La gauche part à la conquête du Sénat

samedi 17 septembre 2011.
 

Sur fond de mécontentement vis-à-vis de la politique du gouvernement et du traitement infligé aux collectivités, les grands électeurs que sont les élus locaux pourraient, le 25 septembre, sanctionner le pouvoir et faire basculer, pour la première fois depuis 1958, la majorité sénatoriale à gauche.

Et si le Sénat basculait à gauche ? Pour la première fois depuis l’instauration de la Ve République en 1958, la droite pourrait, lors des élections sénatoriales du 25 septembre, perdre la majorité à la Haute Assemblée. Un événement qui bousculerait la donne dans le pays à quelques mois de la présidentielle de 2012. Ce basculement n’est pas une certitude mais une possibilité... bien réelle.

Celle-ci repose tout à la fois sur l’évolution du rapport des forces dans les collectivités territoriales ces dernières années et sur une situation politique où les mécontentements vis-à-vis du pouvoir et du président de la République sont forts et nombreux.

Le malaise des territoires alimente les colères

Quelle est la réalité électorale ? Le Sénat compte aujourd’hui 343 sénateurs (et, après l’élection, 348). Actuellement, 182 sièges sont détenus par la droite, 153 par la gauche et 7 par des noninscrits.

Il se renouvelle, depuis la réforme de 2003, par moitié tous les trois ans. 170 sénateurs remettront en jeu leur mandat et cela dans 44 départements. Ceux qui vont de l’Indre-et-Loire aux Pyrénées-Orientales, tous ceux de l’Île-de-France, ceux d’outre-mer et six sur douze représentant les Français de l’étranger.

Parmi ces 170 sièges à renouveler, 49 sont au PS (sur les 116 que compte ce groupe), 19 (sur 24) sont détenus par le PCF et le Parti de gauche, 5 (sur 18) par le Rassemblement démocratique et social européen (RDSE, comprenant les radicaux de gauche et de droite), 19 (sur 29) par l’Union centriste, 67 (sur 147) par l’UMP, 4 (sur 8) par des candidats divers droite. Il suffirait donc que la gauche gagne 23 sièges pour que le Sénat change de majorité. Ce sont les conseillers municipaux, les conseillers généraux et régionaux, les députés... soit 71 890 « grands électeurs » au total qui votent, il faut donc prendre en compte les évolutions politiques sur le terrain. Or, la gauche dirige 20 régions sur 22, plus de 60 % des départements et 457 des 835 communes de plus de 3 500 habitants concernées par le vote, 109 sur 194 villes de 10 000 à 50 000 habitants et 60 % de celles de plus de 50 000. Les conseillers municipaux représentent 95 % des grands électeurs, c’est une réalité qui compte, même si elle doit être tempérée par le fait que 40 % de ces « grands électeurs » ne revendiquent aucune appartenance partisane.

Quant aux raisons de sanctionner ce gouvernement, elles sont nombreuses chez les élus. Une réforme des collectivités territoriales subie et contestée, des regroupements de communes et d’agglomérations à marche forcée, de moindres moyens financiers, des transferts de l’État sans compensations financières équivalentes, un appauvrissement des services de l’État, des services publics fragilisés... (voir ci-contre) Autant de réalités qui alimentent le malaise profond dans les territoires.

Pour la gauche, le temps de l’alternance est venu

C’est cette réalité, associée au mécontentement plus global généré par la politique de Sarkozy, qui amène les forces de gauche à penser qu’un basculement est possible, comme l’affirment Nicole Borvo-Cohen-Seat, pour le groupe communiste et citoyen (lire ci-contre), tout comme Christophe Borgel, secrétaire national du PS aux élections. « Le temps de l’alternance est venu au Sénat », affirme-t-il, même s’il tempère aussitôt : « C’est une bataille qui sera serrée. »

À la veille du dépôt des listes (le 21 septembre au plus tard), le paysage à gauche est divers, avec des listes d’union de la gauche dans la plupart des départements comprenant PS-Europe Écologie-les Verts et dans certains cas le Front de gauche, et des listes autonomes de ce dernier dans 24 départements. En région parisienne, le débat se poursuit entre le PCF et le Parti de gauche. À droite, des désaccords entraînent la division comme à Paris. D’où l’appel de Nicolas Sarkozy à « l’unité ». Car si Gérard Larcher, président (UMP) du Sénat, veut croire à la possibilité de conserver une majorité de plus cinq ou six sièges, il avoue qu’une « une défaite serait sismique ».

De fait, une victoire de la gauche fragiliserait la candidature de Nicolas Sarkozy et placerait l’opposition actuelle, en cas de victoire en 2012, dans une situation inédite : celle de présider le Sénat et l’Assemblée nationale. Mais si la droite sauve de justesse sa majorité, elle ne manquerait pas de crier victoire.

Max Staat, L’Humanité


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