Quelle est la conséquence d’une note baissée pour un Etat ? il paie plus cher ses créanciers

dimanche 15 janvier 2012.
 

À plusieurs reprises, Nicolas Sarkozy avait évoqué le danger pour la France de perdre son « AAA », la note la plus élevée attribuée par les agences de notation aux émissions d’emprunt du Trésor public français. Depuis ce début janvier, c’est fait. La baisse de leur note contraint les États concernés à accorder une rétribution plus élevée à leurs créanciers, autrement dit, à augmenter les taux d’intérêt de la dette publique. Cela semble en effet indiquer qu’il y a un risque relativement accru à leur prêter, d’où l’obligation d’une rémunération plus élevée, censée compenser le risque pour les investisseurs.

Quels effets peut avoir une telle dégradation  ? Elle conduit en premier lieu à accroître la charge de la dette publique qui, en France, est en passe de devenir le premier poste de dépenses de l’État. Cela ne justifie pas pour autant la politique de baisse des dépenses publiques engagée par le chef de l’État, cela discrédite plutôt la nécessité pour la puissance publique de s’adresser aux marchés financiers pour combler ses déficits, d’autres solutions sont possibles.

Il est une autre conséquence moins connue et à laquelle les dirigeants de droite et du patronat pensent encore bien davantage. La hausse des taux d’intérêt des nouveaux emprunts d’un État a pour effet mécanique de baisser la valeur des titres de dette déjà émis par cet État. Soit une banque qui possède une obligation du Trésor d’une valeur de 100 euros et porteuse d’un intérêt de 4. Si la dégradation de sa note oblige l’État à émettre désormais sur le marché primaire des obligations de 100 euros avec un intérêt de 5, la valeur de l’obligation ancienne va tomber sur le marché secondaire à 80 euros. La banque sera obligée de provisionner une dépréciation de son bilan qui viendra en déduction de son bénéfice. Pour pouvoir vendre cette obligation ancienne porteuse d’un intérêt de 4 euros, il faut en effet assurer l’acheteur éventuel d’une rentabilité du titre équivalente à celle des nouvelles obligations à 5 euros d’intérêt. Le taux de rentabilité de celles-ci, de 20 (100/5), doit être appliqué à l’ancien titre dont la valeur de marché ne sera plus que de 80 euros (4 x 20 = 80).

Généralisé à l’ensemble du système bancaire européen, ce recul de la valeur des anciens titres de dette risque évidemment de le déstabiliser et de provoquer un krach. C’est l’une des raisons qui milite pour trouver d’autres moyens de financer les dépenses publiques  : en augmentant les prélèvements sur les entreprises et les fortunes et en faisant appel au pouvoir de création monétaire de la Banque centrale européenne.

François Congost, L’Humanité


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