Europe Ecologie Verts pour 2012 Ni gauche Ni droite ?

samedi 26 février 2011.
 

1) Denis Baupin « A droite ou à gauche. La vie politique n’est pas binaire »

Entretien le 16 février 2011

Denis Baupin, conseiller Europe Écologie-les Verts de Paris et membre de la direction nationale, est persuadé que son mouvement présentera un candidat à la présidentielle.

Présenterez-vous 
un candidat à l’élection présidentielle et, si oui, avec quels objectifs  ?

Denis Baupin. Oui, nous présenterons un candidat. 
On ne peut être absent de l’élection la plus structurante de la vie politique française quand on pense, comme nous, que les questions écologiques sont des questions fondamentales du XXIe siècle. 
Si on veut jouer un rôle pour influer sur les politiques énergétiques, 
de transports, de solidarité… 
il faut se présenter.

Quelle place compte occuper
la candidature d’Europe Écologie-les Verts sur l’échiquier politique  ?

Denis Baupin. On nous pose souvent la question de savoir si nous sommes à droite ou à gauche. La vie politique ne se résume pas à cette vision binaire. Il n’y a pas de possibilité d’alliance avec la droite. Sur l’écologie, on l’a vu avec le Grenelle de l’environnement, sur les questions sociales ou démocratiques, les accords sont impossibles. Par rapport à la gauche traditionnelle, cela dépendra de sa capacité à prendre en compte nos propositions.

Entre Eva Joly, qui se prononce pour Dominique Strauss-Kahn, 
et Nicolas Hulot, qui trouve les clivages gauche-droite obsolètes, n’y a-t-il pas grand écart  ?

Denis Baupin. Dans une élection, il y a deux tours. Au premier, nous affirmerons notre projet écologiste différent des propositions de la droite et de la gauche, que nous ne renvoyons pas dos à dos. Au second, face à Sarkozy, quels que soient les propos tonitruants des uns et des autres, personne ne prendra le risque d’un second mandat pour le président de la République.

Néanmoins, les clivages gauche-droite sont-ils obsolètes  ?

Denis Baupin. Je demande à voir concernant les propos de Nicolas Hulot. Je conseille à tous ceux qui ont de lui une vision caricaturale d’aller voir son film et ils pourront être rassurés. Il a des convictions plus à gauche qu’un certain nombre de candidats potentiels des partis de gauche.

Entretien réalisé par Max Staat

2) Hulot de droite ou Hulot de gauche

2a) Source :

http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...

Nicolas Hulot assure que le clivage droite-gauche est "obsolète", et que l’écologie qu’il porte transcende les chapelles. D’ailleurs, à la politique, il a toujours préféré le lobbying intensif auprès des décideurs, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy en tête.

Une affinité avec la droite ? "Les circonstances de la vie", répond Dominique Bourg. Fan de son émission Ushuaïa, Jacques Chirac l’a appelé, ils sont d’abord devenus amis, et la politique a suivi, dit-il. "Si Chirac n’était jamais sorti du radical-socialisme et s’était trouvé à la place de Mitterrand dans les années 1980, Hulot se serait retrouvé dans tous les salons de gauche !", jure-t-il. Pascal Durand lui s’agace : "Personne n’est allé reprocher à l’abbé Pierre de frapper à la porte de Chirac !".

Et l’argent des grands groupes comme EDF ou la SNCF pour financer sa Fondation et son film "Le syndrome du Titanic" en 2009 ? "J’assume le dialogue avec le monde économique", avait répondu alors Nicolas Hulot. "Il faut des moyens pour se battre." Sa stratégie et sa nature profonde "consistent à accompagner, pousser le plus loin possible" une idée, un projet, "sans s’opposer" ouvertement, analyse Bérangère Bonte.

2b) Source : entretien dans Libération le 7 septembre 2009

" Au risque de vous choquer, je ne sais pas où je me situe. Je ne sais pas s’il y a un protocole de gauche ou de droite. Les contraintes sont telles que le réalisme prime sur l’idéologie. Dans le contexte de gravité et de complexité actuel, ce clivage-là n’est plus opérant. »

2c) Source :

http://www.lefigaro.fr/environnemen...

L’animateur a toujours marqué sa méfiance vis-à-vis de ces « purs » qui refusent de se salir les mains, qui lui reprochent un positionnement farouchement en dehors du clivage gauche-droite, et loin de l’anticapitalisme militant. « Je n’ai pas une vision diabolique du monde économique, se défend l’animateur. Tous les acteurs économiques ne sont pas des exploiteurs, et ces grandes entreprises, c’est aussi le monde du travail. » Et de rappeler que, pour le combat qu’il entend mener, il faut de l’argent. Quand on n’a pas de fortune personnelle, et que l’on n’a pas envie de grever davantage le budget de l’État, reste la philosophie de Clemenceau : « Quand la maison brûle, on ne regarde pas qui passe les seaux d’eau. » Et Nicolas Hulot, à ce jeu-là, est désormais libre de choisir d’où viennent les seaux. Quitte à se payer le luxe d’arroser un peu ceux qui les lui passent.

Car la bête noire des écolos radicaux, celui qui avait inspiré à Jacques Chirac son discours sur l’écologie « humaniste », et qui avait permis à Nicolas Sarkozy de damer joliment le pion à la gauche sur les questions d’environnement, semble avoir franchi le Rubicon. Au point d’agacer sérieusement Daniel Cohn-Bendit...

Hulot le funambule reste droit sur son fil " Je ne rejette pas en bloc le système. Je suis contre le capitalisme sauvage, qui nous mène à la catastrophe. Tout comme l’est le G20 quand il réglemente - grâce à Sarkozy - les paradis fiscaux. L’exemple de ce qu’il faut faire, c’est le paquet énergie-climat : une croissance-décroissance sélective en fonction des flux, et une utilisation intelligente de la technique. Le problème se complexifie, il faut donc s’adapter sans dogmatisme. »

3) Le grand écart
 présidentiel des écolos

Gauche, centre gauche ? Candidat, pas candidat ? Autant de questions qui animent les militants d’Europe Écologie-les Verts (EELV) dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012 avec, en toile de fond, l’avenir de leur mouvement.

Lors de la naissance de leur formation, en novembre à Lyon, les militants venus des Verts et d’Europe Écologie, forts de leur succès électoraux aux élections européennes de 2009 et régionales 2010, avaient réussi à se mettre d’accord sur un projet d’écologie politique. Une question restait en revanche en suspens. Quelle place occuper sur l’échiquier politique pour faire fructifier ces résultats électoraux, également gonflés par des déçus du Modem ?

Les débats au sein d’EELV sur les candidatures, celle d’Eva Joly et celle, toujours en attente, de Nicolas Hulot en témoigne en partie. Au-delà des querelles de chiffres pour savoir qui des deux a la faveur des Français (l’animateur d’Ushuaïa arrivant, dans un sondage LH2, en tête avec 35 % devant Eva Joly qui peine à 16 % quand 43 % des sondés disent ne préférer ni l’un ni l’autre), la question du positionnement aura toute son importance.

Car une popularité ne fait pas un vote. D’ailleurs un sondage OpinionWay donne seulement 8 à 10 % d’intention de vote à l’ex-magistrate et 6 à 8 % à l’écologiste vedette.

Un clivage gauche-droite obsolète ?

L’une, Eva Joly, chantre de la vertu sur le plan économique et politique, avoue avoir pour « objectif de battre Nicolas Sarkozy » et « si au deuxième tour, c’est Strauss-Kahn... je voterai pour lui » à condition, précise-t-elle, « qu’il défende certains objectifs écologistes ». Elle ajoute, comme pour excuser par avance son soutien à Dominique Strauss-Kahn : « C’est sûr que je n’aime pas la politique du Fonds monétaire international » mais « il faut faire la distinction entre le FMI et son directeur ». Les peuples grec et irlandais apprécieront.

L’autre, Nicolas Hulot, ami de Jean-Louis Borloo, avoue que le « clivage gauche-droite » est « obsolète ». Il précise même que l’écologie qu’il porte « transcende les chapelles ». Grand écart assuré de la gauche au centre. Reste cependant à savoir si Nicolas Hulot quittera son piédestal pour descendre dans l’arène des élections présidentielles. Ce qu’il avait refusé en 2007. La primaire écologiste, prévue initialement début juillet, pourrait être repoussée à l’automne quand l’intéressé devrait se prononcer en avril.

La candidature écologiste qui, si elle tient jusqu’au bout (ce dont doutent certains membres d’EELV), s’inscrit avant tout dans un élément du débat avec les socialistes pour obtenir l’accord électoral le plus profitable pour les élections législatives qui suivront. Lors de ces échéances, EELV espère décrocher une cinquantaine de circonscriptions gagnables lui permettant de constituer un groupe à l’Assemblée nationale. Cette perspective lui permettrait de parfaire son implantation d’élus sur tout le territoire et de pérenniser l’avenir de son mouvement. Ce qui semble l’objectif numéro un d’Europe Écologie-les Verts.

Max Staat, L’Humanité


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