Sur la primaire socialiste : bravo Arnaud Montebourg !

vendredi 14 octobre 2011.
 

Avec 2 millions de participants à leur primaire, à l’heure où j’écris ces lignes, peut-être plus (2,5 millions ?) les socialistes ont réussi leur opération. Mais, la vraie surprise c’est le score d’Arnaud Montebourg : 17,2 % ! La troisième position. Bravo à lui et à ceux qui ont voté pour ses idées !

Cela démontre de façon éclatante une grande disponibilité dans l’électorat socialiste pour de belles propositions, nos idées : des ruptures radicales, la lutte contre la mondialisation libérale et le partage des richesses. Je m’en réjouis. Ce résultat est logique. C’est Montebourg et les thèmes qu’il a porté qui auront vraiment politisé ces six semaines de débats. Sans eux, ces primaires furent un échec. Cela s’est vu plusieurs fois sur le terrain. Son accueil lors de la Fête de l’Humanité lorsque Montebourg nous a rendu visite était symptomatique. C’est lui qui a illustré un lien, durant les débats entre les 6 candidats, avec ce que nous représentons. Il en a été récompensé car il a fait de la po-li-ti-que. Qu’on se le dise, être de gauche, cela paye !

Autre illustration : avec 40 500 exemplaires de son livre « Votez pour la démondialisation » qui ont été vendus Montebourg écrase François Hollande qui lui n’a vendu que 3 800 du sien « Le rêve français » et Martine Aubry 10 000 exemplaires de son « Pour changer de civilisation ». Tout cela démontre un certain climat qui flotte dans le pays. J’insiste donc. Le score de Montebourg est un signe supplémentaire du succès de nos idées communes. Le fond de l’air est rouge ! Au passage à propos de livre, je rappelle que c’est celui de Jean-Luc Mélenchon qui surnage nettement au dessus du lot de tous avec près de 70 000 exemplaires de « Qu’ils s’en aillent tous ! ». Cela devrait faire réflechir ceux qui sont hésitants.

Réjouissons-nous. Le score de Montebourg ce soir est donc un succès indirect du Front de gauche ! La VIe République, la planification écologique, la bataille pour juguler la finance, en finir avec l’Europe libérale, c’est le Front de Gauche !

Pour le reste, concernant le deuxième tour, ce sera l’ancien Premier secrétaire du PS (38,9 %) contre la nouvelle (30 %), voilà le match de dimanche prochain. Classique et attendu. Et si finalement, l’autre surprise sur ce point, c’est qu’il n’y a pas de surprise. De plus, cette semaine risque d’être très difficile entre Martine Aubry et François Hollande. L’affrontement va être rude, âpre, rugueux. Je crois fini le temps des échanges courtois. Nous verrons…

Avec plus de 2 millions de participants, les socialistes ont évité l’échec qu’ils auraient pu craindre il y a quelques mois. Ils s’en sont donnés les moyens matériels et financiers. Nul ne doit oublier que le seul budget utilisé pour la primaire socialiste est de 3 millions d’euros, soit celui dont le Front de Gauche disposera pour toute la campagne électorale jusqu’à avril 2012. Ceci explique un peu cela. Plus de 2 millions de participants ce n’est bien sûr pas négligeable, mais faut-il rappeler que le système institutionnel de la Ve république (avec lequel 5 candidats sur 6 à la primaire propose de continuer) offre au PS la quasi-totalité de la représentation parlementaire de l’opposition, 21 Régions sur 22, la majorité des municipalités des grandes villes, la présidence du Sénat, etc… donc la participation fut significative, mais par rapport à la force de frappe actuelle et les positions électorales dont dispose le PS c’est un résultat logique.

5 millions de personnes avaient regardé les débats de la primaire à la TV et moins de la moitié ont fait le choix de se déplacer aujourd’hui. L’envie de chasser Sarkozy est forte. Ceci en est une nouvelle illustration, mais il en est d’autres : les mobilisations sociales, la dynamique du Front de gauche, etc.

Toutefois, je rappelle qu’il y a plus de 44 millions d’électeurs. C’est à eux qu’il faudra s’adresser demain.

Certains socialistes affirment au soir de ces primaires : « Désormais, plus rien ne sera comme avant ! ». Vraiment ? J’en conviens, après la faillite de l’affaire DSK, les socialistes ont amélioré leur image dans une fraction du peuple de gauche. Tant mieux. Il n’est pas bon que la gauche soit assimilée à une telle mésaventure sordide. Mais après ? Cela durera combien de temps ? L’effondrement vertigineux de Ségolène Royal, qui avait tout balayé en 2006 lors de la désignation socialiste, démontre la fragilité de ce genre de victoire. Nous vivons l’heure des changements brutaux et rapides. Aucun dirigeant socialiste ne dispose d’un socle solide et réellement profondn contrairement aux apparences de ce soir. Un choc peut tout faire effondrer. Les vainqueurs du jour devraient s’en souvenir. Les électeurs de gauche ne sont la propriété de personne.

Désormais, de quelles manières les rapports de forces internes à la mouvance socialiste exprimés ce dimanche vont se reporter sur la suite ? Mystère.

Car je reviens à la grande surprise du soir, c’est-à-dire le bon score réalisé par Arnaud Montebourg. Il le mérite. C’est lui qui a politisé ces primaires (et aussi Manuel Valls à sa manière). Mais, cela aura quelle conséquence à l’avenir ? Du point de vue de la représentation politique de la « ligne Montebourg » qu’en sera-t-il demain ? Un exemple. A part Christiane Taubira, députée PRG de Guyane, seuls deux députés socialistes ont fait le choix de soutenir Montebourg alors que le groupe socialiste en comprend 149 à l’Assemblée nationale, c’est-à-dire 2,6 % ! N’est-ce pas l’expression flagrante d’un décalage avec leur électorat et les attentes du peuple de gauche ?

Je prends un autre exemple pour illustrer cela. Là où je milite, dans le 12e arrondissement de Paris, le Maire de Paris Bertrand Delanoë, les deux députés, la Maire d’arrondissement et la quasi-totalité des élus socialistes et le secrétaire de section ont tous appelé à voter Aubry. François Hollande n’avait aucun supporter et Montebourg quasiment rien. A l’arrivée, voilà le score dans le 12e, : Martine Aubry obtient 36 %, François Hollande 33 % et Arnaud Montebourg 18 % ! Cela aura-t-il une conséquence sur l’avenir ? Les rapports de force vont-ils changer au sein du PS local ? Et ailleurs en France ? J’en doute.

Mais, sinon, à quoi sert cette consultation ? Visait-elle seulement à désigner un candidat(e) en faisant fi du fond, du débat politique ? Je pense que cette primaire signifie la mort du PS dans sa dimension militante… Que va-t-il naître demain ? Un « monstre politique » aux contours encore floues est en train de poindre. Ceux qui se réjouissent ce soir, en ont-ils mesuré toutes les conséquences ? Pas sûr.

Autre victime de la soirée : les instituts de sondages. Les résultats de cette primaire démontrent qu’il ne faut pas écouter les sondages, il faut d’abord et avant tout voter pour ses idées. Sans calculs ni arrières pensées en refusant les pseudos "vote utile". C’est une bonne nouvelle !

Plus que jamais, ma conviction est que seul le candidat du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle et ceux qui seront candidats lors des élections législatives peuvent permettre de redonner de la clarté au débat, ils seront la voix des sympathisants socialistes qui ont votés Montebourg et beaucoup d’autres. Le résultat de ce soir nous conforte. Car soyons clair : les primaires passent, le Front de gauche reste et l’élection présidentielle c’est en avril 2012 ! Vous avez aimé Montebourg ? Vous adorerez le Front de gauche !


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