Violences à l’école : un fléau trop fréquent et inadmissible

dimanche 19 novembre 2017.
 

1) Un enfant sur dix se dit victime de violences à l’école

Neuf enfants sur dix se sentent bien à l’école, mais environ un sur dix (11,7 %) se dit harcelé, victime de violences physiques et verbales répétées, selon une étude de l’Observatoire international de la violence à l’école pour l’Unicef, publiée mardi. De fin 2009 à fin 2010, 12 326 élèves de CE2, CM1 et CM2 de 8 à 12 ans issus de 157 écoles de huit académies ont été interrogés sur le climat scolaire, la qualité des relations entre élèves et avec les enseignants, et sur leur sentiment de sécurité.

Le ministre de l’éducation nationale, Luc Chatel, doit installer mardi un "conseil scientifique contre les discriminations à l’école", chargé en particulier de la lutte contre le harcèlement scolaire, a annoncé le ministère. Il sera présidé par François Heran, un démographe, ancien directeur de l’Institut national des études démographiques.

D’après l’étude, le phénomène de "victimation" reste plutôt limité puisqu’en moyenne près de neuf élèves sur dix (88,9 %) déclarent se sentir "tout à fait bien" ou "plutôt bien" à l’école, et plus de 7 sur 10 ne sont "jamais" victimes de violences ou "très occasionnellement". Mais pour une minorité d’élèves, la violence se fait sentir souvent par de petites agressions répétées, allant du vol de goûters aux insultes et menaces mais aussi aux coups, racket ou violences sexuelles.

Le taux d’élèves victimes de harcèlement physique est estimé à 10,1 %, 71,8 % des élèves interrogés n’étant pas victimes de violences et 18 % l’étant occasionnellement. Dans le détail, 17 % des élèves disent avoir été souvent frappés par d’autres, et les violences à connotation sexuelle (voyeurisme, déshabillage ou baiser forcé) sont rapportées par 18 % des interrogés.

67 % des agressions physiques sont le fait de garçons, contre 20 % qui sont le fait des filles (groupes mixtes pour 12 %). Pour les violences verbales, près de deux tiers des élèves (65 %) se disent pas ou très peu concernés comme victimes, tandis que 14,4 % le sont modérément ou fréquemment. Par exemple, 16 % des enfants ont répondu avoir été affublés d’un surnom méchant, 25 % avoir été injuriés, et le racisme fréquent est rapporté par 7 % des élèves. Au total, 11,7 % des élèves interrogés sont victimes de violences répétées à la fois physiques et verbales.

L’étude met également en garde contre les conséquences scolaires (décrochage, absentéisme) mais aussi psychologiques à long terme. Une faible estime de soi et des tendances dépressives sont beaucoup plus fortes pour les adultes ayant été harcelés enfants, selon l’enquête.

Article Le Monde

2) Un élève sur dix victime de violence

Une étude publiée hier par l’Unicef éclaire sur l’ampleur du phénomène de harcèlement à l’école. Un constat inédit. « On aurait qu’à le foutre dans une grotte où on irait péter chacun notre tour, ça ferait une chambre à gaz… », proposait le P’tit Gibus en guise de torture dans la Guerre des boutons. Devant le film, tout le monde se marrait. En réalité, personne n’aurait aimé se retrouver à la place de l’ennemi, seul face à la meute. Car chacun sait, au fond, qu’il suffit de peu de chose pour se retrouver promu bouc émissaire : de grosses lunettes, quelques taches de rousseur ou des notes un brin trop élevées... Le phénomène ne date pas d’hier. « Mais c’est comme le viol, ce n’est pas parce que cela a toujours existé qu’il ne faut pas le combattre », objectait hier Éric Debarbieux, directeur de l’Observatoire international de la violence à l’école, en présentant la première étude française sur le harcèlement scolaire, commandée par l’Unicef. Réalisée auprès de 13 000 élèves du public (CE2, CM1, CM2), l’enquête met en lumière la gravité des violences répétées, tant physiques que verbales, dont 11 % des enfants interrogés se disent victimes. Un chiffre alarmant mais sans point de comparaison. « Il n’y a pas de sentiment général d’insécurité à l’école, il ne faut pas s’affoler, tempère Éric Debarbieux. Mais il ne faut pas non plus minimiser le problème en sombrant dans l’angélisme. » À long terme, les conséquences de ce type de harcèlement peuvent en effet se révéler graves : décrochage scolaire, absentéisme chronique, mais aussi dépression, tentatives de suicide ou érosion de l’estime de soi pouvant mener, à l’âge adulte, à des situations de maltraitance, notamment conjugale. « La bonne nouvelle de cette enquête est que ces violences ne sont pas plus marquées dans les ZEP », s’est félicité l’universitaire Georges Fotinos, de l’Unicef. De même, Éric Debarbieux rejette l’idée « contre-productive » de « repérage précoce » des agresseurs, avancée par certains élus de la majorité. Avant de reconnaître que « les psychologues scolaires sont utiles ». Ces derniers seront, sans doute, heureux de l’apprendre.

LA FCPE VEUT DE LA PRÉVENTION

FCPE et SE-Unsa ont demandé davantage d’actions de prévention pour lutter contre le harcèlement à l’école. « Il faut plus d’adultes, mais ces postes ne cessent d’être supprimés », déplore Christiane Allain, vice-présidente de la FCPE. De son côté, Luc Chatel veut créer un « conseil scientifi que sur les discriminations à l’école ». « Cela ne saurait exonérer le ministre de dégager les moyens pour en finir avec un phénomène mésestimé », rétorque l’Unsa.

FLORA BEILLOUIN, L’Humanité


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