Législatives au Danemark : Victoire de la Gauche Percée de l’Autre gauche

mercredi 5 octobre 2011.
 

ALAN CONFESSON ET Les élections législatives qui ont eu lieu au Danemark ce jeudi 15 septembre ont très fortement mobilisé le peuple danois. Il s’est rendu aux urnes à plus de 87 % des inscrits pour infliger une défaite à la droite et à l’extrême-droite au pouvoir depuis dix ans, et donner la victoire aux différents partis de gauche.

La coalition au pouvoir depuis 2011, alliant le Parti libéral (Venstre) et le Parti populaire conservateur, été clairement déboutée. Ces deux partis s’étaient distingués par leur recherche constante du compromis avec le Parti populaire (Dansk Folkeparti -DF ), organisation d’extrême-droite connue pour ses discours xénophobes et racistes, sans laquelle ils n’avaient pas de majorité au Parlement. Pour satisfaire aux réclamations du DF, le gouvernement n’avait pas hésité à appliquer une politique d’immigration régressive, allant jusqu’à entrer en contradiction avec la législation européenne en rétablissant le contrôle aux frontières.

Les danois ont donc choisi d’évincer ce "bloc bleu", et avec lui ses politiques d’austérité dure et sa logique du tout sécuritaire. Le Parti libéral est le seul à se maintenir en son sein avec 26,7 % des suffrages exprimés (47 sièges) contre 26,3 % en 2007. Les conservateurs, eux, s’effondrent en passant de 10,4 % à 4,9 % (8 sièges). Le Parti populaire perd lui aussi des électeurs en passant de 13,9 % à 12,3 % (22 sièges). L’Alliance libérale, parti de centre-droit fondé en 2007, sauve péniblement l’honneur en gagnant deux points, à 5 % (9 sièges). Pas assez pour être majoritaire : la droite ne dispose plus que de 87 sièges sur 179.

Du côté du "bloc rouge", la victoire a une configuration inédite. La progression de la gauche n’est pas à mettre au crédit des sociaux-démocrates, qui restent stables avec 25 % des voix et 44 sièges. Elle est en partie imputable à la Gauche radicale, parti social-libéral favorable aux politiques de rigueur, qui semble avoir récupéré une partie de l’électorat de la droite en passant de 5,1 % à 9,5 % des voix (17 sièges). Mais elle est surtout l’œuvre de l’autre gauche, qui connaît la poussée la plus forte.

Pénalisé par son alliance avec les sociaux-démocrates au cours de la campagne, le Parti socialiste populaire (SF) est en recul de quatre points, avec 9,2 % des suffrages exprimés (16 sièges). A l’inverse, l’Alliance rouge et verte, membre du Parti de la Gauche européenne et clairement indépendante de la social-démocratie, triple son score de 2007 en passant de 2,2% à 6,7 % des suffrages et en obtenant 12 sièges contre 4 auparavant. Un record absolu ! Au total, le nombre de parlementaires du SF et des rouges-verts atteint le nombre de 28, un record au Danemark.

La gauche danoise peut donc compter sur une majorité de 92 élu-e-s. L’autre gauche y dispose du rapport de force nécessaire pour tirer la politique du prochain gouvernement vers la gauche. La sociale-démocrate Helle Thorning-Schimdt, qui devrait devenir la première femme Premier ministre de l’Histoire du Danemark, devra tenir compte des voix du Parti socialiste populaire (qui participera au gouvernement) et de l’Alliance Rouge-Verte (qui n’y participera pas), tout en ménageant le profil libéral des Radicaux. La tâche s’annonce ardue.

Ces élections danoises sont riches d’enseignements. Elles prouvent qu’en période de crise l’austérité à tout crin ne convainc pas les peuples et que la tentation sécuritaire ne fait pas recette. Elles prouvent aussi que les idées de l’autre gauche peuvent rencontrer un large soutien dans l’opinion, et que celle-ci gagne à être clairement indépendante des sociaux démocrates.

Le Parti de Gauche félicite l’autre gauche danoise et particulièrement l’Alliance Rouge et Verte pour ses bons résultats. Il suivra avec attention les décisions du gouvernement d’Helle Thorning-Schimdt.


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