Janvier 2011 11 ème congrès du PC vietnamien Une « économie de marché à orientation socialiste »

lundi 24 janvier 2011.
 

3) Passage de témoin au PC vietnamien

Dans un contexte difficile en raison de la crise financière, le congrès du Parti communiste vietnamien s’achève sur un profond renouvellement des dirigeants. Hanoi, envoyée spéciale.

C’est avec un profond renouvellement de ses instances dirigeantes que le Parti communiste vietnamien a conclu, hier, à Hanoi, son 11e Congrès. Nguyen Phu Trong succède au poste de secrétaire général à Nong Duc Manh, qui se retire, comme le stipulent les statuts du PCV, à l’issue de deux mandats consécutifs. Sur quatorze membres que compte le Bureau politique, cinq y font leur entrée et neuf ont été reconduits, comme le premier ministre, Nguyen Tan Dung, les ministres de la Sécurité publique et de l’armée et Truong Tan Sang, secrétaire permanent du Comité central et numéro 2 du PCV. Au Comité central, les nouveaux venus occupent la moitié des 175 postes titulaires. Ils sont 23 sur 25 aux sièges de suppléants.

Nguyen Phu Trong, théoricien du marxisme

Comme son prédécesseur, avant de prendre la tête du Parti, Nguyen Phu Trong, intellectuel populaire et théoricien du marxisme âgé de soixante-sept ans, occupait, depuis 2006, la présidence de l’Assemblée nationale, laquelle a confirmé ces dernières années son importance dans la vie politique du pays. Après avoir obtenu son doctorat en histoire à Moscou, en 1981, Trong fut secrétaire du comité du Parti de Hanoi et vice-président de la commission idéologique du PCV. Son accession à la direction du PCC appelle d’autres nominations qui interviendront en mai, à l’issue des élections législatives, au suffrage universel. Ainsi seront à pourvoir les postes de premier ministre, la présidence de l’État et celle du Parlement. Le chef du gouvernement sortant, Nguyen Tan Dung, est candidat, à soixante et un ans, à sa propre succession. Sa reconduction semble acquise après le consensus politique qui ressort du congrès sur les grandes étapes du développement économique. Quant à Truong Tan Sang, il pourrait devenir président de la République en remplacement de Nguyên Minh Triêt atteint par la limite d’âge.

Mais c’est dans un contexte difficile dû aux secousses de la crise financière internationale mais aussi à des freins internes au Vietnam, inhérents à cette étape de développement, que la nouvelle direction communiste entame ses prises de responsabilités. Elle sera confrontée dans l’immédiat à d’importants problèmes économiques, la hausse des prix, l’inflation, le déficit commercial. Elle en est consciente et aborde ces défis en toute lucidité, comme l’a pointé le rapport politique adopté par l’ensemble des congressistes, définissant les grandes orientations économiques pour la décennie à venir. Avec pour objectif de s’attacher à une croissance de qualité et à un développement stable de nature à mener conjointement croissance économique et progrès social.

Consolider les acquis du Doi Moi, le renouveau, et accélérer son processus, c’est un choix qui va de pair avec la responsabilité de chacun des membres du Parti dont les statuts ont été revus pour mieux réglementer leur conduite. Des appels en ce sens se sont multipliés de la part de délégués, comme Dang Van Xuong, de la province de Long An (sud), pour lequel « non seulement un membre du Comité central doit être politiquement ferme, dynamique, créatif (…) et capable de prendre ses responsabilités (…), mais sa famille doit aussi être exemplaire ». Autre intervention, reproduite dans les médias vietnamiens, et significative des débats qu’engendre, dans l’étape actuelle du développement, la diversification de la société  : elle est de Dang Nguc Tung, secrétaire de la Confédération syndicale et appelle à donner à la classe ouvrière « un rôle plus actif au sein du Parti, notamment en accueillant dans ses rangs un plus grand nombre de militants syndicaux ».

Dominique Bari

2) Un nouveau souffle pour le Doi Moi

Le Vietnam a réussi à se hisser, l’an dernier, hors du sous-développement. Hanoi, envoyée spéciale.

Depuis l’an dernier, le Vietnam, avec ses 86 millions d’habitants, se compte dans le groupe des pays à revenu intermédiaire. Il est passé, en vingt-cinq ans, d’un revenu annuel moyen inférieur à 100 dollars, en 1986, à près de 1 200, en 2009. Cette sortie spectaculaire du sous-développement, qui a vu en conséquence tomber le taux de personnes vivant sous le seuil de pauvreté de 58%, en 1993, à 12% aujourd’hui, a été rendue possible par la mise en place, dès 1986, de la politique du Doi Moi, le renouveau. Celle-ci s’appuie sur la recherche d’une voie propre au Vietnam, qualifiée d’« économie de marché à orientation socialiste » et de nature à stimuler le développement en ouvrant les frontières à des investissements étrangers et en encourageant le secteur privé, tout en gardant la maîtrise globale de son économie. Le marché est alors utilisé comme moyen et non comme but, ce qui impliquerait systématiquement un retour du capitalisme.

Depuis deux décennies, le Vietnam maintient le cap de ses priorités tout en s’intégrant dans une économie mondiale globalisée soumise aux marchés financiers. Ce qui n’est pas sans engendrer des contradictions comme une polarisation sociale, la montée des couches moyennes, qui mettrait en cause l’unité de la société et les succès durement acquis. La bataille contre la pauvreté n’est pas terminée, rappellent les dirigeants vietnamiens. Dans les cinq ans à venir, l’objectif est de la réduire à moins de 2%. Dans le même temps, la tâche sera de garantir des revenus stables à ceux qui sont sortis de la pauvreté pour empêcher qu’ils y retombent. Elle sera aussi de consolider un développement équitable qui fera d’un Vietnam une « nation industrialisée et moderne » d’ici à 2020.

La décision prise par le 11eCongrès d’accélérer le processus du renouveau en lui insufflant un nouvel élan vise à répondre à ces objectifs en mettant l’accent sur la qualité de la croissance axée sur plusieurs priorités  : une modernisation faisant appel à une utilisation plus grande des moyens technologiques, le développement des infrastructures, une hausse du niveau de l’éducation, une meilleure qualité des ressources humaines et la lutte contre la corruption. En se basant sur une croissance économique en moyenne de 7% à 7,5% dans les cinq prochaines années, le Vietnam serait en mesure, dès 2015, d’afficher un PIB moyen per capita de 2 000 dollars.

D.B.

1) Le 11e congrès du Parti communiste vietnamien se tient à Hanoi jusqu’au 19 janvier

Le 11e Congrès du Parti communiste du Vietnam (PCV) s’est ouvert mercredi matin dans le très moderne centre national de conférences à Hanoi. Un moment politique fort pour le pays puisqu’il s’agit, pour les 1 377 délégués, de discuter des grandes orientations du développement socio-économique du pays pour la prochaine décennie et de procéder au renouvellement des instances politiques. Vingt-cinq ans après le lancement des réformes de Dôi Moi (le Renouveau), qui lui ont permis de sortir d’une situation de sous-développement, le Vietnam affiche son ambition, celle de devenir une « nation industrialisée et moderne » d’ici à 2020. Le thème retenu et développé dans le rapport d’ouverture du secrétaire général, Nong Duc Manh, met l’accent sur une accélération du processus de Renouveau propre à assurer « un développement rapide durable, plus harmonieux » et moins générateur de déséquilibres sociaux et régionaux. Pointant les succès de ces dernières années, en dépit d’un ralentissement dû aux effets de la crise financière mondiale, Nong Duc Manh n’en a pas moins relevé des faiblesses, comme l’insuffisance des sciences et des techniques, le manque de qualifications ou le déficit d’infrastructures, autant de handicaps à la modernisation du pays. « Créer les fondements pour que le Vietnam devienne, pour l’essentiel, un pays industrialisé en 2020 signifierait une croissance moyenne de 7 à 8% pour aboutir à un PIB, en 2020, 2,2 fois supérieur à celui de 2010 et à un revenu per capita d’environ 3 000 dollars (1 168dollars, l’an dernier – NDLR), calculé au prix réel », a-t-il réaffirmé. Ce sera à une nouvelle équipe dirigeante de pousser à la réalisation des objectifs fixés. Nong Duc Manh, atteint par la limite d’âge et à l’issue de deux mandats, ne pourra être réélu. Il en est de même pour l’actuel chef de l’État et pour le président de l’Assemblée nationale.

Dominique Bari


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