Philippe Poutou, candidat du NPA pour 2012 (4 articles)

vendredi 5 août 2011.
 

4) Philippe Poutou, candidat du NPA, fait le lien entre le drame survenu en Norvège et la montée des idées du FN

Pour visionner cette video, cliquer sur l’adresse URL portée en source de cet article (couleur rouge en haut de page)

3) En pleine crise, le NPA choisit la ligne du repli (Le Monde du 26 juin)

En décidant de jeter l’éponge pour 2012, Olivier Besancenot a-t-il mesuré la crise qu’il déclenchait au Nouveau Parti anticapitaliste ? Ou a-t-il sciemment décidé de pratiquer la politique de la terre brûlée ?

L’organisation révolutionnaire réunit, samedi 25 et dimanche 26 juin à Nanterre (Hauts-de-Seine), une conférence nationale pour désigner le ou la camarade qui portera ses couleurs en 2012. Mais c’est dans un climat de profonde division que l’organisation va tenter de trouver son nouveau porte-drapeau. Signe du désarroi, seuls 3 100 militants ont voté lors de cette consultation. Divisé, amoindri, le NPA plafonne à 0, 5 % dans les sondages. Depuis l’envoi de sa lettre aux militants datée du 5 mai, où il annonçait qu’il ne voulait pas être candidat à la présidentielle et souhaitait "passer le relais à un(e) autre camarade", l’ex-porte-parole du NPA a activement participé aux débats qui ont mené à l’explosion de la majorité et de la direction du parti, entraînant une déflagration majeure dans toute l’organisation.

Que cherche-t-il ? On le savait hésitant depuis de longs mois sur sa présence à la présidentielle de 2012. Il n’avait pas envie de devenir une "Arlette bis", en référence aux six candidatures successives de la représentante de Lutte ouvrière (LO). Il voulait amoindrir la pression médiatique et passer à autre chose. Mais à la veille du congrès de février, il rassurait ses amis : il repartirait pour un tour à la présidentielle.

Deux mois plus tard, en avril, le NPA propose à l’ensemble de la gauche radicale l’idée d’une "candidature du mouvement social" pour tenter de mettre Jean-Luc Mélenchon en porte-à-faux. Les dirigeants du NPA entament même des discussions sur un possible programme présidentiel. Sans conclusions, mais l’attitude demeure plus ouverte que lors des régionales de mars 2010.

DEUX CAMPS SE TOISENT

M. Besancenot vit mal cet entre-deux. Il souhaite stopper les discussions avec le Parti de gauche et le PCF, qu’il juge vaines et susceptibles de brouiller l’image radicale du NPA qu’il avait réussi à imposer. Il change alors de pied et annonce à ses mentors, Alain Krivine et François Sabado, qu’il n’y va plus. Le leader envoie sa lettre à l’organisation et mène bataille pour imposer le lancement d’une candidature "pur jus" le plus rapidement possible. Il y parvient lors du conseil politique national qui suit, mais au prix d’un éclatement de la majorité. Autour de lui restent des personnalités comme Alain Krivine et Christine Poupin, qui décident de s’allier aux plus identitaires du parti venus de LO ou de groupuscules révolutionnaires.

Ses anciens alliés Pierre-François Grond ou Frédéric Borras se retrouvent, eux, dans la minorité. Ainsi que Myriam Martin, l’autre porte-parole, dont le nom avait été évoqué pour porter les couleurs du parti en 2012.

Lors de la consultation des militants, organisée depuis dix jours, la nouvelle majorité emmenée par M. Besancenot a obtenu 50, 2 % des voix, contre 41 % à la plate-forme défendue par ses anciens proches. Un autre petit courant plus sectaire atteint 5, 75 %.

Désormais, les deux camps se toisent. Les proches de M. Besancenot accusent les minoritaires de vouloir "créer un bloc regroupant à la gauche du PS", et de regarder du côté du PCF, "qui est mouillé jusqu’au cou dans les institutions du capitalisme". Les autres dénoncent une majorité qui "cultive l’isolement comme une vertu".

La direction a décidé de présenter la candidature à l’élection présidentielle de Philippe Poutou, ouvrier du secteur automobile, syndicaliste CGT de 44 ans. L’homme a fait ses premières armes comme candidat aux européennes en 2009 puis aux régionales de 2010. Il milite à Bordeaux où les anciens de LO tiennent le NPA local. Pas vraiment une image d’ouverture.

Sylvia Zappi

2) Philippe Poutou, candidat du NPA à la présidentielle. Déclaration de la Conférence nationale du NPA pour l’élection présidentielle

En Grèce, en Espagne et dans l’ensemble du monde arabe, des millions de manifestants s’opposent aux politiques des classes dominantes et des Etats pour faire payer la crise aux travailleurs et aux peuples. En France, le patronat, Sarkozy et son gouvernement sont engagés dans des attaques violentes et réactionnaires contre les travailleurs, les travailleuses, toutes les femmes, les jeunes et les immigréEs. Le NPA n’a de cesse, depuis sa création de proposer l’unité la plus large pour s’opposer à ces attaques, d’impulser et de participer à tous les cadres unitaires qui permettent d’être utile dans ce sens.

A l’occasion des élections qui viennent, présidentielles et législatives, nous voulons prolonger ces batailles quotidiennes en faisant entendre la voix des exploitéEs et des oppriméEs, du monde du travail, des immigréEs, des femmes, de la jeunesse, de toutes les victimes de l’austérité mise en place par un État soumis aux banques et au patronat, qui utilise le racisme et la xénophobie pour nous diviser. A partir des positions débattues et adoptées par notre parti depuis sa fondation, nous défendrons un programme de rupture avec le capitalisme, pour un autre partage des richesses, pour que les salariéEs et l’ensemble de la population ne paient pas la crise. C’est un programme pour les luttes, pour leur généralisation. C’est la seule voie, face à la crise sociale, politique et écologique qui ne saurait se résoudre dans le cadre d’une alternance, du respect des institutions et de la propriété privée. Un programme qui ne pourra être porté que par un gouvernement des travailleurs-ses, car seul leur contrôle et leur intervention directe peuvent renverser le système et changer le monde.

Dans ce contexte, la Conférence nationale du NPA présente la candidature de Philippe Poutou à l’élection présidentielle, militant du NPA, ouvrier syndicaliste qui anime depuis des années la lutte contre la fermeture de son entreprise face à un des premiers groupes industriels mondiaux de l’automobile. Il est un candidat anticapitaliste, féministe, écologiste, antiraciste, internationaliste.

Dans ces campagnes, le NPA fera entendre une voix qui condamne sans ambiguïtés les politiques d’austérité, qu’elles soient menées par la droite ou, comme en Grèce et en Espagne, par la gauche. Une voix totalement indépendante du PS et de ses alliés. Le NPA exige l’annulation de la dette, l’expropriation des banques, leur socialisation en un seul service public financier sous le contrôle de la population et des salariéEs mobiliséEs, la défense et l’amélioration des services publics aujourd’hui attaqués sous le prétexte de la dette.

Il souhaite faire entendre une voix, qui s’appuyant sur leurs mobilisations, défende les intérêts des salariéEs contre les suppressions d’emplois, pour l’interdiction des licenciements, la partage du temps de travail et pour des augmentations de salaires (300 euros nets d’augmentation, aucun salaire en dessous 1600 euros nets, indexation des salaires sur les prix) et pour en finir avec la souffrance au travail.

Une voix qui, quelques mois après la catastrophe de Fukushima, exige la sortie du nucléaire et l’expropriation d’EDF, GDF-Suez, Areva, Total… en un service public permettant une planification énergétique.

Une voix pour l’égalité des droits, pour la régularisation de tous les sans papiers, contre toutes les lois et les discours racistes, notamment la stigmatisation des Roms et des Musulmans. Une voix qui combatte le Front National, qui cache son soutien à toutes les attaques capitalistes derrière un discours pseudo-social.

Une voix qui dénonce et combatte fermement l’oppression des femmes, lutte contre toutes les discriminations et violences qu’elles subissent dans la sphère publique comme privée. Une voix qui lutte contre les discriminations que subissent les personnes lesbiennes, gays, bi, transgenres et inter sexes.

Une voix qui refuse la toute puissance du patronat et des banques, qui se bat pour une démocratie réelle, comme l’exigent les Indignés de la Puerta del Sol à Madrid, les manifestants grecs de la place Syntagma et les révolutionnaires du monde arabe. Une voix qui exprime sa solidarité avec toutes les luttes des opprimés, à commencer par celle du peuple palestinien.

Une voix pour construire une autre Europe, fondée non sur la concurrence mais sur la solidarité. Une Europe des travailleurs et des peuples. Une voix qui s’oppose aux interventions militaires et économiques de l’impérialisme français.

Dans les prochaines échéances électorales, nous ferons entendre un programme d’urgence, nous défendrons une politique aussi fidèle aux intérêts des travailleurs, que la droite et l’UMP, actuellement au gouvernement, le sont aux intérêts des riches.

Nous avons devant nous une bataille difficile et bien des obstacles. Dans un premier temps nous devons réussir toutes et tous ensemble à surmonter le barrage des 500 parrainages d’élus que la loi antidémocratique nous impose. Des divergences se sont exprimées au cours de la préparation de la Conférence nationale et en son sein. Notre parti doit maintenant se rassembler autour des exigences fondamentales qui nous réunissent.

Notre campagne associera une direction collective et des porte-paroles de campagne, dont nos deux porte-paroles nationales et Olivier Besancenot. Elle s’appuiera sur l’ensemble du parti. Nous appelons toutes celles et ceux qui le souhaitent à prendre leur place dans notre combat collectif.

Nanterre, le 26 juin 2011.

1) Fracture politique au NPA (l’Humanité du 27 juin)

Philippe Poutou, élu candidat à la présidentielle par une petite majorité (53 %), pourra-t-il compter sur un parti très divisé pour mener la campagne collective qu’il appelle de ses vœux  ?

Élu candidat du NPA, Philippe Poutou (voir encadré) entame la campagne présidentielle avec un sérieux handicap en étant choisi par seulement 53 % des 230 délégués à la conférence nationale du parti, réunis ce week-end à Nanterre. Dans une ambiance à couteaux tirés, le scrutin serré (122 pour, 50 contre, 11 abstentions et 47 n’ayant pas pris part au vote) révèle la fracture politique dans laquelle est plongée la formation depuis qu’Olivier Besancenot a annoncé son retrait de la course à l’Élysée.

Deux orientations

La désaffection du facteur charismatique a ouvert la digue qui empêchait la libération de la parole au sein de ses plus proches camarades. « Olivier avait une légitimité en soi. Il rassemblait au-delà du NPA. C’était le seul candidat possible », regrette Pierre-François Grond. « Son retrait crée un vide et oblige à un débat stratégique », estime l’ex-bras droit de Besancenot. En réalité, deux principales orientations s’affrontent sur ce point depuis la création du NPA, en février 2009. L’une, défendue par 50, 4% des délégués, soutient une ligne « identitaire », refusant tout rapprochement électoral avec le Front de gauche  ; l’autre (40, 1%) prône la poursuite des discussions avec le reste de la gauche hors PS, dont le Front de gauche. Le vote dans les congrès locaux a également confirmé la coupure en deux du NPA.

« On s’est dit que l’on réglerait en marchant la sortie de notre culture d’extrême gauche. Or il fallait faire la révolution intellectuelle avant la création d’un parti », souligne Pierre-François Grond. « Il faut aujourd’hui sortir de l’autisme, une partie des problèmes du NPA vient du NPA lui-même », ajoute-t-il, le dos tourné à Olivier Besancenot, partisan de la ligne de fermeture. « Le NPA ne veut-il lier des alliances qu’avec LO  ? C’est une plaisanterie de penser que l’on peut avoir un débouché politique avec un seul parti », dit-il sur le ton de la colère.

Les langues se délient parmi les proches de Besancenot. Anne Leclerc, qui évoque la chute des effectifs et le « désarroi des adhérents », Myriam Martin, la porte-parole, candidate pressentie, à qui « on a barré la route » et, surtout, Frédéric Borras, qui affirme que « le projet du NPA est en panne. On fait l’autruche, on se recroqueville ». Le noyau dur de la direction s’est cassé. Politiquement, physiquement. Dans l’amphithéâtre de la faculté de Nanterre, Olivier Besancenot s’est placé parmi ses amis restés fidèles, dont Christine Poupin, la seconde porte-parole, ou encore Sandra Demarcq. Pierre-François Grond, Myriam Martin ou Frédéric Borras sont à l’autre extrémité.

Minoritaires aujourd’hui, ces derniers vont désormais s’atteler à consolider leur courant. À la rentrée de septembre, ils organisent une réunion pour « mettre en pratique ce que l’on prône, précise Frédéric Borras. On ne s’interdit pas de prendre contact et de discuter avec les autres courants antilibéraux et anticapitalistes ».

Une scission à long terme ?

Très remonté, il poursuit  : « Ce n’est pas le candidat du Front de gauche qui est notre adversaire, c’est la droite  ! On peut être séparé à la présidentielle et se retrouver aux législatives. » Inquiet, Frédéric Borras commente  : « Si la fracture politique ne se résorbe pas, elle pourrait entraîner une scission, à long terme. »

Dans ce contexte, l’appel de Philippe Poutou à mener une campagne collective sera-t-il entendu  ? Il sait qu’il peut compter sur Olivier Besancenot pour l’accompagner dans ses déplacements. Il sait que l’appareil se déploiera pour tenter de recueillir les 500 signatures indispensables à chaque prétendant à l’Élysée. Il sait aussi que cela va être « difficile » de succéder au facteur. Mais il entend y mettre « toute son ardeur », lui le « seul ouvrier » candidat, qui espère être « détaché le moins possible de l’usine » pendant la rude campagne.

Un inconnu parmi les siens

Ex-militant de Lutte ouvrière, Philippe Poutou intègre la LCR en 2000. « C’est le côté humain qui fait que l’on se retrouve ici ou là », dit-il sans malice. Sept ans plus tard, il endosse l’habit de candidat aux législatives, en Gironde, et se présente, sous l’étiquette NPA, à deux autres scrutins, européen (2009) 
et régional (2010), où il obtient 2, 52% des voix. Philippe Poutou, au sourire charmeur, parle fièrement de son combat 
de syndicaliste CGT au sein de Ford Aquitaine Industries, qui 
a abouti à la pérennisation de 955 emplois. L’ouvrier, réparateur de machines-outils, est sans doute très connu dans son secteur professionnel, mais reste inconnu du grand public et dans 
son propre parti, où il n’exerce pas de responsabilités nationales. « Ils ne sont jamais venus nous chercher », dit-il pour expliquer son absence de la direction du NPA. « Mais ce n’est pas toujours compatible quand on n’habite pas Paris », ajoute celui qui n’utilise jamais le « je » en parlant de lui.

Mina Kaci


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message