Tunisie Chaîne télé attaquée par des islamistes pour avoir diffusé Persepolis

mardi 11 octobre 2011.
 

Le siège de la télévision privée tunisienne Nessma a été pris d’assaut par près de 300 salafistes, dimanche 9 octobre, en raison de la diffusion, vendredi, du film Persepolis et d’un débat sur l’intégrisme religieux. "Les salafistes, rejoints ensuite par une centaine d’autres personnes, se sont dirigées vers Nessma pour attaquer la chaîne. Les forces de l’ordre sont intervenues et ont dispersé les assaillants", a annoncé le ministère de l’intérieur.

"Après la diffusion de Persepolis il y a eu des appels sur Facebook à brûler Nessma et à tuer les journalistes, a raconté le président de la chaîne, Nebil Karoui. Nous sommes habitués aux menaces mais ce qui est grave c’est que cette fois-ci ils sont passés aux actes. Nessma est la chaîne moderniste du Maghreb, on ne se laissera pas intimider et nous continuerons à diffuser les films qu’on veut. On n’a pas chassé une dictature pour revenir à une autre"

La police protège désormais le siège de la chaîne. Plusieurs journalistes de Nessma ont fait part de leur vive inquiétude, certains craignant que les autres locaux de la chaîne en région soient également ciblés.

Cette attaque menée par des intégristes intervient au lendemain de l’invasion par des hommes armés de la faculté de lettre de Sousse, après le refus d’inscription d’une étudiante en niqab.

A 15 JOURS DES ÉLECTIONS

Pour une cadre de la chaîne, citée anonymement par l’AFP, cette attaque doit inciter les Tunisiens à se rendre aux urnes. "J’espère que ce genre d’événement va pousser les citoyens indécis à aller voter le 23 octobre, car le danger (intégriste) est imminent", a-t-elle ajouté. Il s’agira du premier scrutin en Tunisie depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier. Les Tunisiens sont appelés à élire une assemblée constituante, un scrutin où les islamistes d’Ennahda sont considérés comme les grands favoris.

Le parti Ennahda s’était publiquement démarqué des salafistes – dont le parti Tahrir n’a pas été légalisé – après l’attaque, fin juillet, d’un cinéma de Tunis qui avait diffusé un film de Nadia El-Fani sur la laïcité. Dimanche, un de ses responsables a condamné cette nouvelle attaque. "On ne peut que condamner ce genre d’incident. Il ne faut pas brouiller les cartes et les gens doivent garder leur calme. Si les gens ont des critiques à faire contre Nessma, ils doivent s’exprimer dans la presse, pas utiliser la violence", a dit Samir Dilou, membre du bureau politique d’Ennahda, qualifiant ces attaques "d’actes isolés".

Une manifestation contre l’interdiction du voile intégral chez les femmes à l’université a donné lieu, dimanche, à des affrontements à Tunis entre policiers et manifestants islamistes. Quant à Persepolis, dont c’était la première diffusion en arabe dialectal tunisien, il sera à nouveau à l’antenne de Nessma mardi soir.


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