Victoire des raffineurs chez LyondellBasell à Berre

jeudi 20 octobre 2011.
 

3) Victoire raffinée pour les raffineurs de Berre

Il aura quand même fallu une dizaine de jours de blocage de sites, de manifestations les plus diverses de solidarité syndicale (occupation de voies ferrées, opérations escargots, manifestation de la CGT chimie devant les Dépôts pétroliers de Fos) et de soutiens politiques (François Hollande, Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon) pour que la direction américaine de LyondellBasell Industry (LBI) se rende à la raison  : on ne démolit pas, comme le clamait le délégué CGT et porte-parole de l’intersyndicale, Patrick Sciurca, un demi-siècle d’histoire d’une raffinerie de l’importance de celle de Berre-l’Étang, après une négociation bâclée avec d’éventuels repreneurs.

Il n’aura donc fallu que quelques secondes, samedi, pour que les six cents salariés, réunis une nouvelle fois en assemblée générale, comprennent tout le sens des paroles de leurs délégués, sortant tout juste de négociation entre l’intersyndicale et la direction du groupe, et votent dans un relatif enthousiasme le déblocage du site et la reprise globale du travail. C’est une première et belle victoire qu’ils décrochent en obtenant le redémarrage de la raffinerie jusqu’à fin décembre, la promesse qu’aucun licenciement n’interviendrait jusqu’à fin mars 2012, ainsi qu’à partir de janvier 2012, le nettoyage et la sécurisation des installations mises à l’arrêt mais susceptibles de redémarrer à tout moment pendant une période pouvant aller jusqu’à fin 2013. En résumé, un sursis de plusieurs mois qui devrait être mis à profit par la direction de LBI pour trouver une solution alternative à la fermeture.

Avouant son impuissance au début du conflit, en réponse à une question d’actualité du groupe communiste à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Industrie, Éric Besson, se disait tout à coup, hier, « mobilisé pour que l’avenir du site de Berre soit assuré », tout en se félicitant de cet accord entre syndicats et patronat. Accord qui, pour le PCF, démontre bien « qu’il n’y a pas de fatalité à la casse industrielle et à la destruction de l’emploi par les logiques financières ». Accord dont le contenu, selon son secrétaire départemental Pierre Dharréville, pourrait inspirer dans ces mêmes Bouches-du-Rhône… la direction du groupe Unilever, quant à l’avenir de Fralib à Gémenos.

Le ministre Besson s’engage

Dans un communiqué, la direction de la compagnie américaine LyondellBasell s’est félicitée d’être parvenue à un « accord, appelé de (ses) vœux ». Le ministre de l’Industrie, Éric Besson, 
a demandé quant à lui à la direction « de présenter dans 
les meilleurs délais un programme clair d’investissements permettant d’assurer la pérennité de l’activité et de l’emploi ».

Philippe Jérôme

2) A Berre, La grève dure... dure

Chez LyondellBasell, les grévistes ont reconduit leur mouvement. Persuadés que, s’ils laissent passer la fermeture de la raffinerie, tout le site pétrochimique est rapidement condamné .

Berre-l’Étang (Bouches-du-Rhône),envoyé spécial.L a grève dure… dure. C’est une forêt de bras qui se lèvent, touffue, compacte, impénétrable. Qui vote pour reconduire le mouvement pour vingt-quatre heures  ? Tous, ils s’affichent dans le même camp, celui de la lutte donc, et avec détermination. Depuis l’annonce, mardi matin, du projet de fermeture de leur raffinerie, les 800 à 900 grévistes de la plate-forme pétrochimique LyondellBasell à Berre-l’Étang (Bouches-du-Rhône) présents jeudi midi à l’assemblée générale quotidienne parlent d’une seule voix et agissent en chœur.

Quand un des ouvriers, portant sur ses épaules une jeune Marianne avec un grand drapeau français, tente d’entraîner cette foule à entonner la Marseillaise, ça ne prend guère, mais les ouvriers répondent, simples, directs  : « Tous ensemble, tous ensemble, ouais  ! »

Logiques financières et anti-industrielles

La direction de la multinationale américaine, qui avait racheté le complexe à Shell en 2008, leur propose de fermer la raffinerie (300 salariés), présentée comme déficitaire, tout en gardant les activités pétrochimiques (900 salariés) les plus rentables sur son site provençal. Mais pas question de se diviser  : les salariés de LyondellBasell ont l’air de le savoir tous, c’est leurs métiers eux-mêmes qui le leur enseignent  : dans une branche aussi interconnectée que celle du pétrole, l’effet domino d’une fermeture de la raffinerie risque d’être énorme pour tout leur site, mais aussi pour toute l’industrie de la région et le port de Marseille. « Nous demandons une étude de viabilité économique du site, avec et sans la raffinerie », indique Fabien Astier, secrétaire CGT du comité d’entreprise.

Hier matin, des syndicalistes CGT d’Arkema, à Fos-sur-Mer, sont venus, au-delà du geste solidaire, rappeler cette évidence qu’engoncés dans leurs logiques purement financières et anti-industrielles, les dirigeants de LyondellBasell paraissent avoir oublié  : avec l’arrêt total des flux dans les pipelines alimentés par le site de Berre-l’Étang, organisé par les grévistes, leur vapocraqueur est à l’arrêt  ; dans les jours qui viennent, ils lanceront une procédure de droit d’alerte afin de connaître les conséquences potentielles d’une fermeture de la raffinerie sur leurs propres activités. « On a beaucoup de pipelines utilisés en commun sur tout le département », confirme Jean-Pierre Bourrelly, délégué CFDT chez LyondellBasell.

Alors que, ce vendredi, les syndicalistes des quatre raffineries des Bouches-du-Rhône tenteront de coordonner leurs actions, Gérald Autechaud, syndicaliste préretraité du site pétrochimique et responsable du PCF dans le secteur de Berre-Rognac, se réjouit de voir « ce mouvement qui n’est pas de la simple solidarité avec les pauvres menacés de licenciements chez LyondellBasell, mais qui comprend que c’est une attaque en règle contre toute la filière pétrole »… Mais, évidemment, c’est sur le site de Berre que les craintes sont les plus vives, et la colère plus grande. « On n’a aucune idée de ce que deviendra notre site pétrochimique sans la raffinerie intégrée, s’insurge Patrick Sciurca, délégué CGT au comité européen et porte-parole de l’intersyndicale, à l’issue de l’AG. La direction l’admet elle-même en quelque sorte puisque, dans un rapport qu’elle avait commandé au plus gros cabinet mondial spécialisé dans la pétrochimie, McKinsey, les experts concluent eux-mêmes qu’en cas de fermeture de la raffinerie, on affaiblirait la rentabilité de toute la partie aval (les activités pétrochimiques avec les polypropylènes et polyéthylènes – NDLR). » Un peu plus tard, de l’autre côté du site, sur l’un des huit piquets que tiennent les grévistes jour et nuit, Rémi Patron, délégué CGC, croque dans un sandwich, en rigolant au cœur de ce mouvement inédit pour son syndicat  : « En étant aussi irresponsable, la direction nous facilite les choses, argue-t-il. Vouloir fermer la raffinerie sans être capable d’avancer la moindre perspective d’avenir pour le reste du site, c’est proprement scandaleux et ça met tout le monde dehors  ! » à quelques mètres, un des jeunes ouvriers porte un tee-shirt à la gloire de l’OM  : « À nous la victoire  ! » Tous ensemble, ouais !

Une politique anti-industrielle

« On a conclu une table ronde nationale sur le raffinage il y a trois mois et, comme résultat, c’est pas terrible, se désole Patrick Sciurca, porte-parole de l’intersyndicale CGT, CFDT, CGC, CFTC, FO de LyondellBasell. Pendant que les patrons du pétrole tapent comme des bêtes en dénonçant une rentabilité trop faible en France, le gouvernement ne propose que d’accompagner les restructurations. Or, d’autres choix sont possibles  : on se lamente sur les “surcapacités” en France, alors qu’au même moment, les grands groupes travaillent à l’implantation d’un dépôt d’importation à Fos-sur-Mer d’une capacité de 20 millions de tonnes par an, l’équivalent de la production de trois raffineries.  »

Thomas Lemahieu

1) La raffinerie de Berre menacée de fermeture

Après Total à Dunkerque en 2010 et Petroplus à Reichstett (Bas-Rhin) en juin dernier c’est au tour de la raffinerie LyondellBasell de Berre.

Ils décident purement et simplement de fermer, au seul prétexte que les résultats se sont "révélés inférieurs aux projections faites à l’époque de l’acquisition en 2008"

C’est l’histoire d’un petit groupe d’individus aux costumes de belles coupes, autour d’une table de bois luxueux, assis dans des fauteuils du meilleur cuir qui décident du poids que devraient faire leurs portefeuilles et constatant qu’il y manque quelques grammes demandent a des centaines d’autres de se sacrifier.

Les conséquences de cette décision vont être dramatiques pour le tissu industriel et économique de la région.

Nous sommes tous touchés, les entreprises cotraitantes, les communes, les services publics, les commerçants et artisans, tous ceux qui de près ou de loin vivent de cette activité industrielle.

Nous proposons la création avec tous ceux qui le souhaitent, associations, commerçants, salariés cotraitants et citoyens, la création d’un collectif populaire de défense de la raffinerie et de l’industrie.

Nous prendrons très prochainement des dispositions pour organiser une première rencontre et décider tous ensemble des initiatives à prendre pour faire barrage à ce projet funeste.

Depuis 1929 des générations de salariés se succèdent dans cette raffinerie et y créent ses richesses ! Nous affirmons qu’elle appartient plus au peuple qu’à cette poignée de profiteurs aux logiques dévastatrices.

Nous proposons de lancer une pétition au niveau local, régional et national pour demander :

1 Puisque l’objectif de LyondellBasell est de fermer la raffinerie, nous demandons que l’état devienne propriétaire de l’entreprise ouvrant ainsi la voie à la création d’un pôle public national de l’énergie.

2 Le gel de toutes subventions que l’entreprise touche (agence de l’eau, CRAM et autres..) ainsi que le remboursement immédiat des aides publiques liées aux différents plans sociaux qu’elle a mis en œuvre dans son site de la feuillane a FOS (fermé depuis) et dans son site de FOS CABAN.

« Il est grand temps que tous ceux qui vivent de leur travail se soulèvent, se battent contre cette vision du monde pour enfin le transformer en un monde meilleur où l’homme retrouve toute sa place, où la création de richesses par le travail soit enfin reconnue et valorisée ! "

SIGNEZ LA PETITION en cliquant sur l’adresse URL portée en source de cette page

1) Berre-l’Étang Explosion de colère à la raffinerie

La multinationale américaine LyondellBasell a décidé de sacrifier son unité de raffinage des Bouches-du-Rhône alors qu’elle était en vente depuis mai dernier. À l’unanimité, les salariés entament une « grève dure » pour 48 heures, au moins.

Figé par la colère

Hier après-midi, tout le site pétrochimique LyondellBasell, implanté sur les rives de l’étang de Berre (Bouches-du-Rhône), a stoppé net son activité. L’AG intersyndicale qui s’est tenue à midi s’est achevée sur la décision de lancer une « grève dure » d’au moins 48 heures, soutenue par 100% du personnel. Disséminés sur le site, les grévistes ont cadenassé les huit portes d’entrée. Conséquence de l’annonce de la fermeture de la raffinerie de pétrole par le groupe américain, le matin même. Depuis jeudi dernier, jour où les salariés ont reçu une convocation pour un comité d’entreprise extraordinaire, cette option occupait l’esprit des salariés. Elle a été confirmée hier par la direction qui déplore le manque de rentabilité de l’entité.

Écran de fumée sur la vente

Cette décision conclut brutalement la période de mise en vente lancée au mois de mai dernier par le groupe LyondellBasell. « Durant la mise en vente, nous avons été tenus au courant des groupes potentiellement intéressés pour la reprise, dévoile Fabien Astier, délégué CGT sur le site. Aucune information inquiétante n’a été communiquée mais nous avions des doutes. » Pour le moment aucun calendrier de fermeture n’est connu. « Une unité comme celle-là ne s’arrête pas en quelques mois, continue le syndicaliste, mais le groupe souhaite que le processus aille vite. » Selon lui, LyondellBasell aimerait que la décision soit effective dès le mois de février 2012, période où le groupe présente ses résultats aux actionnaires. « Nos directeurs se comportent en actionnaires responsables, ils restent cependant des patrons voyous  ! »

Crée en 1929, la raffinerie rachetée à Shell par LyondellBasell en 2008 produit aujourd’hui 105 000 barils de pétrole par jour. Au cours du comité d’entreprise d’hier, la direction a exposé ses prévisions  : un déficit de 120 millions d’euros pour la raffinerie durant l’année 2012. Ces pertes sont pourtant largement essuyées par le reste de l’activité. Pour les syndicats, une étude précise aurait dû précéder la décision de fermeture. « Des chiffres sur les déficits sont avancés mais, lorsque nous posons des questions sur les bénéfices créés par l’ensemble du site, la direction nous répond qu’elle ne dispose pas de détails », s’exaspère Fabien Astier. La CFDT, dénonce la « légèreté » avec laquelle le groupe a acquis le complexe en 2008 dans une démarche davantage financière qu’industrielle. Dans son communiqué de presse, Jean Gadbeois, directeur général du site, s’explique  : « 85 entités à travers le monde ont été approchées au cours de la mise en vente, mais la raffinerie n’a malheureusement fait l’objet d’aucune offre de rachat ». « L’objectif est d’augmenter la rentabilité mais le site de Berre est complètement intégré, explique Fabien Astier. En fermant la raffinerie, la dizaine d’entités présentes se voit fragilisée. On perd en optimisation. »

Craintes d’« effet domino » sur la plate-forme

Près de 370 des 1 250 emplois du site seront directement touchés par l’arrêt définitif de la raffinerie. Mais entre les différentes entités et les sous-traitants, près de 2 000 personnes pourraient être concernées par la décision. Ce qui fait craindre à Roger Haddad, ancien salarié, « un effet domino ». Les grévistes exigent que la direction présente dans les plus brefs délais des réponses quant à l’avenir industriel du site pétrochimique. « Ce matin, la fermeture de la raffinerie était acquise. Mais rien n’a été dit sur le reste des unités de la partie chimique », déplore encore Fabien Astier. Jeudi midi, un nouvelle AG décidera de la poursuite, ou non, de la grève.

« Surcapacité », qu’ils disent !

Pour justifier les fermetures de raffineries en France, 
Jean-Louis Schilansky, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), est monté au créneau. D’après 
lui, les raffineries françaises seront en perte d’exploitation 
de plusieurs centaines de millions d’euros en 2011. Elles 
ne se seraient plus adaptées à la demande, avec la montée 
en puissance du parc nucléaire français et la chute de la demande en fioul pour les centrales électriques et les automobiles de plus en plus équipées en moteur diesel. Mais, pour les syndicats, il est possible, par des investissements qui détourneraient les profits des seuls dividendes, d’adapter l’outil industriel.

Clémence Glon, L’Humanité


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