Allemagne : De Schröder à Merkel, une même politique contre les travailleurs

mardi 26 juillet 2011.
 

Les bas salaires allemands en chute libre depuis dix ans

La politique de désinflation compétitive outre-Rhin entre 2000 et 2010 s’est traduite par une baisse globale des revenus nets des travailleurs de 2,5%. La chute atteint 20% pour les bas salaires.

Entre 2000 et 2010, la richesse nationale allemande a crû de 25%, passant en valeur de 2000 à 2500 milliards d’euros annuels. Si les bénéfices des entreprises et les revenus de placement ont fortement augmenté, ce n’est en revanche pas le cas des revenus des travailleurs allemands. En effet, pour regagner des parts de marché à l’export, principal moteur de l’économie, l’Allemagne a appliqué depuis le début des années 2000 un politique de désinflation compétitive, autrement dit de forte modération salariale.

Résultat : alors que le salaire annuel moyen a crû de 10,8% en France sur la période 2000-2009, il n’a progressé que de 1% outre-Rhin. En termes nets réels, les salaires des travailleurs allemands ont même diminué de 2,5% sur la période. C’est ce que révèlent des données inédites de l’Institut allemand de recherche économique (Deutsche Institut für Wirtschaftsforschung, DIW), publiées par le Berliner Zeitung ce mardi.

Ces données, issues d’une enquête réalisée chaque année auprès de milliers de salariés sur leurs conditions de vie, montre en outre que la chute des revenus nets réels a été bien plus forte sur la période pour les bas salaires (-16% à -22%) que pour les revenus les plus élevés, qui affichent eux une légère hausse de 1%. En comparaison, les revenus nets des ouvriers français ont progressé de 0,5% en moyenne par an sur la période 1995-2008, grâce au dynamisme du Smic.

Mais l’Allemagne n’a pas de salaire minimum légal. Surtout, les diverses réformes du marché du travail adoptées sous Schröder (les lois "Hartz") ont facilité le recours aux travailleurs intérimaires et encouragé le développement massif de "mini-jobs" (contrat de travail précaire, moins taxé, de courte durée et pour un salaire compris entre 400 et 800 euros par mois).

Ces réformes ont permis de réduire le taux de chômage en Allemagne, reconnaît Joachim, directeur de l’Institut allemand de recherche sur le marché du travail, cité par le Berliner Zeitung. Marché du Travail et de la recherche du travail. Toutefois, elles sont également responsables de "l’inégalité croissante des salaires" outre-Rhin.

Par Emilie Lévêque - publié le 19 juillet 2011


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