Forum Front de Gauche sur l’argent dans la Sarthe (2 articles)

samedi 12 mars 2011.
 

1) Front de gauche et argent font salle pleine

Hier soir, le forum de réflexion, en présence des responsables nationaux, a rassemblé 300 personnes. Au milieu de la salle Henri-Barbin, l’ancien « bouillon populaire », une estrade et, tout autour, le public. Près de 300 personnes en ce vendredi, soir de match de foot et de départ en vacances.

Même si quelques affiches des candidats du Front de gauche sont posées dans un coin, ce n’est pas d’élection cantonale qu’on est venu parler, mais d’argent. Thème choisi par le Front de gauche pour son « forum de réflexion ». Trois pointures pour l’alimenter : Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, Jacques Généreux, économiste et responsable national du Parti de gauche et Nicolas Benies, économiste intervenant à l’université populaire de Caen, et responsable de la Gauche unitaire. Et des témoins : deux universitaires, des élus du Mans et Allonnes...

Le débat se veut « ouvert et ancré dans la réalité quotidienne des gens, avec leurs colères et leurs espoirs ». On y parle injustice, protection sociale « de qualité », répartition des richesses, revalorisation des salaires...

« Il faut revenir à une échelle de 1 à 20 (entre le plus faible et le plus gros salaire), et non pas de 1 à 300 comme on voit aujourd’hui », prône Jacques Généreux. « Aujourd’hui, 8 millions de salariés gagnent moins de 950 € par mois », renchérit Pierre Laurent.

Tandis que Nicolas Benies livre sa vision du mouvement social de l’automne sur les retraites. « Il a échoué sur l’objectif qu’il s’était fixé : la retraite à 60 ans. En revanche, il a gagné sur un point : la délégitimation du gouvernement. Avec un Nicolas Sarkozy qui ne rassemble plus aujourd’hui que 30 % d’opinions favorables ». Pour lui, « quand 70 % de la population est opposée à une réforme, c’est une atteinte démocratique ».

Source : Ouest France

2) Argent : le Front de gauche mise sur les citoyens

Dans la Sarthe, vendredi, les trois composantes du rassemblement (PCF, PG et GU) ont organisé un forum national thématique sur l’autre utilisation de l’argent que la gauche devra impulser si elle revient au pouvoir.

De l’avis général, c’est la question centrale à gauche pour engager une politique de changement : utiliser l’argent autrement. En organisant un forum national avec trois cents participants sur ce thème dans le chef-lieu de la Sarthe, fief hautement symbolique du premier ministre, François Fillon, les trois composantes du Front de gauche ont d’emblée fixé leur ambition, vendredi soir. Pour Denis Durand, économiste communiste et syndicaliste à la Banque de France, la gravité de la crise appelle des réponses qui ne se contentent pas de « répartir autrement les richesses telles qu’elles se créent, mais qui changent aussi la façon de les produire en confiant de nouveaux pouvoirs aux travailleurs ».

Un chiffre résume l’emprise du capital financier sur l’économie : entre 1992 et 2009, celui-ci s’est accaparé 14 points de plus de la richesse produite, soit 34 % de la valeur ajoutée totale, représentant 326 milliards d’euros selon les comptes nationaux - deux fois le produit des cotisations sociales.

Reprendre le pouvoir sur le crédit

Denis Durand invite à amplifier et à soutenir les luttes pour qu’aucun levier financier ne reste aux mains des actionnaires : argent privé des entreprises, mais aussi argent public, alors que les États sont les nouvelles cibles des attaques spéculatives, et argent du crédit.

Réorienter celui-ci vers les besoins sociaux et écologiques rend indispensable la création d’un pôle public bancaire, rappelle Denis Durand.

Dans le public, on s’interroge :

comment utiliser l’argent autrement en France sans attendre de convaincre les autres États européens de faire sauter le verrou des traités ? Le peut-on vraiment ?

Quid d’une grande réforme fiscale ? Que faire de la CSG ? Et l’augmentation des salaires, ne doit-elle pas être la priorité ?

Rupture avec les traités européens

Délaissant l’inventaire des mesures particulières que le Front de gauche doit inscrire à son programme, Jacques Généreux, économiste du Parti de gauche, préfère souligner ce qui fait, à ses yeux, le net clivage au sein de la gauche qu’il conviendra de trancher : celui de la rupture nécessaire avec les traités européens et de l’OMC pour engager une autre politique. « 

Nous ne proposons pas de sortir de l’euro et de l’Europe, mais de mettre en oeuvre notre programme qui est contradictoire avec les traités », insiste-t-il.

Un avis partagé par Nicolas Béniès, économiste de la Gauche unitaire, qui insiste sur la nécessité de répondre en priorité aux besoins collectifs en réorientant l’argent vers les services publics. Pour Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, la crédibilité du programme du Front de gauche pour utiliser l’argent autrement dépend surtout de la dynamique populaire à créer. « 

Les objectifs qu’on se fixe doivent être ceux de millions de gens qui disent : voilà ce que la gauche doit faire. Par exemple, l’idée qu’un nouveau gouvernement devra proposer dans les cent premiers jours une loi pour rétablir la retraite à soixante ans. Idem sur la remise en cause du pacte de stabilité, l’augmentation des salaires, ou encore la réforme fiscale. »

Sébastien Crépel

Source : L’Humanité


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