Grève à Carrefour ce 9 avril 2011 : les syndicats parlent d’une mobilisation exceptionnelle (4 articles)

dimanche 10 avril 2011.
 

Magasins tout ou en partie bloqués, caisses fermées, réception des marchandises à l’arrêt : les salariés des hypermarchés Carrefour se sont fortement mobilisés samedi lors d’un mouvement de grève "sans précédent", selon les syndicats, pour ce géant de la grande distribution...

FO, la CFDT et la CGT avaient appelé à la grève pour exiger de la direction qu’elle revoie à la hausse ses propositions salariales pour 2011 pour les 65.000 salariés du groupe.

Les syndicats avaient maintenu leur appel malgré l’annonce in extremis, vendredi, par la direction qu’elle allait rouvrir les négociations, en dénonçant un "piège grossier" destiné à casser la mobilisation.

Selon Terglav Dejan, secrétaire fédéral FGTA-FO, la proportion de grévistes était comprise dans de nombreux magasins entre 85 et 100%. "Même là où nous sommes moins présents, il y a 30 à 50% de grévistes", a affirmé le responsable de FO, premier syndicat chez Carrefour (environ 45% des voix), parlant d’un "succès sans précédent".

"C’est la première fois que je vois toutes les organisations appeler à la grève le même jour, après 38 ans chez Carrefour", a souligné samedi Serge Corfa de la CFDT Services.

"Je n’ai jamais vu une mobilisation aussi importante, touchant même de petits hypermarchés comme Beaucaire (Gard) qui a suivi à 80%", a-t-il ajouté, en estimant qu’environ 150 des 200 hypermarchés avaient été affectés.

"Certains ont arrêté la grève après quelques heures. C’était prévu, le but n’étant pas de faire perdre excessivement d’argent à l’entreprise, mais de montrer le malaise profond des salariés", a commenté M. Corfa, évoquant notamment les "8.000 suppressions d’emplois en deux ans, les réorganisations incessantes et les 6 milliards d’euros que vont toucher les actionnaires".

"Les gens veulent une redistribution dans les entreprises", a estimé le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly au Mans où il était venu soutenir les salariés du Carrefour local.

Selon des correspondants de l’AFP, les grévistes ont parfois érigé des barrages de chariots pour entraver l’accès aux magasins, ou aux parkings, laissant passer les seuls piétons auxquels ils distribuaient des tracts. Ainsi, dans les Bouches-du-Rhône, ils bloquaient les entrées de parkings, selon une responsable FO, Dominique Beltrand. "A Aix-en-Provence, le magasin est mort", précisait-elle dans la matinée.

Ailleurs, comme à Illzach-Mulhouse (Haut-Rhin), ils empêchaient aussi la réception des marchandises.

A Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), une centaine de salariés ont manifesté devant l’établissement, prévenant les clients qu’ils s’exposaient à une longue attente aux caisses, "tenues par les cadres" du magasin, selon Marc Zeiller, du Syndicat des commerces et services.

Qualifiant le mouvement de "mémorable" Franck Gaulin, délégué syndical central CGT, a souhaité que "la direction l’entende".

La direction a proposé de reprendre mercredi les négociations salariales. Les syndicats jugent insuffisante l’augmentation proposée des salaires de 1% en mars et de 1% en octobre, assortie d’une remise de 10% (au lieu de 7%) sur les achats dans les magasins de l’enseigne et d’une participation aux frais d’entretien des tenues de travail de 6 euros par trimestre.

Ils considèrent que cela ne suffit pas à compenser l’inflation et la perte de pouvoir d’achat des dernières années.

"Il faut savoir que les 3/4 de nos caissières vont faire leur courses dans des hard-discount", a souligné une responsable FO du Var, Chantal Puig.

Source : AFP

4) Carrefour « Pour les salariés, la marmite explose »

Dominique Beltrand est déléguée FO du magasin Carrefour d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) et secrétaire du comité central de Carrefour Hyper SAS

Pourquoi FO s’est-il engagé à fond dans la journée d’action du 9 avril à Aix-en-Provence  ?

Dominique Beltrand. L’an dernier, 
sur le magasin d’Aix-en-Provence, les négociations salariales n’avaient pas abouti mais deux syndicats (CFDT et CFTC) avaient signé l’accord local, ce qui avait coupé l’élan d’une mobilisation possible. Mais notre hypermarché se situe dans les cinq premiers en termes 
de chiffre d’affaires. Les salariés sont très motivés et veulent faire changer les choses. FO est le syndicat majoritaire. Cette année, nous avons réalisé l’unité syndicale, ce qui 
a facilité la mobilisation.

Samedi dernier, les entrées 
du magasin ont été bloquées  : 
pourquoi une telle colère  ?

Dominique Beltrand. Dans le travail 
et dans la vie, les gens n’y arrivent plus. En deux ans, à Aix, les effectifs ont été diminués de 80 personnes sur les 780 que nous étions, et on demande à ceux qui restent d’avoir plus de deux bras pour des salaires 
de misère  ! Parmi les employés, 
il y a beaucoup de célibataires et de mamans seules avec enfant  : comment vivre avec moins de mille euros par mois dans une région où les loyers sont si élevés  ? La marmite explose  !

Qu’attendez-vous de la réouverture 
des négociations  ?

Dominique Beltrand. Notre gros souci, ce sont les actionnaires qui 
ne se contentent pas de dividendes indécents mais qui poussent 
au démantèlement du groupe en cherchant à vendre nos discounters à seule fin de spéculation boursière. Dans l’immédiat, nous voulons obtenir des augmentations raisonnables de salaires dépassant l’inflation et la transformation 
de notre prime de vacances 
en quatorzième mois.

Entretien réalisé par Philippe Jérôme

3) Carrefour : "Succès sans précédent" de la grève (Article L’Humanité)

Magasins tout ou en partie bloqués, caisses fermées, réception des marchandises à l’arrêt : les salariés des hypermarchés Carrefour se sont fortement mobilisés samedi lors d’un mouvement de grève "sans précédent", selon les syndicats, pour ce géant de la grande distribution.

FO, la CFDT et la CGT avaient appelé à la grève pour exiger de la direction qu’elle revoie à la hausse ses propositions salariales pour 2011 pour les 65.000 salariés du groupe. Les syndicats avaient maintenu leur appel malgré l’annonce in extremis, vendredi, par la direction qu’elle allait rouvrir les négociations, en dénonçant un "piège grossier" destiné à casser la mobilisation. "C’est la première fois que je vois toutes les organisations appeler à la grève le même jour, après 38 ans chez Carrefour", a souligné samedi Serge Corfa, de la CFDT Services. "Je n’ai jamais vu une mobilisation aussi importante, touchant même de petits hypermarchés comme Beaucaire (Gard) qui a suivi à 80%", a-t-il ajouté, en estimant qu’entre 150 des 200 hypermarchés avaient été affectés. "Certains ont arrêté la grève après quelques heures. C’était prévu, le but n’étant pas de faire perdre excessivement d’argent à l’entreprise, mais de montrer le malaise profond des salariés", a commenté M. Corfa, évoquant notamment les "8.000 suppressions d’emploi en deux ans, les réorganisations incessantes et les 6 milliards d’euros que vont toucher les actionnaires". "Les gens veulent une redistribution dans les entreprises", a pour sa part déclaré le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, au Mans où il est venu soutenir les salariés de l’hypermarché local.

Les grévistes ont parfois érigé des barrages de chariots pour entraver l’accès aux magasins ou aux parkings, laissant passer les seuls piétons auxquels ils distribuaient des tracts. Ainsi, dans les Bouches-du-Rhône, ils bloquaient les entrées de parkings, selon une responsable FO, Dominique Beltrand. "Je peux vous dire qu’à Aix-en-Provence, le magasin est mort", précisait-elle dans la matinée.

Ailleurs, comme au magasin d’Illzach-Mulhouse (Haut-Rhin), ils empêchaient aussi la réception des marchandises. A Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), une centaine de salariés ont manifesté devant l’établissement, en prévenant les clients qu’ils s’exposaient à une longue attente aux caisses, "tenues par les cadres" du magasin, selon Marc Zeiller, du Syndicat des commerces et services.

Selon Terglav Dejan, secrétaire fédéral FGTA-FO, dans de nombreux magasins la proportion de grévistes étaient comprise entre 85 et 100%. "Même là où nous sommes moins présents, il y a 30 à 50% de grévistes", a affirmé le responsable de FO, premier syndicat chez Carrefour (environ 45% des voix), parlant d’un "succès sans précédent".

Qualifiant le mouvement de "mémorable", Franck Gaulin, délégué syndical central CGT, a souhaité que "la direction l’entende".

Cette dernière a proposé de reprendre mercredi prochain les négociations salariales. Les syndicats jugent insuffisante l’augmentation proposée des salaires de 1% en mars et de 1% en octobre, assortie d’une remise de 10% (au lieu de 7%) sur les achats dans les magasins de l’enseigne et d’une participation aux frais d’entretien des tenues de travail de 6 euros par trimestre. Selon eux, cela ne suffit pas à compenser l’inflation et la perte de pouvoir d’achat des dernières années.

"Il faut savoir que les trois quarts de nos caissières vont faire leur courses dans des hard-discount", indiquait samedi une responsable FO du Var, Chantal Puig.

2) « C’est vraiment se foutre de la gueule du monde » (FO Carrefour, syndicat majoritaire)

La grève nationale des salariés de Carrefour - qui demandent aux clients de boycotter l’enseigne ce samedi -, est l’une des plus importantes par son ampleur. Les employés s’estiment sous-payés, même avec de l’ancienneté. Les salariés de Carrefour ont décidé de passer à l’offensive. Après plusieurs mois de négociations salariales, leurs syndicats ne sont pas parvenus à obtenir plus qu’une augmentation d’environ 2% (1% au 1er mars, 1% au 1er octobre). Dans le même temps, ils affirment que la scission programmée de deux entités du groupe (DIA et Carrefour Property) va générer des dividendes qui atteindraient 6 milliards d’euros pour les actionnaires.

Sophie, 25 ans de maison, 1.080 euros par mois En signe de protestation, la plupart des employés ont décidé de ne pas travailler ce samedi et demandent aux clients, par solidarité, de boycotter l’enseigne pour leurs courses du week-end. Sophie Rossi, caissière à Carrefour-Antibes depuis 25 ans, gagne1.080 euros par mois en moyenne pour un temps partiel de 27 heures et demi. Pour elle, l’augmentation proposée par le groupe va représenter 10 euros. « Rien du tout, c’est que dalle », dit-elle. « Il y a des filles qui sont seules, qui sont divorcées et elles n’y arrivent pas les pauvres filles. Elles ne dépensent rien, elles voudraient bien payer leur loyer et donner à manger à leurs enfants correctement. Je crois qu’on est arrivé au summum ».

Zorah Abdallah, elle, travaille depuis 15 ans dans l’hypermarché Carrefour de Sevran. « Cette augmentation, c’est vraiment se foutre de la gueule du monde », tempête-t-elle. « On sait très bien qu’on a tous un loyer à payer, des factures EDF ou des crédits, et c’est pas 10 euros de plus par mois qui va beaucoup nous aider. Une caissière qui touche 900 euros par mois, comment fait-elle ? ». Fabrice Danet, chef de rayon à Aulnay-sous-Bois, a décidé, lui, de faire grève par solidarité avec les caissières. « C’est des personnes qui sont à 30 heures, même pas à 35 heures. Et il faut savoir que Carrefour est reconnu pour payer ses employés sous le SMIC, puisqu’il a été condamné pour ça. Et le PDG a une retraite-chapeau de 50.000 euros par mois dès qu’il aura atteint 3 ans d’ancienneté. Excusez-moi mais c’est du foutage de gueule ».

Source :

http://www.fo-carrefour-annecy.info...

1) Les hypermarchés Carrefour en grève ce 9 avril 2011

L’appel à la grève, lancé par FO, la CGT et la CFDT devrait être très suivi, perturbant l’activité dans de nombreux hypers de l’enseigne.

Journée mouvementée en perspective dans les hypermarchés Carrefour. Selon les syndicats, l’appel à la grève national lancé par FO, la CGT et la CFDT (voir nos éditions du 30 mars) devrait être très suivi aujourd’hui. « Cent cinquante magasins sur plus de 200 devraient être touchés », anticipe Dejan Terglav de FO, le syndicat majoritaire au sein du groupe, « Dans 130 d’entre eux, le mouvement s’annonce dur avec 40 % à 80% de grévistes. » Et dans certains hypers, les clients pourraient trouver portes closes. « Dix ou 15 pourraient fermer une partie de la journée. Ailleurs, des piquets de grève ou des blocages de ronds-points seront organisés », explique Dejan Terglav. Du jamais-vu au sein de l’enseigne, où le dernier conflit remonte à février 2008.

Le mouvement s’annonce particulièrement fort dans le Sud, le Nord, la Bretagne et dans des villes comme Orléans ou Le Mans, où le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, se rendra en début de matinée. La région parisienne, où les syndicats sont moins implantés, sera moins affectée, même si des perturbations sont attendues à Aulnay, Sevran, ou Villiers-en-Bière.

Jeudi soir pourtant, la direction de Carrefour a annoncé qu’elle allait « rouvrir les négociations salariales » dès mercredi. « Cela ressemble à une tentative de déstabilisation, s’emporte Serge Corfa, de la CFDT. Mais cela n’a pas eu d’impact sur les salariés. Le malaise est énorme. » La question des salaires a mis le feu aux poudres : l’augmentation de 1% en mars et 1% en octobre proposée par la direction est jugée « indécente » au regard de « la rémunération des actionnaires ». Mais, les syndicats s’inquiètent aussi de la nette dégradation des conditions de travail , des 4500 suppressions de postes… et de la stratégie de leurs actionnaires, le fonds Colony Capital et le Groupe Arnault qui met en vente Dia ainsi que les murs de Carrefour.

Valérie Hacot

http://www.leparisien.fr/economie/l...

Caissières de supermarché : Marre d’encaisser en silence


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