LES COLLECTIFS D’AUDIT NE SONT QU’UN MOYEN PARMI D’AUTRES POUR CONTESTER LA TYRANNIE DU CAPITAL

vendredi 22 juillet 2011.
 

Le mouvement « Je ne paye pas », qui a pris récemment une grande ampleur en Grèce, s’est constitué autour du refus de payer les tickets de péage exorbitants sur les autoroutes privatisées du pays. La grande nouveauté de ce mouvement très populaire et radical est qu’il ne se limite pas à la dénonciation passive des aug-mentations successives du prix des péages, mais qu’il pratique la désobéissance active de masse en forçant les barrières.

L’AUDIT DES DETTES PUBLIQUES VU COMME LEVIER POLITIQUE

Pour Yorgos Mitralias, qui anime le comité grec contre la dette et qui est membre du réseau international CADTM, l’audit d’une dette peut être un formidable moyen de re-démocratisation en amenant ceux « d’en bas » à contester enfin les exactions désastreuses perpétrées par « ceux d’en haut ». dans un texte intitulé « Face à la dette : l’appétit vient en auditant !... » - dont on reprend quelques extraits ci-dessous et dont on vous engage à lire l’inté-gralité sur le site du CADTM - , Mitralias préconise une union internationale pour l’audit des dettes publiques lar-gement illégitimes. Il décrit à partir de l’expérience qrecque ce que pourrait faire et ce que pourrait exiger des col-lectifs de base qui se constiturait pour « auditer ».

De tels collectifs vont-ils émerger partout en Europe ? Pourrons-ils durer et créer un rapport de force qui mette en difficulté les possédants ? Et si déjà un collectif national se mettait en place pour, par exemple, décrire au jour le jour le montant et le profil des sommes que l’État, donc les contribuables, sacrifient pour le paiement de la dette ? Qui sait que le seul remboursement des intérêts correspond quasiment au budget de l(Éducation Nationale ? Une donnée comme celle là, si elle était plus largement popularisée, serat-elle de nature à donner de nouvelles perpspectives aux luttes pour sauver l’école ?...

Le premier objectif d’un audit est de clarifier le passé, de démêler l’écheveau de la dette, fil par fil, jusqu’à recons-truire la pelote des enchaînements qui ont conduit à l’impasse actuelle. Qu’est devenu l’argent de tel emprunt, à quelles conditions cet emprunt a-t-il été conclu ? Combien d’intérêts ont été payés, à quel taux, quelle part du principal a déjà été remboursée ? Comment la dette a-t-elle enflé sans que cela profite au peuple ? Quels chemins ont suivi les capitaux ? A quoi ont-ils servi ? Quelle part a été détournée, par qui et comment ?

Le premier objectif d’un audit est de clarifier le passé, de démêler l’écheveau de la dette, fil par fil, jusqu’à recons-truire la pelote des enchaînements qui ont conduit à l’impasse actuelle. Qu’est devenu l’argent de tel emprunt, à quelles conditions cet emprunt a-t-il été conclu ? Combien d’intérêts ont été payés, à quel taux, quelle part du principal a déjà été remboursée ? Comment la dette a-t-elle enflé sans que cela profite au peuple ? Quels chemins ont suivi les capitaux ? A quoi ont-ils servi ? Quelle part a été détournée, par qui et comment ?

Et aussi : Qui a emprunté et au nom de qui ? Qui a prêté et quel a été son rôle ? Comment l’Etat s’est-il trouvé engagé, par quelle décision, prise à quel titre ? Comment des dettes privées sont-elles devenues « publiques » ? Qui a engagé des projets inadaptés, qui a poussé en ce sens, qui en a profité ? Des délits, voire des crimes, ont-ils été commis avec cet argent ? Pourquoi n’établit-on pas les responsabilités civiles, pénales et administratives ? Il suffit d’avoir en tête ces interrogations pour comprendre combien énorme est le champ d’action d’un audit de la dette publique, qu’il n’a absolument rien à voir avec sa caricature qui le réduit à une simple vérification de chiffres faite par des comptables routiniers.

Il s’agit là de besoins qui se référent à des droits démocratiques tout à fait élémentaires, reconnus par le droit international, bien que violés en permanence. Le droit de regard des citoyens sur les actes de ceux qui les gouver-nent, de s’informer de tout ce qui concerne leur gestion, leurs objectifs et leurs motivations est intrinsèque à la démocratie elle-même puisqu’il émane du droit fondamental des citoyens d’exercer leur contrôle sur le pouvoir et de participer activement aux affaires communes.

Ce besoin permanent de transparence dans les affaires publiques acquiert pourtant à l’époque du néolibéralisme le plus sauvage et de la corruption débridée –sans précédent dans l’histoire mondiale- une énorme importance supplémentaire : Il se transforme en un besoin social et politique tout à fait vital ! Et c’est exactement pour cette raison que la transparence en actes constitue un cauchemar et est exorcisée dans la pratique par les puissants du système, qui ne montrent la moindre envie de tolérer des témoins non invités à leur interminable festin néolibéral.

Sans aucune hésitation, il suffirait de pratiquer ces droits démocratiques « élémentaires », de fait extrêmement politiques, pour que l’audit de la dette publique acquière une dynamique socialement salutaire et politiquement presque subversive. Cependant, l’utilité profonde d’un audit (...) va beaucoup plus loin, puisqu’elle touche à des questions qualitativement supérieures et ouvre la voie à des processus qui pourraient s’avérer extrêmement dan-gereux pour le pouvoir établi et potentiellement libérateurs pour l’écrasante majorité des citoyens ! En effet, en exigeant d’ouvrir et d’auditer les livres de la dette publique, et encore mieux en ouvrant et en auditant ces livres, le mouvement de l’audit citoyen ose « l’impensable » : il pénètre dans la zone interdite, dans le saint des saints du système capitaliste, là où, par définition, n’est toléré aucun intrus !

En même temps, il se trouve confronté, directement et sans aucun intermédiaire, au système lui-même puisqu’il lui conteste le plus essentiel de ses pouvoirs : la monopolisation du droit de décider, de prendre les décisions sur les plus importantes questions financières, politiques, environnementales et sociales du pays ! (...) il devient possible d’entrevoir, même confusément, un « autre monde possible » aux visées émancipatrices.

L’outil permet de pénétrer loin à l’intérieur des champs clôturés du pouvoir capitaliste, de commettre le suprême « sacrilège » de contester la vache sacrée qu’est la propriété privée, en évaluant le montant, les circonstances, les effets et les bénéficiaires de l’endettement. Et ceci oblige de fait les mouvements sociaux, notamment les salariés et toutes les catégories d’opprimés, à élaborer leurs priorités alternatives sur la base de la satisfaction des besoins humains fondamentaux.

C’est évident qu’un tel audit de la dette publique ne peut pas se réaliser sans la participation directe et active de « ceux d’en bas ». (...) Un tel mouvement radical pour l’audit de la dette ne peut pas se contenter d’être théorique. Pour qu’il devienne concret, il doit s’(auto)organiser à l’image de la société moderne elle-même.


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