A propos du téléthon : Médecine et religion

samedi 16 décembre 2006.
 

Entre les religions et la médecine - entre ceux qui font profession de sauver les âmes et ceux qui prennent soin des corps -, les relations sont parfois ambiguës. Quand elles ne sont pas franchement conflictuelles.

Les réticences manifestées par l’Église à l’égard du Téléthon, dont les fonds ont été soupçonnés de financer des recherches qui " confinent à l’eugénisme ", ne sont que le dernier en date de ces conflits. Les arguments mis en avant par quelques prélats reflètent, dira-t-on, les troubles que sèment dans les esprits les avancées de la science et des recherches, singulièrement sur les cellules souches et maintenant sur les cellules souches préembryonnaires, et les fantasmes qu’ils déchaînent. N’empêche : l’Église semble parfois faire passer ses impératifs moraux avant les exigences de la médecine.

Dans d’autres domaines, son attitude ambiguë, sinon franchement hostile, vis-à-vis des préservatifs ou des IVG, a souvent été perçue comme une inadmissible intrusion du sacré dans le champ sanitaire. Dans certains cas, elle a constitué un outrage à la santé publique.

Dans ces relations conflictuelles, l’islam n’est évidemment pas en reste. Qu’au nom de la foi, des femmes musulmanes - de leur propre chef ou sous la pression de leur mari ou de leur famille -, refusent d’être soignées par des hommes, que certaines professionnelles de santé demandent à porter le voile sur leur lieu de travail, qu’au nom d’on ne sait trop quels principes religieux - que les plus éclairés contestent d’ailleurs -, on en vienne à mettre en péril la santé d’êtres humains, voilà qui ne peut laisser indifférent le monde de la médecine. Sans parler, bien sûr, du cas des témoins de Jéhovah ou des multiples dérives sectaires.

Tout indique que les relations entre la médecine et la recherche d’une part et les religions d’autre part, risquent de devenir de plus en plus tendues. L’affaire du Téléthon, tout comme les difficultés qu’éprouvent, dans certains hôpitaux ou dans certains quartiers, les professionnels de santé à exercer normalement leur art en dehors des contraintes religieuses, l’attestent. Cela rend plus que jamais nécessaire le maintien d’un dialogue permanent entre le scalpel et le goupillon. Le droit à la liberté religieuse est, si l’on ose dire, sacré. Mais il ne saurait s’exercer au détriment de la santé publique.

par Bruno Keller


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