« Si vous continuez, l’austérité se réglera à coups de pavé » (syndicalistes belges)

jeudi 1er septembre 2011.
 

En juillet, les syndicats belges avaient vivement réagi à la « note » d’Elio Di Rupo, sorte de « feuille de route » qui sert de base de négociation aux huit partis qui tentent de former un gouvernement. Pour eux, il s’agissait d’un « coup de massue » doublé d’un « coup de barre à droite », d’autant plus douloureux qu’il venait du chef du Parti socialiste. « Inacceptable », avait déclaré, sans appel, la secrétaire générale de la Fédération générale des travailleurs belges (FGTB), Anne Demelenne (1).

Encore plus directs, les Jeunes FGTB avaient prévenu  : « Si vous continuez, l’austérité se réglera à coups de pavé  ! » Dénonçant le saccage des droits sociaux et les cadeaux fiscaux aux employeurs, ils ne voyaient « rien de progressiste, rien de socialiste, ni de solidaire dans la note du formateur ».

Aujourd’hui, alors que des négociations ont repris le 16 août sur la base de cette fameuse note, ils n’ont pas ravalé leur colère  : « On nous chante la même chanson ici que partout ailleurs en Europe, constate Céline Moreau, porte-parole des Jeunes FGTB. C’est la crise, les caisses sont vides et il faut se résigner à l’austérité  ! » La syndicaliste constate pourtant que, la semaine dernière, un article du Financial Times avançait que la croissance était plus forte en Belgique que dans les autres pays, y compris l’Allemagne. « Il expliquait que c’était dû à l’absence de plan d’austérité et au fait que l’indexation automatique des salaires était maintenue chez nous », précise-t-elle. Et de pointer une contradiction  : l’Union européenne veut qu’on supprime cette indexation. « On peut craindre que les partis de droite qui participent à la négociation ne pèsent dans ce sens et dans celui d’une austérité accrue », s’inquiète Céline Moreau. Elle se réjouit du fait que la Nouvelle Alliance flamande, le parti séparatiste, « ne soit plus là, car elle prônait des mesures ultralibérales. Mais il y a les chrétiens-démocrates et les libéraux »…

Preuve que les syndicats ont du souci à se faire  : l’équipe d’Yves Leterme, qui gère les affaires courantes en attendant un gouvernement de plein exercice, vient de bloquer une augmentation de salaire de 1% négociée entre syndicats et direction dans les mines de grès, sous prétexte que la limite pour l’année en cours a été fixée à 0,3%  ! Le syndicat libéral va porter plainte auprès du Conseil de l’Europe pour non-respect de la concertation sociale.

Di Rupo, s’il réussit à former un gouvernement, risque très vite d’affronter des mouvements sociaux.

Pressions sur les wallons

Le ministre-président flamand Kris Peeters appelle les Wallons à appliquer la règle d’or. « La Flandre a un budget 2011 en équilibre. Quand la Wallonie en fera-t-elle de même  ? Et Bruxelles  ? » 
a-t-il déclaré. Le commissaire européen au Commerce, Karel 
De Gucht, a déclaré, cette semaine, qu’il « y a trop de handicapés en Belgique ». Certains pourraient travailler, estime-t-il. 
Il n’en fallait pas plus pour que la NVA, ouvertement séparatiste, 
accuse la Wallonie d’avoir plus de handicapés que la Flandre.

(1) Réaction publiée dans 
le magazine de la FGTB (Syndicats) de juillet 2011.

Françoise Germain-Robin, L’Humanité


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