23 septembre 2010 : La Journée du refus de l’échec scolaire demande une autre évaluation

dimanche 9 janvier 2011.
 

Mercredi 23 septembre, la 3ème Journée du refus de l’échec scolaire, organisée par l’Afev et Curiosphère, a réuni plus d’une centaine d’acteurs de l’école pour une réflexion sur la souffrance à l’Ecole. Au centre des débats : l’évaluation et l’encadrement des élèves. Un nouveau site réunira les contributions pour faire avancer le débat.

Avant même l’ouverture de la Journée, certains médias en balisaient le chemin. Telle radio évoquait dans ses informations, les professeurs qui "martyrisent les élèves". Entre le silence sur les souffrances à l’Ecole et son exploitation médiatique, les organisateurs avaient à tracer le chemin. Pas facile.

Déjà parce que les chiffres du "baromêtre" de Trajectoires Réflexe, un sondage réalisé en 2009 auprès de jeunes suivis par les étudiants de l’Afev, semblaient inquiétants. 76% des collégiens, 66% des écoliers affirment ne pas aimer aller à l’école. 35% ont une boule au ventre avant d’y aller. 55% ont été victimes de moquerie. 52% de problèmes avec d’autres élèves. Un constat à faire frémir mais qui est partiellement conformé par d’autres enquêtes.

Quels leviers pour diminuer la souffrance ? Pour Claire Brisset, ancienne Défenseure des enfants et ancienne Inspectrice générale, c’est la mentalité de l’Ecole qu’il faut changer . Les enseignants ne voient que des élèves là où il y a des enfants. Le vocabulaire de l’Ecole est hermétique, peut-être parce que ce n’est plus celui des anciennes générations… Du coup il rend l’Ecole étrangère aux familles et aux enfants. Pour que l’enfant trouve sa place au collège, il faut changer les programmes.

André Antibi a rappelé l’action du Mouvement contre la constance macabre pour changer les modes d’évaluation. L’évaluation par contrat de confiance permet de dépasser la peur des notes et finalement de mieux faire travailler les élèves.

Thomas Sauvadet, un sociologue de Paris 8, a travaillé sur les "jeunes de la rue". Il souligne l’incompréhension entre leur univers et celui de l’école. Ils n’en connaissent pas les codes et ot du mal à savoir ce qu’on attend d’eux, d’où des attitudes de défi ou de mutisme. Ils ont déjà une grande expérience de l’autoritarisme des adultes et celle des enseignants leur parait "fade" voire "ridicule". L’univers scolaire est perçu comme totalement extérieur.

Pour Nicole Catheline, pédo-psychiatre, les enseignants doivent apprendre à observer les élèves en dehors des situations scolaires. Ils doivent apprendre à gérer le groupe, chercher à partager avec les élèves quelque chose qui constitue le groupe.

Pour Matthieu Hanotin, vice-président du Conseil général de Seine-Saint-Denis, l’architecture des bâtiments scolaires peut aussi encourager la souffrance. "Si un bâtiment scolaire incarne l’image de l’échec, il sera difficile aux élèves et aux enseignants d’y vivre bien". Il a annoncé un plan de 700 millions sur 5 ans pour rénover et équiper les collèges du 93 avec le souci d’offrir les mêmes droits à tous les collégiens.

Paul Robert a pu évoquer la Finlande, un pays où "l’élève est regardé comme un enfant et celui-ci comme une personne globale. Un pays aussi où chacun a le droit d’apprendre dans sa langue jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire. La minorité suédoise a des écoles où l’enseignement est en suédois. C’est aussi le cas des deux autres minorités : les Lapons et… les Roms… Enfin l’école est effectivement gratuite, cantine et fournitures incluses.

Les profs responsables ? Grand témoin, avec Claire Brisset, de la journée, le pédopsychiatre Marcel Ruffo a finement décrypté les chiffres et les enjeux de la journée. "Que 76% des collégiens disent ne pas aimer aller au collège, c’est normal c’est dans les défis que les adolescents lancent aux adultes". Par contre un autre chiffre l’a fait sursauter : 18% des élèves estiment que personne n’a d’intérêt pour eux. Ce chiffre est pour lui à rapprocher des 14% d’enfants vulnérables. "L’échec scolaire c’est autre chose". Marcel Ruffo a aussi parlé de la souffrance des enseignants. "L’inquiétude des parents s’est transportée dans l’Ecole". Elle n’est plus un sanctuaire qui rassure les parents et ceux-ci manifestent leurs peurs. Du coup, "cela génère l’inquiétude des enseignants, la peur d’être tenu pour responsable de l’échec". Cette "peur imaginaire de responsabilité" a rendu le métier plus difficile.

En conclusion, les organisateurs lançaient une idée et un projet. L’idée concerne la notation : militer pour l’interdiction des notes au primaire. Pour la soutenir, un blog est ouvert. "Agir contre l’échec scolaire" propose des ressources fournies par les partenaires de l’événement. A noter les vidéos de François Dubet. Et l’expérience du collège Mermoz de Lyon. Un établissement qui a innové en mettant en place des dispositifs qui facilitent l’intégration réelle des collégiens au projet de l’établissement, entre autre parce qu’il soude l’équipe éducative de façon institutionnalisée.

Par François Jarraud


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