Portugal : la lutte continue ! (article national PG)

mardi 7 juin 2011.
 

Le grand vainqueur des élections législatives anticipées de ce dimanche 5 Juin au Portugal, c’est incontestablement l’abstention. Elle enregistre un score jamais égalé pour des élections de ce type depuis le retour de la démocratie. Plus de 41% d’abstentionistes. Plus de 4% de votes blancs ou nuls (dont presque 3% de votes blancs). Pas de doute possible. Les principaux ambassadeurs de la politique portugaise sont désavoués par le peuple qu’ils sont censés représenter.

Avec 28% des voix, la social démocratie (le Parti Socialiste portugais) est la principale responsable de cette sentence des urnes. Dans un pays, qui compte un peu moins de 11 millions d’habitants, elle perd 500 000 voix par rapport aux législatives de 2009. Elle en gagne à peine 200 000 par rapport aux élections présidentielles de Janvier. La surdité du PS face à sa faillite laisse songeur. « Ce n’est pas la ligne qui est en cause », « nous avons fait ce qui devait être fait », « nous avons rendu service au pays » a ainsi cru bon de déclarer hier soir le premier ministre démissionnaire Socrates. Aucune remise en cause autre que personnelle et un engagement à collaborer avec la droite « pour sortir le pays de la crise ». Le FMI n’a pas de souci à se faire de ce côté-là…

La victoire de la droite est à la une de tous les journaux. Elle doit pourtant être relativisée. D’abord du fait de l’abstention. Ensuite parce que le PSD (droite libérale, parti de Barroso) baisse si l’on compare son score à celui des élections présidentielles de 2009 (-100 000). Quant à la droite dure (CDS-PP), elle reste stable. Reste qu’avec plus de 50% des suffrages exprimés, PSD et CDS pourront mettre en œuvre avec plus de rigueur que nécessaire le pacte de casse sociale du FMI accepté par Socrates.

Du côté de l’autre gauche, on paie un manque de lisibilité patent. Pas d’union claire malgré un rapprochement historique en Avril dernier entre le Bloc de gauche et le Parti communiste portugais. A 20% en 2009, l’autre gauche tombe à 13%. Le le Bloc de gauche est le principal concerné par cette baisse. Il fait les frais de son alliance avec Manuel Alegre, candidat d’un PS désavoué, aux élections présidentielles de Janvier 2011. A vouloir croire que Manuel Alegre et l’aile gauche du PS les rejoindrait, il a perdu près de la moitié de son électorat. Le parti communiste portugais, quant à lui, limite la casse et se maintient à son score de 2009. L’autre gauche reste donc forte au Portugal par rapport à d’autres pays européens, mais elle semble avoir perdu sa dynamique.

Mais pas de pessimisme : le peuple n’a pas dit son dernier mot. Symbole de la lutte de celui-ci contre l’austérité, le groupe Homens da luta est allé hier soir chanter sous les fenêtres du siège de la droite « A luta continua » (« la lutte continue »). Les indigné-e-s de la place Rossio (Lisbonne) ont pour leur part essayé de reprendre la place dont la police les avait violemment délogés à la veille des élections. Partout dans le pays, des assemblées générales des indigné-e-s ont lieu. La génération précaire ("a rasca") les soutient.

Le Parti de Gauche dit tout son soutien au peuple portugais dans le combat contre l’injustice qui l’attend.

L’espoir ne doit pas s’éteindte. A luta continua !


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