Porter les revendications de la révolution citoyenne : le défi de l’autre gauche portugaise (7 articles)

mardi 29 mars 2011.
 

Le premier ministre du Portugal, le social démocrate José Socrates, a démissionné hier soir. Des élections législatives anticipées devraient avoir lieu en Juin prochain.

Ce n’est pas une surprise. Le plan d’austérité que le gouvernement voulait faire passer en force au Parlement portugais (quatrième du genre en un an), rencontrait à la fois l’opposition de l’autre gauche (Bloc de Gauche et Parti Communiste Portugais) et de la droite (le PSD de Barroso). Ils ne s’y opposent bien évidemment pas pour les mêmes raisons.

Ce quatrième plan d’austérité est une application directe des politiques de privatisations, de casse sociale et de déréglementation du droit du travail imposées conjointement par le FMI et la Commission européenne. La dégradation croissante de la note du Portugal et les pressions de ces deux organismes nuisibles font plier ceux qui prétendent accompagner l’eurolibéralisme et servent de prétexte à ceux qui aspirent à le servir.

La droite ne veut pas de ce énième plan. Elle veut faire la preuve de l’efficacité du Mécanisme européen de stabilité plébiscité par Monsieur Barroso, celui-là même qui doit être validé par le Sommet européen ces 24 et 25 Mars. Eux qui avaient voté pour les trois plans d’austérité précédents, ont fait valoir hier qu’il fallait demander l’assistance financière du Fonds européen de stabilité financière qui est la base de ce mécanisme en cours d’élaboration. Le FMI est partie prenante de ce fonds. La BCE et la Commission européenne aussi. L’assistance octroyée est conditionnée par l’acceptation de plans d’austérité draconiens.

L’autre gauche refuse catégoriquement cette nouvelle soumission aux diktats du FMI. Entre le pire et le pire encore elle choisit le combat. Les mouvements populaires des dernières semaines, celui de la lutte contre la précarité de la "génération à l’arrache" du 12 Mars dernier et ses centaines de milliers de manifestant-e-s, celui de la CGTP pour le droit au travail digne du 19 Mars et ses dizaines de milliers de manifestants, et tous les mouvements en préparation, sont autant de raison pour l’autre gauche de ne pas baisser la garde.

Le Parti de Gauche soutient l’autre gauche portugaise dans son courageux combat et espère la voir unie pour porter dans les urnes et au pouvoir les revendications de la révolution citoyenne qui point au Portugal, pour que les portugais et les portugaises ne vivent plus "à l’arrache".

A luta continua ! A luta é alegria !

Vite une révolution citoyenne au Portugal ! (texte national PG)

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de fonctionnaires contestent les choix du gouvernement socialiste

2) Avis de grosse tempête sociale et politique sur le Portugal

La super-austérité du pouvoir socialiste soulève un tollé. Le premier ministre la présente comme un rempart au recours à une aide de l’UE conditionnée à un nouveau tour de vis. Le syndicat CGTP-IN appelle à une manifestation géante samedi.

Ce samedi 19 mars, la CGTP-IN, la principale confédération syndicale portugaise, appelle à nouveau à envahir les rues de Lisbonne « contre le gouvernement et sa déclaration de guerre aux travailleurs ». Il y a une semaine, 300 000 jeunes ont manifesté contre la précarité et le chômage dans les grandes artères des principales villes du Portugal. « La génération de la dèche », comme ils se sont surnommés, les rassemblements des enseignants, la grève des conducteurs de métro donnent la mesure du mécontentement national.

Le malaise social, déjà criant, est appelé à s’amplifier après l’annonce, le 10 mars, de nouvelles mesures d’austérité visant à renforcer le programme de stabilité et de croissance (PEC). Il s’agit du quatrième paquet de mesures de rigueur, en moins de deux ans, annoncé par le gouvernement socialiste de José Socrates, afin, espère-t-il, de ramener le déficit public à 4,6% du PIB et, par là même, contenir une dette publique explosive.

Lisbonne est-elle dans la tourmente au point de suivre, contrainte et forcée, le même chemin que la Grèce et l’Irlande, en empruntant au Fonds européen de stabilité financière et au FMI  ? Pressé par Bruxelles et les marchés financiers, le premier ministre refuse toujours toute mise sous tutelle internationale pour rembourser la dette. Mais, au rythme où s’emballent les taux d’emprunt, le pays risque fort de devoir se ranger à l’idée de recourir à une aide européenne, pourtant conditionnée à encore davantage d’austérité.

Alors, José Socrates donne des gages. Il y a une semaine, il s’est rangé derrière le pacte de compétitivité sur lequel les dirigeants des 16 autres pays de l’Union monétaire se sont mis d’accord. Un pacte qui institue, entre autres, la discipline budgétaire, la limitation de la dette publique et la modération salariale dans le secteur public. Autrement dit, José Socrates adopte la camisole antisociale franco-allemande, en ajoutant à l’austérité budgétaire de l’austérité salariale pour « soigner » une économie pourtant déjà en crise (0,3% de croissance au premier trimestre).

Les dernières mesures envisagées viennent renforcer les coupes franches déjà mises en œuvre avec le gel des salaires et la réduction des effectifs dans l’administration, ou encore la suppression de certaines prestations sociales, dont les allocations du chômage alors que près de 60% des sans-emploi ne bénéficient d’aucune aide. « C’est un ensemble de mesures d’une énorme violence et injuste, car il fait pression sur les couches les plus démunies de la population », a critiqué le secrétaire général de la CGTP-IN, Manuel Carvalho Da Silva. Qui plus est, estime le syndicaliste, ces mesures vont « irrémédiablement provoquer de la récession économique et appauvrir le pays », avec des conditions de licenciement assouplies. Or, rappelle le syndicat, entre 2008 et 2010, plus de 300 000 emplois ont déjà été supprimés.

La confédération n’est pas la seule à taper du poing sur la table. Pour des raisons divergentes, l’ensemble des partis politiques tirent à boulets rouges sur le nouveau plan d’austérité. Les groupes parlementaires ont d’ailleurs menacé de voter contre les dernières propositions de Socrates dans le cadre du budget de l’État 2011. « Cela ne peut plus continuer ainsi », a fulminé Pedro Passos Coelho, leader du principal parti d’opposition, le PSD (centre droit). Lequel jusqu’à présent avait toujours apporté son soutien aux socialistes. Mercredi, les députés communistes ont interpellé le ministre des Finances, Fernando Teixeira Dos Santos, sur les conséquences des mesures préconisées, estimant qu’elles « vont accentuer la précarité des salariés » alors qu’un tiers d’entre eux ont déjà des salaires inférieurs à 600 euros. Face à cette levée de boucliers, José Socrates a averti que « si le Parlement se prononce contre (son) programme, cela ouvrira la voie à une crise politique » de nature à inquiéter les marchés financiers. Selon lui, l’instabilité actuelle en raison de « l’irresponsabilité des partis politiques » pourrait accélérer le recours à une aide internationale qui compromettrait l’indépendance économique du pays. D’éventuelles élections anticipées ont même été évoquées. Les agences de notation accentuent, elles aussi, leurs pressions. Mardi, Moody’s a abaissé de deux crans la note de la dette, à « A3 », à la veille d’une nouvelle émission de dette à court terme d’un montant compris entre 750 millions et 1 milliard d’euros.

Cathy Ceïbe, L’Humanité


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