Le Front de Gauche ouvre un horizon

dimanche 3 juillet 2011.
 

J’entre dans ma troisième semaine sans pause. Et je ne suis pas le seul. Je crois que toute l’équipe nationale du Parti de Gauche en est au même point. J’ai aussi compris que Pierre Laurent et Christian Picquet ne se ménageaient guère non plus. Autour de moi, la règle semble être de ne pas se projeter plus loin que sur les trois jours suivants pour tenir le coup. Il est temps que viennent les vacances. Mais ce n’est guère le temps d’y songer à cette heure, car ce serait se couper les jambes en plein effort. Samedi et dimanche, nous étions tous sur la brèche entre la marche des fiertés à Paris et notre Conseil National du parti. Soixante dix départements avaient envoyé leur députation et il y avait près de trois cent camarades dans une salle à température de four ! Je m’y rendis deux heures seulement. Car, revenu de la marche, je devais ensuite me préparer avec mes fiches pour mon émission sur Europe 1, le lendemain matin. Ces deux heures étaient destinées à faire le point, vu de mon balcon, et à commencer à me mettre officiellement à distance de ma fonction de co-président du parti. En fait cette fonction est déjà tenue, pour l’essentiel, au quotidien, par Martine Billard. Eric Coquerel fait le reste comme on dit et François Delapierre coordonne le démarrage de la campagne. Je ne cite pas les autres ce qui n’est pas juste. Peu importe nos modes de fonctionnement ici. Je veux seulement dire que nous sommes assez fiers de nous. Le parti est uni, ses effectifs croissent sans trêve et l’ambiance est détendue, en général.

Si j’évoque ce moment c’est parce qu’il me permit une prise de conscience. Je montais à la tribune comme je le fais d’habitude, avec mon plan sur un petit papier, juste soucieux de ne pas abuser de mon temps de parole et répétant mon fil conducteur en mémoire. Avant que j’ai ouvert la bouche, mes amis me réservèrent un tonnerre d’applaudissements qui semblait ne plus finir, et j’ai eu la gorge serrée à en étouffer. Je réalisais alors que, le nez sur le guidon, passant d’une tache à l’autre, nous n’avions pas eu le temps de célébrer entre nous le vote libérateur des communistes et l’ère nouvelle qui venait de commencer pour nous tous, au Front de Gauche. Mais tous les amis ensuite ne me parlèrent que de cela. Ce n’était pas une affaire de personne, juste le sentiment d’avoir réalisé quelque chose en dehors du commun en politique. Quand j’évoquais la reconnaissance que nous éprouvions pour les militants communistes, les applaudissements éclatèrent de plus belle. Nous avons tourné la page de l’éclatement et de l’émiettement.

Le Front de Gauche ouvre un horizon. Je l’ai senti encore en faisant mes pas dans Paris, au hasard des gens qui me saluent et me disent des mots d’encouragements. Il y avait vraiment beaucoup d’amitié autour de nous cette semaine. Au salon du Bourget j’ai été étonné du nombre de ceux qui sont venus me toucher la main parmi les jeunes ingénieurs qui me reconnaissaient. Je crois que dans cette génération de jeunes à la tête bien pleine, le temps de la fascination pour le règne de l’argent est passé. Je pense aussi que le message de notre rassemblement passe de toute part. Sans doute parce qu’il est attendu aussi. Ce qui m’a fait dire que je me sens porté par les nôtres, ces temps. Je m’attends donc à ce que nous soyons très nombreux à Paris, sur la place Stalingrad, au métro Jaurès, mercredi 29 juin pour terminer cette saison politique en région parisienne. Et après mon passage chez les Fralibs, cette séquence vaudra investiture publique populaire sur une place du Paris révolutionnaire. Deux jours plus tard je serai à la « fête du travailleur catalan » dans les Pyrénées orientales puis à celle des communistes du Gard, à Lézan. Je ferai une pause ensuite, un jour. Avant de repartir pour le parlement européen de Strasbourg. Je mesure aussi comme un effet de cet élan le renouveau des coups bas que l’on s’efforce de nous porter de ci de là.


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