Mélenchon : « Nous on peut ! »

dimanche 11 septembre 2011.
 

Remonté par la crise, bien décidé à occuper l’espace médiatique, Jean Luc Mélenchon est plus que jamais d’attaque pour 2012. Mais rien n’est encore gagné…

Les agences de notations ? « A la niche ! ». Le plan « anti-déficit » de François Fillon ? « Atterant contre sens économique ! » Sans doute galvanisé par les riches qui veulent payer plus d’impôts, le tribun Mélenchon est visiblement de retour. Et il est armé. Armé de mesures tonitruantes dans la course ronronnante à l’austérité menée par une Aubry ou un Hollande tombés dans le piège sarkozyste. Une pleine page dans Le Monde comme dans Libération et une interview sur Europe 1 : ce sont les prises de guerre médiatiques des derniers jours. Assez bien joué pour un candidat du Front de Gauche dont la cote de popularité plafonne toujours à 25%.

Des riches qui veulent payer plus d’impôts ? Mais cela « conforte les thèses que j’ai défendues », s’enorgueillit l’ancien sénateur au micro de Bruce Toussaint. Et d’ajouter en esquissant un sourire de satisfaction : « Il y a quelques temps encore, je vous signale qu’on me riait au nez quand je parlais des riches ! » Cette ritournelle du « je vous l’avait bien dit », Mélenchon la dégaine aussi contre DSK et la politique du FMI à l’égard de la Grèce. Du pronostic du « génie de la finance qu’est DSK » et de celui de « l’humble Mélenchon », lequel a fonctionné ? Mais « c’était le mien », clame-t-il en parlant de lui à la troisième personne, atteint par une crise – passagère surement – d’ « Alain Delonite aiguë ».

Mais trêve de victimisation, le pourfendeur du capitalisme a plus que jamais des munitions. En ce qui concerne la crise des déficits, rien de plus simple affirme Jean-Luc Mélenchon : « il suffit que la Banque centrale européenne prête aux Etats aux taux où elle prête aux banques. » Quant aux riches, ils les prévient : « Attention Messieurs ! Nous ne vous demandons pas l’aumône, nous sommes un peuple libre, et dans un peuple libre, il y a un instrument pour partager l’effort, ça s’appelle l’impôt et par conséquent, vous allez payer ! »

Le discours est bien rodé et le programme assez clair. Avec en première ligne, deux mesures phares pour rétablir « l’égalité de contribution des revenus » et limiter « l’accumulation » des richesses. D’abord, taxer « les revenus du capital comme le sont ceux du travail », imposés respectivement à 18% contre 40%. Ce qui rapporterait « deux fois le montant que paye le pays pour honorer la dette », c’est-à-dire « 100 milliards d’euros », prétend Jean-Luc Mélenchon en s’appuyant invariablement sur un calcul iconoclaste effectué par Patrick Arthus de la banque Natixis. Ensuite, créer 14 tranches d’imposition (au lieu des cinq existantes), et taxer la dernière (au dessus de 360 000 euros de revenus par an) à 100%. Autant dire que Mélenchon n’y va pas avec le dos de la cuillère. Mais coincé entre un PS « capitulard » et un NPA qui se la joue toujours en solo, il ne gagnerait en effet rien à ménager sa monture.

Chloé Demoulin


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