Le Front de Gauche confirme sa cohésion

lundi 14 février 2011.
 

Le premier congrès de la Gauche Unitaire s’achevait ce dimanche. J’étais invité à m’exprimer au cours de la séance de clôture, juste après Marie George Buffet et juste avant Christian Picquet, le porte parole de ce mouvement. Ce qui était émouvant sur place c’était de voir des militants qui ont rompu comme tant d’entre nous avec leur organisation pour en créer une nouvelle, sur une nouvelle visée, et qui font leur bilan en cours de route. Ce moment de leur histoire est singulier. Tout comme nous, ils se découvrent entourés de personnes qui sont devenues des camarades et des proches, bien davantage parfois que ceux du passé avec qui ils avaient passé tant d’années dans leur organisation initiale. Et le renouvellement des adhérents, l’augmentation de leur nombre n’installe pas que de nouveaux visages. Ce sont aussi des parcours, des expériences d’abord éloignées qui s’ajoutent.

La Gauche Unitaire est une formation « creuset » tout autant que nous au Parti de Gauche le sommes. Cela change tout. Le rameau initial se perd vite de vue à mesure qu’on s’éloigne de la côte de départ. Chaque jour se renforcent les liens du présent. C’est la loi du combat commun. Chaque jour se renforcent les liens que crée l’invention en commun du futur. Ainsi nait une nouvelle identité. Pas seulement collective mais aussi personnelle pour ceux qui s’y impliquent. Le militantisme, c’est à dire l’engagement actif, est une alchimie humaine très intrusive. Certes, les femmes et les hommes du congrès de la Gauche Unitaire n’avaient pas à leur ordre du jour cette méditation ontologique. Mais moi j’y pensais, en les observant depuis la tribune où l’on m’avait installé. Assis devant une citation de Maximilien Robespierre, j’étais chez moi.

Christian Picquet a conclu les travaux du congrès. Il a dit mesurer combien vocabulaires et références sont devenus proches entre composantes du Front de Gauche. Je constate que c’est assez frappant s’agissant d’eux et de nous. Les cinq points du programme sont partagés et le vocabulaire à leur sujet est le même. Ainsi de la « planification écologique » que nous portons ensemble. Mais je ne veux pas manquer de noter autre chose de fondateur. Je pense à cette affirmation républicaine de la gauche unitaire qui rejoint ainsi à présent son principal fondateur, Christian Picquet, sur la question de la République sociale. C’est sur ce thème que lui et moi nous étions découverts et approchés le 3 novembre 2003 pour une conférence commune sous le timbre du club que je présidais alors « la République sociale ». Je crois qu’en fait la suite du chemin commun ne fut possible si vite et si fortement qu’après cela.

Marie Georges Buffet avait fait un discours très allant en ouvrant la séance. Son enthousiasme pour les révolutions de l’autre rive de la méditerranée était bien mis en mots. J’ai noté qu’elle nous a lu des vers, chemin faisant. Sa façon d’être semble soulagée du poids de la lourde responsabilité qu’elle assumait jusque là à la tête de l’organisation communiste. Elle est donc en souplesse sur ses thèmes d’intervention et c’est très entrainant de l’entendre. La conclusion fit bien rire. C’est toujours un habile viatique du message politique que l’humour. Elle dit : « certains disent que Mélenchon ferait bientôt une OPA sur le Parti Communiste ! Eh bien moi je leur dis : faites attention ! Les communistes en juin pourraient bien faire une OPA sur Jean Luc Mélenchon ! » La salle éclata de rire et applaudit. J’y vois un bon encouragement. Pour autant je suis bien placé pour savoir que la discussion est loin d’être conclue parmi les Communistes. N’empêche qu’avec la déclaration de Christian Picquet ce fut une matinée qui affichait une solide volonté de rassemblement. Je reviens sur ce sujet qui mérite grande attention.

Faisons le point. Les trois partis du Front de gauche détestent en commun cette élection présidentielle qui défigure l’espace politique des citoyens et le rabougrit avec une personnalisation caricaturale des enjeux. Pour autant il ne saurait être question de contourner un quelconque rendez vous avec le suffrage universel. Surtout celui qui met en jeu l’essentiel de l’architecture du pouvoir du pays. Les trois partis se prononcent pour une candidature commune à l’élection présidentielle. Ce n’est pas rien. Il n’existe aucune autre convergence de cette sorte ailleurs dans le paysage de la gauche. Ce premier point est trop souvent passé sous silence. Ou bien il va de soi à ce point que nous même nous cessons d’en mesurer la portée.

Notre union c’est notre atout. C’est elle qui met à la disposition des électeurs une force, un point d’appui pour la révolution citoyenne. C’est elle qui nous fait passer du statut de force de témoignage à celle de protagoniste des évènements politiques qui font l’histoire du pays. Notre méthode est ciblée, nous nous unissons pour unir le peuple sur des objectifs communs et non pour unir des organisations politiques et des états majors. C’est pourquoi candidature commune et programme partagé font une seule et même démarche. La démarche du programme partagé fait son chemin. Dans un mois nous l’aurons bouclée. Une nouvelle phase commencera. Il s’agira d’aller encore davantage en avant. Nous avons testé une formule de travail ce samedi, celle des « ateliers législatifs ». Il s’agit, sur un thème, de passer de l’orientation générale à la forme précise et concrète d’un projet de loi. Nous rodons cette nouvelle machine pour en faire un prototype fonctionnel qui puisse être mis en partage. C’est à mes yeux la principale machine à former du rassemblement concret que celle là. Les changements profonds que nous mettons à l’ordre du jour ne sont pas possible sans une très large implication populaire. Une implication informée et consciente. L’atelier législatif est l’instrument qui prépare cette forme d’implication.


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