35 heures : Profitant de la pleutrerie de ses adversaires, l’UMP veut remettre en cause l’existence même d’une durée légale du travail (éditorial national PG)

vendredi 15 juillet 2011.
 

Maintes fois repoussée, la convention de l’UMP sur « la refondation de la démocratie sociale » s’est finalement tenue mardi dernier. Elle fixe au futur candidat de l’UMP à la présidentielle un objectif tellement provocant qu’il fait peur à une partie de la droite elle-même.

Novelli, l’organisateur de cette convention, veut remettre en cause l’existence même d’une durée légale du travail, un principe qui fut le premier combat du mouvement ouvrier. Pour cela, il recourt à une méthode bien rodée. Il s’agirait de substituer à la loi, taxée d’être uniforme et autoritaire, le résultat de la négociation sociale branche par branche et entreprise par entreprise. Cette vieille revendication du MEDEF conduirait à soumettre à des rapports de force variables selon les entreprises mais globalement favorables aux patrons une des principales normes qui relève aujourd’hui de l’ordre public social. Car la durée légale du travail est à la fois une protection essentielle de la santé et de la sécurité des salariés et une règle de bonne concurrence entre entreprises qui serait totalement faussée si celles-ci recouraient à des durées du travail différentes. Cette proposition constitue donc une véritable contre-révolution dans le droit social de notre pays.

On comprend que l’UMP ait hésité avant de lancer un tel pavé dans la mare à moins d’un an des prochaines élections présidentielle et législatives. Sa décision s’explique sans doute moins par son audace que par la pleutrerie de ses adversaires. Les 35 heures ne sont aujourd’hui même plus défendues par ceux qui les mirent en place. Elles sont tenues pour un encombrement par les candidats aux primaires. On se souvient que pour Manuel Valls, « il faut dépasser les 35 heures ». Pour François Hollande, « la France, globalement, doit travailler plus. (…) On ne peut pas dire : on va rétablir les 35 heures ! ». Et pour Martine Aubry, « il faudra reprendre ce qui n’a pas marché [dans les 35h], (…) les réponses de 2008 ne sont pas celles de 1997 ». Une tribune de Hollande parue le 15 juin proposait même que la Constitution reconnaisse « l’autonomie normative des partenaires sociaux » et réduise le domaine de la loi au bénéfice de la négociation sociale. Du Novelli dans le texte. Ce spectacle d’un PS sur le reculoir, qui plus est au moment où s’est déclarée aux primaires la « dame des 35 heures » a donné des ailes à l’UMP qui s’est engouffrée dans la brèche.

Et pourtant, il faut défendre les 35 heures. Même les services de Fillon lorsqu’il était ministre du travail en 2004 établissaient que les 35 heures ont créé 350 000 emplois. Les problèmes suscités par cette loi viennent en fait des dispositifs mis en place pour tenter vainement de calmer les patrons en limitant ses conséquences, notamment l’annualisation, et de l’absence d’embauches correspondantes dans la fonction publique. Face au chômage de masse, il faut donc non seulement rétablir les 35 heures mais encore aller au-delà. Car le coût des 35 heures pour les entreprises a été largement rattrapé par la hausse des gains de productivité. Une partie du patronat l’admet à demi-mot lorsqu’elle s’oppose à la remise en cause des 35 heures de peur de perdre les exonérations de cotisations qui sont censées les compenser. Plus de 12 milliards d’euros par an, avec les 4 milliards d’exonérations des heures supplémentaires mis en place par la droite, c’est plus que les déficits cumulés de l’assurance maladie et de l’assurance chômage. C’est elles que nous supprimerons !


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