Le jour après le vote des communistes

mercredi 29 juin 2011.
 

Après l’intense émotion de l’annonce du vote des communistes, les heures qui l’ont entourée ont été un maelström de sollicitations. Mais serais-je encore longtemps en mesure de combiner le point de vue de l’acteur et celui de l’observateur ? A présent que le temps disponible m’est compté comme jamais, je mesure, quel privilège ont été ces heures calmes et recueillies derrière mon clavier. Le lundi matin je me mis en route vers l’usine du Thé Eléphant, à coté de Marseille.

Jean-Luc Mélenchon à l’usine Fralib : " L’Eléphant est Français, en Provence il va rester !" (article et video)

Dans cette usine en lutte contre la délocalisation, ceux qui font tourner les machines veulent faire une coopérative ouvrière. C’est à eux que je dédiais mes premiers pas de candidat du Front de gauche. Et pour recevoir d’eux cette sorte d’investiture que je recherche auprès de tous ceux que nous voulons représenter.

Je n’étais pas muet pour autant. J’ai donc donné à lire deux entretiens que j’ai donnés à des journaux qui ont pensé que c’était un évènement digne de l’intérêt de leurs lecteurs que celui de mon investiture comme candidat commun du Front de Gauche.

« Notre objectif sera de montrer que le peuple peut reprendre le pouvoir » (interview de JL Mélenchon dans L’Humanité)

[Le système est usé, à bout de souffle. Il faut tourner la page sur cette manière de partager les richesses... (interview de JL Mélenchon dans Direct Matin]->16398]

Il aura été frappant pour moi que, dans la presse écrite, ce soit un journal gratuit, « Direct Matin », et le journal « L’Humanité », qui m’aient donné la parole le lundi matin. Je n’exprime à ce sujet nulle rancœur. Je n’ai pas de raison de le faire. « Direct matin » est distribué à plus de quatre millions d’exemplaires. Bien davantage, plus du triple, que toute la presse quotidienne parisienne vendue ce jour là. De plus les gratuits sont extrêmement scrupuleux dans leurs questions comme dans le respect de celui qui répond. Rien à voir avec les exercices de persiflages fielleux qu’il faut si souvent subir. Ils sont en ce sens extrêmement utiles à ceux qui lisent ces entretiens. Bien davantage que tout ce que produit cette presse écrite qui n’explique rien de ce qui se passe mais seulement ce qu’il faut en penser.

Quant à l’entretien avec « L’Humanité », il me donnait un magnifique accès immédiat à la sphère des militants communistes, syndicalistes et animateurs de la gauche de terrain à qui j’avais en effet un message et des explications à donner. Pour moi, tout était donc convenable. Cependant j’ai été sidéré par la violence anti communiste qui s’est exprimée à propos de mon investiture, à la radio et sur certains plateaux. Elle n’enlève rien au bonheur que je ressens considérant le travail accompli. Car, par certains aspects elle y ajoute. J’y vois le signe d’une rage brouillonne qui signale l’importance de l’acte que les communistes ont posé. Et la peur qu’il suggère chez les belles personnes. Ces excès de haine mettent en alerte l’opinion engagée et nous vaut même de nouvelles sympathies. A vrai dire que ferions-nous du soutien de tels personnages ? Nous en serions embarrassés et nous aurions honte car nos amis nous trouveraient soudain louches.

La journée de dimanche avait été bien remplie. Je la vivais sous la pression du rendez vous le soir sur TF1. C’était une première pour moi. Je ne suis allé sur le plateau de TF1 qu’une fois, une soirée électorale, au cours des dix dernières années. Le 20 heures est un évènement quotidien. Beaucoup qui savaient m’y retrouver en attendaient beaucoup et me mirent ainsi une pression considérable. Elle m’a distrait du sentiment poignant qui me gagnait à mesure que, les heures passant depuis que je connaissais le résultat du vote, infusait en moi le sens personnel de ce que les communistes venaient de boucler. Un schéma abstrait, politique, un succès à partager avec les co-auteurs d’une idée qui ne m’appartient pas en propre devient aussi un fait humain. Pour moi, comme personne, cela va de soi. Et je ne sais qu’en retenir d’abord. L’honneur ? La charge qui s’abat sur moi ? Je sens seulement que ces sortes de situations travaillent dans la durée.


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