La Confédération européenne des syndicats se radicalise face à l’austérité

mercredi 25 mai 2011.
 

1) Le congrès de la Confédération européenne des syndicats a lancé ce 16 mai 2011 un appel à résister à l’austérité, mais aussi 
à ne pas sombrer dans l’euroscepticisme Article L’Humanité

Athènes (Grèce),envoyée spéciale. La résolution a été rédigée et votée en urgence, hier, lors de la première journée du congrès de la Confédération européenne des syndicats, qui se déroule à Athènes jusqu’à jeudi. Il s’agissait, en fait, de faire parvenir aux ministres des Finances de l’Union européenne, qui vont participer au sommet Ecofin aujourd’hui, un appel à retrouver la raison, à ne pas s’engouffrer dans la voie sans issue que constitueraient de nouvelles mesures d’austérité et à considérer que le chemin de la croissance passe par des mesures sociales (voire ci-dessous).

Dans cette Europe, « les travailleurs ne comptent pas  ! » lance un délégué, tandis que se multiplient les interventions qui condamnent avec virulence le pacte euro plus. Un syndicaliste grec raconte comment la soumission de son pays au FMI a provoqué une baisse de 50% des salaires dans le secteur public. Et aujourd’hui, harangue-t-il, « on veut étendre à l’Europe entière les recettes appliquées à la Grèce »  !

Colère des travailleurs

« L’UE traverse une crise de légitimité. Les populations n’y croient plus », explique à son tour Franck Bsirske (DGB, Ver.di, Allemagne), qui dément au passage l’idée que l’Allemagne s’en sortirait mieux que d’autres grâce à ses exportations. « Les exportations s’envolent en Irlande et pourtant mon pays s’enfonce dans la crise », ajoute Jack O’Connor (Ictu, Irlande). Chacun reflète à sa manière un sentiment de grande colère face au mur que dressent les gouvernements européens, y compris sociaux-démocrates, contre les droits sociaux. « Il faut arrêter ce rouleau compresseur », assure Claude Rolin (CSC, Belgique).

Les mots sont durs. Mais l’inquiétude ne laisse pas place au découragement. Car la CES se refuse à verser dans l’euro-scepticisme, qui fermerait toute perspective à l’idée même de lutter pour un « protocole social » et nourrit la montée des partis nationalistes. Beaucoup de délégués, comme Luc Bérille, au nom de l’Unsa-CFDT, appellent à ne pas se laisser tenter par le repli national.

C’est aussi le leitmotiv de John Monks, qui considère que les syndicats doivent lutter contre « la montée des euroscepticismes et de la droite nationaliste qui ravageront l’UE et ses voisins s’ils devaient un jour arriver au pouvoir ». Si le secrétaire général de la CES répète qu’il faut résister au pacte euro plus, il assure aussi que les syndicats doivent rester « pro-européens », porter la proposition d’une taxe sur les transactions financières, revendiquer l’harmonisation fiscale, débattre du salaire minimal. « Résister pour rebondir », c’est aussi la proposition de Bernard Thibault (CGT, France), pour qui le pacte euro plus « impose de passer à une étape supérieure de coordination de notre syndicalisme ». Dans ce cadre, ajoute-t-il, « la question des salaires devrait être un axe fort ». C’est, à n’en pas douter, le débat à venir du congrès.

Pour changer l’Europe

Le Congrès a adopté hier une motion d’urgence adressée aux ministres des Finances qui se réunissent aujourd’hui, avec le FMI, dans le cadre du sommet Ecofin. Considérant que « les mesures d’austérité ont plus encore plongé l’économie grecque dans la récession », les congressistes proposent d’autres solutions  : des prêts aux pays en difficulté au taux aussi bas que celui de la Banque centrale européenne  ; la fin des privatisations  ; une « stratégie d’investissements publics » ; un étalement des conditions de réduction des déficits publics ; la « reconnaissance de l’autonomie des partenaires sociaux » et l’exclusion « des recommandations en matières de salaires dans le régime de sanctions ».

Paule Masson

Source :

http://www.humanite.fr/16_05_2011-l...


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