DSK : Frasques et fracas (par Gauche Unitaire)

samedi 28 mai 2011.
 

« Coup de tonnerre ! ». Telle est la métaphore à laquelle a eu recours Martine Aubry pour évoquer l’arrestation, puis l’inculpation par la police de New York, sous l’accusation d’agression sexuelle et de tentative de viol, de celui qui était devenu DSK, directeur du FMI, candidat putatif à la présidentielle et éligible à la fonction dans les sondages…

Un euphémisme, au regard d’un désastre dont il faudra du temps et d’autres éléments d’information pour mesurer la gravité et les conséquences.

Mais d’ores et déjà on assiste à un effondrement du laborieux et sophistiqué dispositif en cours de construction pour 2012. Cet univers artificiel dont les ressorts sont d’abord de « communication », que manipulent de puissantes agences du même nom, elles-mêmes marionnettes entre les mains des plus puissants centres du pouvoir capitaliste : à charge de celles-là de divertir le peuple par la métamorphose des responsables politiques en stars médiatiques, d’imaginer une pipolisation permanente de la politique garantissant à ceux-ci que leurs intérêts seront bien gardés…

Pour 2012, donc, tout s’organisait progressivement : un président bien installé, et prêt à tout coup tordu pour y demeurer, un challenger, prétendu socialiste, promis au succès, et un joker en la personne d’une Marine Le Pen qui, à partir d’une possible seconde position, serait susceptible de bousculer soit l’un soit l’autre. Le reste à organiser en fonction de ce triangle : le duel Joly/Hulot, le jeu 1, 2, 3 centristes…

Mais le tout aux dépens du débat sur la politique réelle, c’est-à-dire les choix qui concernent l’existence et l’avenir de la grande majorité des citoyens, dont nombre se montrent de plus en plus découragés de voter…

Telle l’explosion d’une bulle financière avec ses effets désastreux sur l’économie réelle, l’affaire DSK, quels qu’en soient les développements futurs, n’ira pas sans dégâts politiques majeurs. Et cela parce que la catastrophe ne vient pas d’où il faudrait qu’elle vienne : une contestation du système même, en fonction d’un élan démocratique. Pour mettre un terme à cette dégradation de la vie politique, imposer d’en finir avec la prétendue « politique spectacle », qui n’est qu’anti-politique et mauvais spectacle, déraciner la Ve République et dénoncer les liens incestueux entre l’argent et la politique…

Ce déficit de réaction démocratique provoque ce à quoi nous assistons : le film brutalement interrompu. La fascination brisée, nous restons sidérés !

On voit déjà s’activer tous ceux qui pensent qu’il y a quelque profit à tirer de cette sordide histoire – soit pour se débarrasser d’un rival dangereux, soit en agitant la présomption d’innocence pour relativiser le scandale, quitte à imputer à la plaignante une présomption de culpabilité…

Marine Le Pen apparaît seule en situation de tirer un bénéfice certain de la situation. C’est-à-dire la responsable politique de premier plan qui assume son devenir de nouvelle star au nom de la légitimité d’être la fille du vieux chef de l’extrême-droite. Ce qui vaut symptôme qu’il n’y a rien de bon à attendre de la crise présente. Sauf d’en tirer la seule leçon qui vaille : la nécessité d’imposer une autre conception de la politique que celle régnante, qui est d’affaissement de la morale et de la démocratie. Donc l’urgence d’en finir avec la Ve République et ses excès, et d’œuvrer à un changement du rapport de forces politique.

Publié le 17 mai 2011 par Gauche Unitaire


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