2012 : La recherche d’un autre avenir (par Patrick Le Hyaric)

mardi 17 mai 2011.
 

Dans un an, le premier tour de l’élection présidentielle aura rendu son verdict. Le Président de la République est déjà en campagne électorale pour sa réélection. Il l’est en fait depuis son sévère échec des élections régionales. Il a commencé par les coups de menton de son discours nauséabond de Grenoble qu’il n’a pas pu traduire dans la législation puisque le Conseil constitutionnel en a déclaré la majeure partie anti… constitutionnelle ! Un Président de la République, garant de la Constitution, violant la loi sacrée, cela ne s’était vu que dans les républiques bananières. Sa stratégie, à mille lieues des réponses à apporter aux terribles souffrances sociales et au légitime besoin de sécurité, aura fait le lit de l’extrême-droite et réussi le tour de force de placer cette dernière devant lui dans de nombreuses enquêtes d’opinion. Déjà, les candidats du Front National auront fait un score élevé aux récentes élections cantonales.

Vouloir ériger la division du peuple, la recherche du bouc émissaire et la peur permanente en méthode de gouvernement produit le pire. On ne sert pas impunément les plus fortunés en appauvrissant toujours plus ceux qui n’ont que leur travail ou leur retraite pour vivre, qui sont privés d’emploi. Violer le vote « non » à la Constitution européenne en imposant le Traité de Lisbonne a inévitablement de graves conséquences. Promettre de moraliser le capitalisme, alors que les banques recevaient des millions d’euros par tombereaux entiers, ne peut que disqualifier l’action politique et profiter aux extrémistes démagogues, racistes et xénophobes. M. Sarkozy a ajouté une crise démocratique, morale, à la crise sociale, économique et écologique.

Nos concitoyens se sentent dans une impasse. Déçue, démoralisée, désenchantée, une part importante d’entre eux n’a plus confiance ni dans le Président de la République, ni dans d’autres forces politiques, y compris à gauche. On commémore la victoire de cette dernière et celle de F. Mitterrand, il y a trente ans, en mai 1981. Certes, les conditions étaient différentes, mais l’unité de la gauche sur la base d’un projet de changement, l’aspiration populaire majoritairement favorable à cette union et à la rupture ont permis le succès, marqué par de grandes avancées sociales et démocratiques, particulièrement les deux premières années. Par la suite, ce rapport de forces dans la mobilisation unitaire a manqué pour faire face aux dérives libérales. Il n’en reste pas moins que le changement a été possible et que ce n’est pas rêver que de le vouloir durable. Aujourd’hui, il n’est pas vrai, comme le disent certains, que les espoirs de « rupture » de M. Sarkozy se seraient heurtés à la crise mondiale. C’est l’inverse. La crise du capitalisme se nourrit de ces politiques au service de l’oligarchie, des déréglementations, du libre-échangisme capitaliste, des spéculations financières et sur les matières premières. Pour tenter de refaire le terrain perdu, M. Sarkozy a réenfilé son double costume. Celui qui continue de faire la chasse aux immigrés venant des pays de l’autre rive de la Méditerranée, en révolution. Celui de faux président du pouvoir d’achat avec sa batterie de leurres. Ainsi, cette prime électorale de diversion brandie pour que l’on cesse de parler des cadeaux faits au titre de la réduction de l’impôt sur les grandes fortunes qui, en 2012, se cumulera avec le maintien du bouclier fiscal. Or, comme nous l’avons montré ici la semaine dernière, on peut augmenter toutes les petites et moyennes rémunérations, les retraites et les prestations sociales en moyenne de 150 euros mensuels pour aller progressivement vers un SMIC à 1600 euros brut. Et rien n’interdit au gouvernement de bloquer les prix des produits alimentaires, énergétiques, d’hygiène, de santé, de première nécessité, des loyers qui explosent.

Plus fondamentalement, les conditions d’un nouvel horizon pour la majorité de celles et de ceux qui souffrent appellent rapidement un débat. Telle est la responsabilité des forces progressistes et de gauche. Elles doivent mener les nécessaires confrontations entre elles, mais surtout soumettre à l’appréciation des citoyens, des hypothèses, des propositions radicalement neuves, à la mesure de la profondeur de la crise pour la faire reculer et pour apporter un mieux vivre à chacune et chacun. Il s’agit d’inventer un projet en rupture avec les logiques actuelles qui tire aussi les leçons des échecs du passé. L’ambition de désarmer les marchés financiers et la spéculation doit en être le fil conducteur si l’on veut progresser vers une nouvelle répartition des richesses en faveur du travail et des services publics. Agir radicalement contre les inégalités et pour la justice. Produire autrement avec des transformations de nos systèmes productifs, de consommation et de fourniture d’énergie. Promouvoir un nouvel âge de la démocratie avec des efforts jusqu’ici inégalés pour l’éducation, la recherche et la culture. Etre à l’initiative pour la paix, le désarmement, le devenir de la planète, celui de l’Europe, avec un soutien actif aux peuples qui luttent pour leur libération. Autant d’axes d’un processus transformateur qui manque cruellement aujourd’hui. Il est à bâtir avec nos concitoyens dans leur diversité. Le Front de Gauche a commencé à s’y atteler. Mais il faut aller très au-delà et plus vite en associant vraiment beaucoup plus de monde. Les salariés, les retraités, les privés d’emploi, les jeunes, ont besoin d’unité et d’efficacité pour que leur vie change. Ils sont toutes et tous à la recherche d’un nouvel horizon, d’un autre avenir.


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