Le système est usé, à bout de souffle. Il faut tourner la page sur cette manière de partager les richesses... (interview de JL Mélenchon)

mercredi 29 juin 2011.
 

C’est très émouvant. La décision franche des communistes place le Front de Gauche dans une posture inédite. Communistes, socialistes, écologistes, républicains… aujourd’hui, toutes les composantes de la gauche historique se rassemblent autour d’une candidature commune. L’image est forte. Nous sommes cinq partis autour d’un candidat alors qu’au PS, c’est un parti pour cinq candidats.

Vous n’êtes plus au PS, vous n’êtes pas communiste. Qu’est-ce que le « mélenchonisme » ?

Si cela existe, c’est une synthèse. Le républicanisme socialiste de Jaurès reste ma matrice. Je suis aussi lié aux idées fondatrices du communisme et je suis reconnaissant à l’écologie politique de nous avoir permis de rebrasser nos idées. Je suis autant que possible la synthèse de ces trois courants historiques auxquels je me suis ouvert successivement. Je suis en perpétuelle évolution à gauche.

Cela ne va pas sans paradoxe : votre Parti de Gauche prône la sortie du nucléaire, le PCF hésite…

C’est un débat qui touche toute la gauche, et peut-être toute la société. Il y a de vrais arguments d’un côté et de l’autre. En tant que candidat commun, je porterai la parole commune fixée par le Front de Gauche qui consiste à donner la parole au peuple souverain. Donc, un, il faudra un débat, deux il faudra un référendum. A l’occasion de ce referendum, chacun sera libre de défendre sa propre opinion, le Parti de Gauche de son côté, le PCF du sien. Seul le PS et l’Ump refusent ce référendum.

Devancer le PS en 2012 est-il votre objectif ?

Nous n’avons pas d’autre choix. Si nous voulons faire vivre une révolution citoyenne, pacifique et démocratique, il n’y a pas d’autre moyen que de passer devant le PS par les urnes.

Vous ne négocierez donc pas d’accord avec le PS avant le premier tour ?

Nous ne pouvons pas être dans une démarche d’arrangements politiciens. C’est notre crédibilité qui serait mise en cause. En l’état actuel de nos forces électorales, nous serions broyés par l’hégémonisme des socialistes. Il n’y a qu’une manière de leur faire entendre raison : être fort. Si malgré tout nous arrivons derrière eux, ils devront convaincre des millions de voix éclairés et vigilantes. Il ne pourront plus manipuler les gens.

Comment comptez-vous faire campagne à partir de maintenant ?

Mon obsession est d’ancrer la campagne dans le peuple, à l’image du Non au traité constitutionnel européen, où nous avions gagné contre tout le monde. Nous commencerons dès le 29 juin à Paris, avec un meeting en plein air place Stalingrad, métro Jaurès. Ce sera une vraie bataille. Le PS et l’UMP auront de pesantes armées régulières, gorgées de millions d’euros. Nous, nous serons des francs tireurs et des partisans comme des poissons dans l’eau parmi notre peuple.

Sur quoi se gagnera cette élection présidentielle ?

Sur la détermination à tourner la page. Tout le monde voit que le système est usé, à bout de souffle. Il faut tourner la page sur cette manière de partager les richesses, sur ce productivisme absurde où la planète devient une poubelle invivable. Et il faut le faire d’une manière radicale, concrète et démocratique. Tout passera par le peuple. Son heure est venue.


Signatures: 0

Forum

Date Nom Message