Vénézuéla : + 26.5% pour le salaire minimum, + 45% pour les infirmières...

mercredi 4 mai 2011.
 

“Aux États-Unis et en Europe ils baissent les salaires, les crédits, repoussent l’âge de la retraite, licencient des travailleurs, délocalisent les emplois, coupent dans les budgets octroyés à la santé, à l’éducation – c’est comme ça que marche le monde capitaliste” a rappelé Hugo Chavez au moment d’annoncer, après la décision d’augmenter le salaire minimum de 26.5%, de nouvelles hausses de 40% et 45% pour les enseignants et travailleurs du secteur universitaire et de l’administration publique respectivement.

Cette hausse sera effective dès le 1er mai 2011. Le président Chavez a appelé les travailleurs à utiliser leurs revenus de manière responsable pour combattre la spéculation « car chaque fois que nous augmentons les salaires, les capitalistes augmentent leurs prix » et a demandé aux citoyens de « s’éloigner du consumérisme à tout crin auquel nous pousse le capitalisme.”

40% d’augmentation pour les travailleurs du secteur universitaire

« Nous parlons des professionnels universitaires ; les ouvriers, les employés et les professeurs, tous ceux qui ont passé trois ans sans augmentation de salaire. Hé bien nous allons augmenter leurs salaires de 40% dès le 1er mai 2011, ce qui est un montant considérable” a expliqué Chavez. “Un professeur à temps plein va bientôt gagner 7232 Bolivars Forts par mois [1682 DOLLARS US] alors qu’un professeur-instructeur va gagner 3,335 BsF [776 DOLLARS US]. Et cela va au-delà du simple salaire car à ce chiffre il faut ajouter les bénéfices des tickets alimentation, et les bonus. Tout cela confondu fait qu’un professeur à temps plein gagnera environ 10,000 Bolivars forts [2,326DOLLARS US]”.

Pour couvrir ces augmentations le gouvernement a dégagé 4.1 milliards de BsF [954 millions de DOLLARS US] tout en débloquant près de 2.8 milliards de BsF [651 millions de DOLLARS US] pour payer les dettes contractées envers les travailleurs du secteur universitaire en 2008 et en 2009.

En outre le président a signé l’octroi de 595.2 millions de BsF [138 millions de DOLLARS US] pour couvrir les manques budgétaires dans les secteurs suivants du fonctionnement universitaire : alimentation (309 millions de Bolivars Forts), transport (191 million BsF), bibliothèques et matériels éducatifs (54.5 millions de BsF), cours intensifs (30 millions de BsF) et finalement services médicaux (10.7 million BsF).

Le président Chavez a aussi débloqué 271 millions de Bs Forts [63 millions de DOLLARS US] pour doubler (de 200 à 400 Bolivars Forts) [47 à 93 DOLLARS US] la bourse mensuelle reçue par quelques 87500 étudiants de même qu’un crédit additionnel 60 millions de Bs Forts [14 millions de DOLLARS US] pour intégrer 12500 étudiants dans le groupe des vénézuéliens.

L’Administration publique, dont les infirmières : 45% d’augmentation

Avec la publication de la Gazette Officielle numéro 39.660, les travailleurs de l’administration publique bénéficient aussi de la décision d’augmenter les salaires. En moyenne tous les travailleurs du secteur public – dont ceux qui travaillent dans le système public de santé – verront leurs salaries augmenter de 45% le 1er mai 2011.

Selon les tableaux parus dans la « Gaceta Oficial”, les professionnels de Type 1 du Secteur Public – une catégorie qui comprend les infirmières récemment formées – verront leurs salaire intégral augmenter de l’actuel niveau de 3598 BsF à 4,779 BsF [de 837 à 1,111 DOLLARS US], plus les bénéfices des tickets d’alimentation. Les professionnels du secteur public des types 2 et 3 Public verront leur salaire intégral augmenter de 3,763 à 5,011 Bs F [875 à 1,165 DOLLARS US] par mois et de 3819 à 5017 Bs F [888 à 1,166 DOLLARS US], respectivement.

Les autres employés du secteur public bénéficient de tickets d’alimentation qui variant suivant le nombre de jours travaillés sur un mois donné. Pour les mois qui comptent 31 jours, les travailleurs obtiennent 27 tickets [pour une valeur de 1026 Bs F (239 DOLLARS US)] alors que pour les mois de 30 jours ou moins ils obtiennent 26 tickets [pour une valeur de 988 BsF (230 DOLLARS US)].

Ces tickets alimentation – communément appelés Cesta Tickets – peuvent être dépensés dans n’importe quel établissement public d’alimentation et chez les nombreux commerçants privés qui l’acceptent.

Comme résultat de l’augmentation générale de salaire, un groupe d’infirmières en grève de la faim depuis le mois dernier ont mis fin à leur mouvement de protestation. Leur exigence initiale d’un salaire mensuel minimum de 5000 Bs F [1163 DOLLARS US] n’a pas été satisfaite totalement, mais la responsable de la lutte Ana María Velasquez a célébré cette augmentation et a insisté sur le fait que leur “objectif a été atteint.”

Mesure du "panier alimentaire de base"

S’exprimant sur TeleSUR le mercredi soir, Elias El Juri, président de l’Institut National des Statistiques (INE), a replacé ces augmentations de salaire dans le contexte des achats d’aliments de base par la famille moyenne vénézuélienne : “Le panier alimentaire de base [nécessaire pour couvrir les besoins d’une famille] est actuellement estimé à 1589 BsF (370 DOLLARS US). Le salaire minimum est de 1548 BsF (360 DOLLARS US) mais l’addition à ce minimum légal des bénéfices [tickets d’alimentation, bonus, etc.] fait que le montant minimum actuel gagné par le travailleur atteint 2523 BsF (587 DOLLARS US) – ce qui est suffisant pour couvrir les besoins alimentaires de base et d’autres coûts”.

El Juri a expliqué que selon l’INE, une famille vénézuélienne “normale” gagnera au moins deux salaires minimum, soit à peu près 5000 BsF (1163 DOLLARS US) grâce aux augmentations prévues cette année.

En ce qui concerne les inquiétudes liées à la spéculation El Juri a déclaré “Nous avons besoin de politiques pour affronter un secteur commerçant qui, souvent, ne se satisfait pas de gains de 10 à 15% – mais veut par contre des marges de profit de 40 % … nous devons gagner le combat contre la spéculation”.

Protéger la hausse des salaires

Dans la ligne des commentaires de El Juri, Chavez a demandé ce mercredi “une puissante campagne contre la spéculation, pour que l’augmentation de salaires ne finisse pas dans les mains des spéculateurs.”

Pour sa part Augusto Montiel, Président de l’Institut de Défense des Droits des Consommateurs de Biens et Services (INDEPABIS) a mis en garde le secteur privé contre des hausses de prix liées à cette augmentation de salaires. Il a expliqué que 280 inspecteurs sont déployés sur tout le territoire et que des "comités contre la spéculation" ont été mis sur pied pour détecter les hausses de prix illégales. L’institut a mis en place une ligne directe (0800-reclama) pour que les consommateurs puissent reporter les délits de spéculation sur les prix.


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