Se retirer de l’élection présidentielle en fonction des sondages sur le premier tour ? Bien joué les tireurs dans le dos !

dimanche 10 mai 2020.
 

Les bras m’en sont tombés. Il faut dire que je lisais « Le Figaro ». J’y découvrais dans un article de Sophie de Ravinel des propos entre guillemets tout a fait stupéfiants. « Mais la crise liée à l’affaire DSK suivie d’un possible affaiblissement du PS, provoque tout de même une certaine inquiétude au PCF. Au point d’envisager possible un soutien du Front de gauche au candidat socialiste dès le premier tour. Chargée des élections au sein de la coordination nationale, l’instance restreinte du PCF, Lydie Benoit est convaincue que « le Front de gauche ira au premier tour avec un programme ». Mais, « s’il était annoncé assez fort, avec évidence dans les sondages, que la gauche ne devait pas passer au deuxième tour, nous prendrions nos responsabilités ». « Tout » doit être envisagé pour « bloquer » Marine Le Pen et éviter un autre 21 avril. Lydie Benoit croit Jean-Luc Mélenchon sur la même ligne. « Il n’est pas un aventurier », note-t-elle, alors que le PCF doit donner, en juin, son avis définitif sur la candidature de l’eurodéputé. ».

J’ai sans doute bien des reproches à faire au « Figaro » en général et à madame Ravinel en particulier si l’on tient compte de nos opinions politiques respectives. Mais jusqu’à présent je ne l’ai jamais trouvée inventant des dialogues entre guillemets. J’ai donc pris très au sérieux ce que je lisais. Que certains dirigeants du PCF pensent ce que dit Lydie Benoit est une chose. Qu’ils se sentent en situation de le dire dans « Le Figaro » est un fait assez exceptionnel pour être noté. Mais il y a plusieurs choses que je sais aussi. La première est que les socialistes, même en deuil, ont le bras long. Mais pas assez pour m’attraper, même par Lydie Benoit interposée. Elle croit et elle dit ce qu’elle veut mais que, du moins, elle ne parle que pour elle. Et non pour moi, dont je me demande comment elle fait pour savoir ce que je pense sachant que je ne crois pas avoir eu de discussion personnelle avec elle depuis au moins deux ans. Et s’il s’agit d’être traité « d’aventurier » si l’on n’est pas de son avis sur cette proposition de capitulation, elle aura tôt fait de découvrir que son propre parti en est rempli. Car la seconde chose que je sais c’est que son point de vue n’est pas celui qui est majoritaire dans les instances du PCF et encore moins à la base de ce parti.

Evidemment c’est un ballon d’essai. Et un mauvais coup. Car ouvrir la période qui suit le retrait de Strauss Kahn par une annonce de ce type c’est tirer une balle dans le pied du candidat du Front de gauche. Au lieu de commencer la suite en parlant du fond, on commence par s’exposer à d’inutiles et toujours suspectes mise au point. Les médias qui m’ont proposé de parler ont donc tous relayé la question. Bien joué les tireurs dans le dos ! Les réactions d’inquiétudes venues de divers secteurs m’ont conduit à ne pas négliger cette déclaration. Elle est tellement nuisible ! Elle jette un doute sur la crédibilité de notre démarche ! Politiquement ce serait un pur désastre qui reviendrait à donner à l’extrême droite le monopole de la rupture avec le système. Nous anéantirions nous même notre existence politique. Cela signifierait que tout ce qui a été fait pour contrecarrer la disparition du courant du socialisme historique sous les coups du social libéralisme n’aurait servi à rien. Et tout ça pourquoi ? Sur quelle injonction ? Les sondages ! Jamais les sondages n’ont commandé mon engagement politique. Pas plus aujourd’hui qu’au moment du référendum du 2005. J’ai donc dû démentir fermement les propos de Lydie Benoit. Et je le refais ici pour m’assurer qu’il n’y ait pas de doute parmi ceux qui me lisent. Et aussi pour prendre date. Le retrait de Dominique Strauss-Kahn de la primaire socialiste ne change rien aux profondes divergences que le Front de Gauche constate avec le contenu du programme adopté unanimement par le PS. Ce projet ni socialiste ni réaliste. Il ne propose aucune des ruptures nécessaires face à la crise. En toute hypothèse, nous proposerons notre candidature pour proposer un autre chemin.

3) Communiqué de Jean-Luc Mélenchon

Je désapprouve totalement les propos tenus par la responsable du PCF aux élections, Lydie Benoist, dans le Figaro ce jour, prêtant au Front de Gauche voire à moi-même l’idée saugrenue de se retirer de l’élection présidentielle en fonction des sondages sur le premier tour.

Le retrait prévisible de Dominique Strauss-Kahn de la primaire socialiste ne change rien aux graves divergences que le Front de Gauche a avec le programme adopté unanimement par le PS. Ce projet ni socialiste ni réaliste ne propose aucune des ruptures nécessaires face à la crise. C’est pourquoi la voix de l’autre gauche se fera entendre pour proposer une autre voie au peuple.

J’ajoute que jamais les sondages n’ont commandé mon engagement politique, pas plus aujourd’hui qu’au moment du referendum du 2005. Je rejette ces raisonnements qui étaient il y a quelques jours encore utilisés pour appeler à soutenir Strauss-Kahn, le "favori des sondages".

2) COMMUNIQUE DE PRESSE de Lydie Benoist - PCF

« Jamais il n’a été question de se désister au premier tour en faveur du candidat socialiste »

Le Figaro de ce jour prête au PCF et à moi même, responsable nationale, l’intention de se désister au premier tour de la présidentielle en faveur du candidat socialiste. Je démens catégoriquement tout cela. Jamais au PCF nous n’avons évoqué une telle possibilité, jamais nous n’en avons discuté. Que les choses soient claires : le combat contre le FN est une priorité absolue mais nous ne pouvons le combattre qu’en redonnant de l’espoir à notre peuple.

Lydie Benoist, responsable aux élections pour le PCF

Paris, le 18 mai 2011.

1) Inquiet d’un éventuel 21 avril bis, le PCF envisage de soutenir le PS dès le premier tour

C’était en janvier dernier, une déclaration de Jean-Luc Mélenchon : « DSK incarne tout ce qui a conduit la gauche à sa perte. » Pendant des mois, le président du Parti de gauche (PG) et probable candidat du Front de gauche à la présidentielle n’a cessé de taper sur patron du FMI, jusqu’à assimiler sa politique à celle de Nicolas Sarkozy. Désormais, Mélenchon a perdu son meilleur ennemi. Il n’est pas certain que ce soit bon pour lui.

Si Martine Aubry, ou même François Hollande, émerge des primaires socialistes, Jean-Luc Mélenchon, soucieux de séduire l’électorat du NPA orphelin d’Olivier Besancenot, aura plus de mal à le convaincre qu’il restera ferme face au PS. Et avec la chute du champion des sondages à gauche, certains militants pourraient vouloir voter utile dès le premier tour.

« Nous avons de vraies divergences avec la direction du PS, pas seulement avec DSK », tient à souligner Éric Coquerel, secrétaire national du PG. Outre le fond : traité de Lisbonne, partage des richesses ou VIe République, existent aussi des divergences de forme. Le « côté mante religieuse » d’Aubry « indispose absolument » Mélenchon, qui ne compte pas se laisser digérer. Membre de la direction du PCF et œuvrant au programme partagé du Front de gauche, Francis Parny pointe aussi les divergences « notoires » avec le programme PS. « Martine Aubry s’est prononcée clairement pour l’allongement des durées de cotisations dans le dossier des retraites », rappelle-t-il entre autres points. Parny espère en outre récupérer « beaucoup » de militants NPA. En refusant la main tendue du Front de gauche, juge-t-il, « l’extrême gauche s’est enfermée dans une attitude extrêmement négative ». « Bloquer » Marine Le Pen

Mais la crise liée à l’affaire DSK, suivie d’un possible affaiblissement du PS, provoque tout de même une certaine inquiétude au PCF. Au point d’envisager possible un soutien du Front de gauche au candidat socialiste dès le premier tour. Chargée des élections au sein de la coordination nationale, l’instance restreinte du PCF, Lydie Benoit est convaincue que « le Front de gauche ira au premier tour avec un programme ». Mais, « s’il était annoncé assez fort, avec évidence dans les sondages, que la gauche ne devait pas passer au deuxième tour, nous prendrions nos responsabilités ». « Tout » doit être envisagé pour « bloquer » Marine Le Pen et éviter un autre 21 avril. Lydie Benoit croit Jean-Luc Mélenchon sur la même ligne. « Il n’est pas un aventurier », note-t-elle, alors que le PCF doit donner, en juin, son avis définitif sur la candidature de l’eurodéputé.

En attendant, le PG repousse absolument l’éventualité d’un ralliement au PS. « Ne pas se présenter, lance Éric Coquerel, c’est le meilleur moyen de laisser croire au FN qu’il est le seul parti antisystème alors qu’il n’est qu’un parti d’extrême droite. » Et, croit-il, « nous sommes seuls capables d’aller chercher un électorat que les socialistes ne sont plus en mesure de trouver ».

http://www.lefigaro.fr/politique/20...

De : Sophie de Ravinel


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