"Nous on peut !" Le livre–remède contre l’impuissance et la sinistrose chronique !

vendredi 16 juillet 2021.
 

Le Front de Gauche propose à notre peuple un nouveau paradigme économique en rupture avec l’ancien et dont Jacques Généreux rend compte à sa manière dans son dernier livre : Nous, on peut !

"Nous, on peut !" Le livre–remède contre l’impuissance et la sinistrose chronique !

La crise économique et financière actuelle n’est que la conséquence logique de la mise en place et du développement depuis 30 ans des politiques néolibérales au niveau national et international. Libre échangisme aveugle, mondialisation accompagnée de délocalisations, privatisations programmées des entreprises nationales et des services publics, toute-puissance des banques et des marchés (marquant le passage d’un capitalisme managérial à un capitalisme actionnarial ) provoquent toute une cascade de régressions sociales bien décrites et expliquées par Jacques Généreux dans son ouvrage précédent : La grande régression. Le blocage des salaires, provoquant un endettement de plus en plus important des ménages puis des états, est l’une des causes structurelle de la crise.

Cette crise profonde du système capitaliste devrait conduire nos concitoyens à envisager des transformations économiques, politiques et sociales de grande envergure pour mettre un terme à ce système devenu maintenant totalement régressif (et en passe de devenir répressif) et le remplacer par un système centré sur l’Humain et non sur l’Argent.

Une telle alternative radicale centrée sur l’Humain est pourtant possible : c’est celle proposée par le Front de Gauche et dont les grandes lignes sont exposées dans le programme populaire partagé.

Mais cette force politique profondément transformatrice qu’est le Front de gauche se heurte à une difficulté de taille : celle du découragement et de la résignation de nombreux de nos concitoyens.

Certes les propositions du Front de Gauche, lorsqu’elles ont percé le mur du silence médiatique et qu’elles deviennent connues, peuvent rencontrer un accueil favorable mais provoquent souvent cette réaction : oui vous avez raison, il faut limiter les hauts salaires , mieux répartir la richesse produite, garder la retraite à 60 ans, maîtriser la finance, etc. mais tout ceci est impossible dans la situation d’économie ouverte actuelle et des dettes publiques. Vos propositions manquent de réalisme …Les plus hostiles diront plutôt : Vous êtes démagogues ! Et les plus vulnérables au formatage médiatique : vous êtes populistes ! Evidemment ce type de réaction est le résultat d’un matraquage médiatique libéral journalier multi-supports et multi –cibles dont la plupart des victimes sont pas conscientes.

Remarquons au passage que le mot "réalisme" et l’expression "langage de vérité" sont utilisés souvent dans les discours des journalistes libéraux et des hommes politiques de droite pour qualifier leur propre politique qui est pourtant à l’origine de la crise économique et des inégalités sociales extrêmes actuelles.

Ainsi voit-on des hommes politiques influents de droite qualifier d’irréaliste une augmentation substantielle du SMIC alors que ceux-ci, avec le cumul de leurs rémunérations, ont un revenu mensuel compris entre 15 000 et 30 000 euros. Évidemment on comprend immédiatement que pour ces gens-là, réalisme signifie accepter la réalité de l’ordre social existant et surtout ne pas le changer. Vouloir le transformer en profondeur, c’est alors être irréaliste ! Quant au "langage de vérité", c’est celui de ceux qui se placent en observateurs extérieurs à la crise alors qu’ils en sont les auteurs. Beau langage de vérité que celui des incendiaires qui se revêtent de l’habit mystificateur de pompier !

Un deuxième ressort de ce découragement est la perte de crédibilité des hommes politiques qu’ils soient de gauche comme de droite. Rappelons quelques faits. Côté gauche : l’échec de la gauche plurielle à résoudre le douloureux problème du chômage et le ralliement du PS à une économie de marché non régulée. Côté droite : promesses électorales nombreuses non tenues, absence d’Europe sociale harmonisée par le haut, différentes affaires de corruption et paradis fiscaux toujours aussi florissants, etc. Observons en revanche ici que cette perte de crédibilité ne repose pas sur un conditionnement médiatique mais sur une réalité politique. Dans un tel contexte, la réaction de certains de nos concitoyens aux propositions du Front de Gauche peut-être de ce genre : Mélenchon parle bien mais il n’est pas crédible, d’autant qu’il a participé à un gouvernement de la gauche plurielle qui a privatisé et n’a pas su résoudre les problèmes de sécurité. On a vu comment marine Le Pen exploite cette réaction.

Enfin, le Front de Gauche se heurte auprès de certains économistes et intellectuels qui pourraient être favorables à certaines de ses thèses économiques, à une résistance au changement de paradigme économique dans le champ disciplinaire scolaire et universitaires appelé "sciences économiques et sociales". Nous nous inspirerons ici de la démarche de Thomas S. Kuhn lorsqu’il aborde le problème du changement de paradigme dans les périodes de crise des théories scientifiques existantes devenues inopérantes . Le lecteur trouvera ici en annexe un extrait du chapitre VII de son livre : "La structure des révolutions scientifiques", chapitre intitulé : "Réponse à la crise" (il s’agit ici de crise dans le développement des théories scientifiques.

Quel est le paradigme actuellement dominant en économie ? Evidemment celui d’un libéralisme fondé sur le libre-échange, la concurrence libre et non faussée des marchés, tant des produits matériels que des produits financiers, fondé sur un État essentiellement régalien et assurant un minimum de protection sociale. Bref, un paradigme fondé sur une économie de marché ouvert.

La mise en œuvre des préceptes de ce paradigme conduit à des échecs répétés (voir la multiplicité des crises financières depuis 1990 sur le plan international), des solutions inefficaces (voir les mesures libérales prises pour résoudre la crise grecque), des atteintes graves contre l’environnement et l’écosystème (pollutions massives accompagnées de gaspillage de matières premières, catastrophes nucléaires,…). Mais cela n’empêche pas la persévérance d’un certain nombre d’économistes et d’hommes politiques dans leurs erreurs d’analyse et de traitement.

On peut invoquer comme raisons : le cynisme, l’incompétence, l’aveuglement idéologique, la cupidité, la dépendance ou la servilité des experts envers les puissants, etc. Ces explications souvent avancées peuvent s’avérer exactes selon les cas examinés. Mais elles ne peuvent pas tout expliquer dans cette résistance au changement de paradigme économique.

L’Histoire nous apprend, que même dans le domaine des sciences dites exactes, où les théories élaborées sont beaucoup plus rigoureuses et exigeantes que dans les "sciences économiques", le changement de paradigme se heurte auprès des scientifiques à des résistances considérables.

Il ne suffit pas qu’une théorie attachée à un paradigme s’avère remise en cause par les faits pour que les scientifiques décident de changer de paradigme et d’en adopter un autre. (Lire l’annexe en fin de texte). On peut imaginer facilement qu’un changement de paradigme dans la pensée économique se heurte à des résistances encore plus considérables de la part des économistes en raison de facteurs supplémentaires : idéologie, réseaux de pouvoirs, impacts électoraux, etc.

Or, c’est précisément un changement de paradigme économique, que propose le Front de Gauche. Il propose celui de la planification écologique fondée sur l’économie réelle et non sur la virtualité financière, sur un échange régulé et contrôlé des produit matériels et financiers, sur un État social protecteur assurant la sécurité des biens et des personnes, fondée sur la coopération et non sur la compétition entre les entreprises et entre les états, fondée sur un secteur public puissant prenant des formes variées : sociétés nationales, mutuelles, entreprises coopératives, etc. Les lois de la démocratie se substituent alors aux lois du marché.

Certes, la résistance couramment avancée à ce changement de paradigme est qu’il remet en cause les privilèges de la classe sociale dominante et qu’il repose sur un partage juste des richesses produites remettant en cause ordre social inégalitaires établi. Mais cette explication ne saurait suffire : le changement proposé par le Front de Gauche est un véritable changement de paradigme économique qui nécessite une remise en cause totale des représentations mentales antérieures. Et cela occasionne toujours des résistances représentationnelles fortes même de la part de ceux qui ne sont pas corrompus par le pouvoir et qui ne sont pas hostiles à un certain progrès social.

Eh bien, c’est précisément contre ce découragement, ce fatalisme, cette incrédulité et cette résistance au changement de système et de paradigme que s’attaque Jacques Généreux dans son livre : "Nous on peut !", et en disant cela, on n’est pas irréalistes ! C’est donc un livre contre l’impuissance à vouloir transformer le monde ! Un livre contre la résignation !

Il constitue un ouvrage incontournable pour qui s’intéresse aux propositions du Front de Gauche exposées dans le programme populaire partagé, intitulé aussi : l’Humain d’abord !

Je rappelle que Jacques Généreux, depuis fort longtemps, a toujours placé l’humain au centre de l’économie "La seule finalité légitime de l’économie est la qualité de vie des femmes et des hommes, à commencer par celle des plus démunis. La satisfaction équitable des aspirations humaines pas seulement celles qui procurent les consommations marchandes. Mais l’ensemble des aspirations échappant à toute évaluation monétaire :dignité, paix, sécurité, liberté, éducation, santé, qualité de l’environnement, bien-être des générations futures.Un système économique pleinement efficace n’est pas seulement celui qui garantit l’absence de gaspillage des ressources dans la production des biens, mais aussi celui qui satisfait au mieux l’ensemble des exigences de l’humanité, à commencer par l’exigence de justice." ( Pour une vision humaine de l’économie. Conversation avec Jacques Généreux. http://e-south.blog.lemonde.fr/2007... )

Il a toujours été fidèle à cette vision de l’économie. Cet humanisme devrait faire que cet ouvrage clair comme de roche (non polluée) soit lu et apprécié par des lecteurs dont les convictions philosophiques, politiques et religieuses sont variées. Ce n’est évidemment pas un livre réservé exclusivement à la lecture des sympathisants du Front de Gauche ! Il s’adresse surtout aux incrédules !

Le lecteur trouvera des solutions réalistes aux problèmes économiques, financiers et sociaux qui frappent actuellement notre pays et plus largement l’Europe : résolution de la dette publique, maîtrise du secteur bancaire, politique économique et monétaire européenne, etc.

On peut se reporter à la table des matières d’ouvrages à : http://jacquesgenereux.fr/bio_bibli...

On peut aussi trouver dans ce livre des idées a priori insolites : contrairement à une idée reçue, "la politique gouverne toujours l’économie" (titre du chapitre 2). En effet, on entend souvent dire : ce sont les marchés, les actionnaires, les banques, les agences de notation qui donnent le LA et même le triple A de la politique. Jacques généreux explique, qu’en réalité, s’il en est ainsi, c’est que les responsables politiques le veulent bien et qu’ils ont même pris les dispositions économiques, administratives et politiques pour cette situation soit telle qu’elle est ! De fait, ce sont les peuples qui ont été dépossédés de la politique et ont perdu le pouvoir sur l’économie. Il s’agit donc d’une neutralisation du pouvoir démocratique.

Autre idée reçue remise en cause par Jacques Généreux : les libéraux voudraient limiter au maximum le pouvoir de l’État. Faux ! Au contraire, les libéraux utilisent l’État non pour servir prioritairement l’intérêt général mais pour se mettre au service des intérêts privés. L’appareil d’État permet d’élaborer des règlements favorables aux gros possédants telles, par exemple, des réglementations fiscales ou bancaires.

Certes, il serait réducteur de considérer l’État comme "simple exercice de la violence d’une classe sur une autre" comme l’affirmaient les marxistes du XIXe siècle, mais force est de constater que cette affirmation est de plus en plus vraie depuis ces 20 dernières années de néolibéralisme. La politique de l’État-providence des 30 glorieuses semblait avoir mis au placard de l’Histoire cette définition de l’État.

Jacques Généreux nous montre que l’on assiste progressivement à ce que l’on pourrait appeler une véritable "privatisation de l’État" par les néolibéraux. On pourrait reprendre à cet égard une expression de Patrick Artus (concernant une étude démontrant la nécessité d’un taux de chômage élevé pour diminuer la part salariale dans le PIB : http://hussonet.free.fr/marx2fr.pdf ) : "Karl Marx is back". Voici donc deux idées extraites de cet ouvrage qui montrent que celui-ci peut aussi réserver des surprises à ceux qui pensent avoir tout compris : ce qui ne gâte rien !

Hervé Debonrivage

Annexe. La structure des révolutions scientifiques de Kuhn. Éditions Champs Flammarion. P.114 à 116

"Admettons donc que les crises sont une condition préalable et nécessaire de l’apparition de nouvelles théories et demandons-nous maintenant comment les scientifiques réagissent en leur présence. Une partie, aussi évidente qu’importante, de la réponse, est de remarquer d’abord ce que les scientifiques ne font pas, même en face d’anomalies graves et durables. Bien qu’ils commencent peut-être à perdre leurs convictions et à envisager d’autres théories, ils ne renoncent pas au paradigme qui les a menés à la crise. J’entends par là qu’ils ne considèrent pas ces anomalies comme des preuves contraires, bien que ce soit là leur véritable nature en termes de philosophie des sciences. Cette généralisation - qui s’appuie sur I’Histoire, sur les exemples que nous avons donnés plus haut ou que nous donnerons ci-dessous - laisse déjà entrevoir ce que nous constaterons avec plus de précision en étudiant le rejet du paradigme : une fois qu’elle a rang de paradigme, une théorie scientifique ne sera déclarée sans valeur que si une théorie concurrente est prête à prendre sa place. L’étude historique du développement scientifique ne révèle aucun processus ressemblant à la démarche méthodologique qui consiste à « falsifier » une théorie au moyen d’une comparaison directe avec la nature. Ce qui ne veut pas dire que les scientifiques ne rejettent pas les théories scientifiques, ou que l’expérience et l’expérimentation ne soient pas essentielles dans le processus qui les y invite. Mais ce point est capital : l’acte de jugement qui conduit les savants à rejeter une théorie antérieurement acceptée est toujours fondé sur quelque chose de plus qu’une comparaison de cette théorie avec l’univers ambiant. Décider de rejeter un paradigme est toujours simultanément décider d’en accepter un autre, et le jugement qui aboutit à cette décision implique une comparaison des deux paradigmes par rapport à la nature et aussi de l’un par rapport à l’autre. Une seconde raison incite à douter que les scientifiques rejettent un paradigme simplement parce qu’ils se trouvent en face d’anomalies ou de preuves contraires. Et en le développant, l’une des thèses essentielles de cet essai apparaîtra d’elle-même. Les motifs de doute scientifique indiqués plus haut étaient purement relatifs à des faits ; il s’agissait de preuves infirmant une théorie épistémologique généralement admise. En tant que telles, si mon raisonnement est correct) elles peuvent tout au plus contribuer à créer une crise ou, plus exactement, augmenter l’intensité d’une crise déjà existante. En soi, elles ne prouveront pas, elles ne pourront pas prouver la fausseté de cette théorie philosophique, car ses adeptes feront ce que nous avons vu faire aux savants face à une anomalie : ils élaboreront de nouvelles versions et des remaniements ad hoc de leur théorie afin d’éliminer tout conflit apparent. Si donc ces preuves épistémologiques contraires doivent en arriver à être plus qu’une source mineure d’agacement, ce sera parce qu’elles contribuent à permettre l’apparition d’une analyse scientifique nouvelle et différente, au sein de laquelle elles ne seront plus une cause de difficulté. D’ailleurs, s’il est possible d’appliquer ici un schéma typique que nous observerons plus tard dans les révolutions scientifiques, ces anomalies n’apparaîtront plus alors comme de simples faits. Sous l’angle d’une nouvelle théorie de la connaissance scientifique, il y a de fortes chances pour qu’elles apparaissent comme des tautologies, expressions de situations que l’on n’aurait pu concevoir différentes."


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