européenne (UE), des organisations non-gouvernementales et des institutions internationales privées. Par contre, les représentants de l’ambassade étatsunienne à Managua ont été récusés comme observateurs accrédités (Sergio Ferrari)

Ci-dessous, un entretien avec William Grigsby Vado, militant sandiniste, directeur de la radio La Primerísima et analyste politique réputé en Amérique centrale.

Q : Les derniers sondages pré-électoraux prévoient une victoire commode pour le candidat de l’alliance « Uni, le Nicaragua triomphe » (Unida, Nicaragua Triunfa), l’actuel président Daniel Ortega. Êtes-vous donc d’accord avec ces prévisions ?

Willliam Grigsby Vado (WGV) : La tendance générale prévoit effectivement la victoire électorale de Daniel Ortega. Je pense même qu’il pourrait obtenir une majorité écrasante, ce qui déboucherait pour lui sur une majorité parlementaire de 2/3 (l’Assemblée nationale compte 90 député-e-s). Un résultat qui faciliterait une future réforme de la Constitution. Les quatre autres partis – tous de droite – qui participent aux élections sont conscients de cette tendance, tout comme les grands entrepreneurs et les gouvernements, comme celui des Etats-Unis. Néanmoins, le FSLN ne se fie pas à ce pronostic et ses militants continuent de faire leur travail, de maison en maison, dans toutes les communautés des 153 municipalités des 17 départements et régions du pays. Le verdict final tombera le 6 novembre, lorsque les Nicaraguayens se rendront aux urnes.

Q : L’opposition dénonce ces élections comme illégales. Pour elle, Daniel Ortega n’est pas autorisé à briguer un second mandat successif, vu qu’il avait déjà gouverné dans les années 1980.

WGV : Dans un état de droit, il revient au pouvoir judiciaire de déterminer, en dernière instance si une norme touche les droits fondamentaux d’un ou de plusieurs citoyens. Au Nicaragua, la Cour suprême de justice a décidé que l’on ne peut appliquer l’interdiction de réélection présidentielle à quelqu’un qui a déjà exercé auparavant deux mandats. La Cour a compris qu’empêcher la candidature de Daniel Ortega violerait les principes essentiels de la Constitution, qui priment sur toute autre norme juridique. Le problème, c’est qu’au Nicaragua l’opposition ne se soumet à l’application de la loi et aux sentences judiciaires que si ces dernières lui conviennent. Au final, la légitimité d’un nouveau mandat du candidat sandiniste, en termes politiques, dépendra surtout de la manière dont les citoyens s’exprimeront dans les urnes. Et je pense que le vote sera net.

Q : L’opposition parle du « clientélisme » gouvernemental pour expliquer la possible victoire électorale du sandinisme…

WGV : La majorité des Nicaraguayens savent qu’aujourd’hui ils vivent beaucoup mieux qu’il y a cinq ans. Un seul exemple : dans un pays où 78 % de la population vit avec 2 dollars ou moins par jour, il fallait, jusqu’en janvier 2007, payer l’éducation et la santé. Aujourd’hui, celles-ci sont totalement gratuites. D’autres indicateurs pour la même période : le pays a doublé le montant de ses investissements ; le salaire minimum a aussi doublé ; il y a une croissance de l’emploi ; la crise de l’énergie électrique a été résolue : la couverture de ce service a passé de 56 % à 70 % ; à la campagne, 80.000 femmes sont aujourd’hui productrices de lait et de viande ; 217.000 femmes ont bénéficié de micro-crédits sans intérêts. En outre, l’analphabétisme a été réduit de 32 % à 4 % de la population ; l’Etat a créé un réseau national de distribution des aliments de base, avec 4.000 magasins qui les vendent à des prix plus favorables que le marché privé ; 481.537 producteurs agricoles (de dimensions variables) ont obtenu des crédits. Ajoutons qu’en quatre ans le gouvernement a fourni à l’agriculture des crédits pour un montant de 1.397 millions de dollars. Aujourd’hui, 152.000 fonctionnaires reçoivent un bon mensuel de 700 cordobas (Ndr : à peu près 35 dollars US) comme complément salarial. Voici, parmi beaucoup d’autres, les raisons pour lesquelles je pense que l’électorat plébiscitera massivement le FSLN.

Q : Plusieurs personnalités qui, à l’origine, faisaient partie du Front sandiniste appuient aujourd’hui Fabio Gadea Mantilla, l’un des candidats de la droite. Comment comprendre l’attitude de la dissidence sandiniste ?

WGV : Le Mouvement de renovaton sandiniste (MRS) est aujourd’hui une faction de droite qui a renié le sandinisme et fait partie des forces les plus réactionnaires de la société nicaraguayenne. La majorité de ses militants (pas plus de 150) ont occupé, durant les années 1980, des positions privilégiées comme membres du FSLN. Ensuite, lorsque le FSLN était dans l’opposition, ils se sont consacrés aux affaires. Actuellement le MRS soutient l’Unidad Nicaragüense por la Esperanza (UNE), alliance de droite. Leur motivation actuelle est plus personnelle que politique. Ce secteur hait personnellement Daniel Ortega et recherche une vengeance politique, car il ne contrôle plus le FSLN comme c’était le cas jusqu’en 1994.

Q : L’Amérique centrale vit un moment très particulier de son histoire. L’ancienne guérilla salvadorienne du Front Farabundo Martí de libération nationale gouverne aujourd’hui le Salvador. La résistance hondurienne qui soutient l’ancien président Manuel Zelaya (déposé en juin 2009 par un coup d’état) a démontré sa force, ces derniers mois, et aspire à gagner les prochaines élections. Quel pourrait être l’impact du résultat des élections nicaraguayennes du 6 novembre sur le contexte régional ?

WGV : Historiquement, le Nicaragua a toujours joué un rôle-clé dans toute la région. Ce qui s’y passe influence les cinq autres pays centraméricains. L’intégration économique de ces pays, avec des économies très interdépendantes, prime sur toute divergence idéologique entre les gouvernements, comme cela a été démontré au cours des cinq dernières années. Le FSLN a été un facteur de stabilité et de consensus dans la région, comme en attestent la réaction mondiale au coup d’état militaire de 2009, qui renversa le président Manuel Zelaya, et le retour ultérieur de ce dernier au Honduras. Je le souligne : le sandinisme est un élément qui contribue activement à la stabilité régionale.

Q : En conclusion, l’Amérique latine vit un processus quasi-généralisé de consolidation démocratique avec une prédominance progressiste. Quel est aujourd’hui le rapport entre le vécu du Nicaragua et cette conjoncture régionale ?

WGV : Du XVIIIe au XXe siècle, l’Europe a accouché des changements qui se propagent aujourd’hui dans une grande partie de la planète. Le XXIe siècle est celui de l’Amérique latine. L’Europe ne vieillit pas seulement au niveau de sa population, mais dans le domaine des idées. Elle connaît une crise des paradigmes et des valeurs. Par contre, l’Amérique latine vit une vague de révolutions nationalistes et progressistes qui rompent les moules de l’orthodoxie marxiste ou des révisionnismes sociaux-démocrates. La majorité des pays latino-américains ont commencé à s’engager sur des chemins différents avec une même proposition : en finir avec la pauvreté, impulser le développement et l’équité sociale. Les sandinistes intègrent ce courant de Notre Amérique. Or, en Europe et aux Etats-Unis, le pouvoir fait exactement le contraire. Il cherche à sauver le capitalisme en produisant davantage de pauvres, en approfondissant les différences sociales, en réduisant les tâches de l’Etat et en privilégiant la mafia financière qui dirige ces sociétés. Nous avons pris des chemins antagoniques et seule l’histoire pourra remettre chacun à sa place.

Sergio Ferrari

Traduction Hans-Peter Renk, collaboration journal suisse Le Courrier, et de E-CHANGER, ONG de cooperation solidaire présente et active au Nicaragua


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