La visite du Pape, pas avec mes impôts (manifeste espagnol)

vendredi 26 août 2011.
 

À quelques mois de ses visites à Saint Jacques et à Barcelone, M. Ratzinger - Benoît XVI pour les Catholiques, entêté dans son idée de « reconquérir » un pays qui s’éloigne de ses préceptes moraux et religieux, revient maintenant à Madrid.

Du point de vue de la laïcité et de la démocratie, on ne pourrait rien objecter à la réunion d’un pasteur spirituel avec ses partisans. Il est évident que, malgré l’ambiguïté calculée du rendez-vous, « la Journée mondiale de la jeunesse » prétend rassembler à Madrid le mois d’août prochain des milliers de jeunes catholiques autour des enseignements du pape. Un acte qui, quelle qu’en soit sa dimension, ne cesse d’avoir un caractère privé, tout comme le sont les croyances et leurs manifestations.

Par contre, ce qui est contraire à un État démocratique qui se déclare non confessionnel, c’est de mélanger les affaires de l’état avec les affaires religieuses, les intérêts généraux avec les intérêts privés, les institutions qui représentent tous les citoyens avec des événements qui n’en concernent qu’une partie seulement, ceux qui dans ce cas partagent certaines convictions religieuses.

C’est pourquoi, il s’avère scandaleux que le Gouvernement participe à hauteur de 25 millions d’euros – c’est à dire, avec l’argent des impôts de tous - à la visite du pape et à la célébration d’un acte confessionnel et, qu’en même temps, il accorde des exonérations fiscales aux grandes entreprises qui ont donné 25 autres millions. À cela il faut ajouter beaucoup d’autres fonds que le Gouvernement, la Mairie et la Communauté Urbaine de Madrid sont disposés à apporter en finançant d’autres frais par la mise à disposition gratuite de nombreux services publics (fonctionnaires, visas, transports, forces de sécurité, utilisation d’espaces publics comme les espaces polysports, collèges et instituts, etc.).

Ce détournement des ressources publiques à des fins privées est particulièrement grave dans un moment où tant de générosité envers la hiérarchie catholique (qui reçoit déjà par différents conduits autour de 10.000 millions d’EURO annuels) entre en contradiction avec les dures restrictions des dépenses publiques y des prestations sociales dont nous souffrons tous au prétexte de la crise économique. De même, il est inacceptable que des autorités et des officiels s’impliquent et prennent part à cet événement de caractère privé, ce qui est leur droit à titre personnel, mais certainement pas en représentation des fonctions publiques qu’ils exercent au nom de l’ensemble des citoyens.

Dans ce cas le prétexte qui consiste à dire que ce sont des frais et des homages dus à un chef d’État n’est pas valable. Le pape Benoît XVI ne vient pas en représentation du peu d’habitants du Vatican qui, d’autre part, par son origine ni sa configuration n’a rien à voir avec un véritable État démocratique ni de droit. Si, en fonction de la représentation spirituelle qu’ils lui reconnaissent, il vient se réunir avec ses fidèles, il ne mérite d’aucune façon un traitement officiel privilégié offert par les Administrations Publiques. Un traitement qu’ils n’accordent évidemment pas, aux rendez-vous provoquées par des citoyens d’autres croyances ou convictions idéologiques.

On ne permettrait pas non plus à aucun chef d’État l’ingérence, sans cesse renouvelée par le Pape et la hiérarchie catholique, dans des affaires politiques internes telles les lois qu’un pays s’est donné de manière démocratique (éducation publique, laïque, droit à la sexualité elle-même et contrôle de la natalité, modèles de mariage et famille, droit à une mort digne, etc.). Non seulement ils ne se limitent pas à donner, chose légitime, des conseils moraux à leurs fidèles, sinon qu’ils prétendent transformer en normes obligatoires pour tous leurs visions particulières de la morale et de la société.

C’est pourquoi, les personnes et les organisations ci-dessous signataires, nous manifestons notre rejet du mélange et de la connivence des institutions publiques avec une activité à caractère privé et confessionnel éminent.

Nous appelons tous les citoyens qui, indépendamment de leurs convictions personnelles, revendiquent un cadre de coexistence avec une égalité de droits, à organiser des actions en défense de la démocratie et de la laïcité de l’État et de s’adresser aux différentes Administrations Publiques pour exiger qu’ils agissent en conséquence et cessent d’accorder des privilèges propres à des époques révolues et à des héritages antidémocratiques.

NON À LA VISITE DU PAPE FINANCÉE AVEC L’ARGENT DE TOUS.

SEPARATION DU POUVOIR CIVIL ET RELIGIEUX.

DEFENSE DES DROITS DÉMOCRATIQUES, FACE À L’INGÉRENCE CONFESSIONNELLE.

Traduction : Françoise Bague


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