2012 : POUR UN RASSEMBLEMENT SANS EFFACEMENT DU PCF

lundi 13 décembre 2010.
 

La campagne pour l’élection présidentielle de 2012 a incontestablement commencé. Face à la crise très grave du système capitaliste et aux besoins de se débarrasser vraiment des politiques de régression sociale, les communistes, dans le Front de gauche, ont une responsabilité historique :

- Pour faire prévaloir les exigences sociales des gens qui souffrent et qui ont besoin d’un rassemblement développant de façon cohérente le combat sur les moyens financiers et les pouvoirs en France, en Europe et dans le monde, pour une autre vie ;

- Pour contribuer à faire avancer des propositions radicales et réalistes, ainsi que pour la prise en mains par les gens eux mêmes de grands axes de transformation sociale ;

- Pour changer toute la gauche, afin qu’elle puisse gagner en 2012 pour un véritable progrès social et de civilisation.

Or, pendant que Jean-Luc Mélenchon est quotidiennement intronisé par tous les grands médias comme le « candidat naturel » du Front de gauche et qu’il avance ses propositions, les communistes sont, eux, invités à ne se préoccuper, pour l’heure, que « du fond », du contenu de ce que pourrait être un « programme populaire partagé ». Nous voulons partager le plus possible avec lui, comme avec d’autres d’ailleurs. Mais les idées que Jean-Luc Mélenchon exprime sont souvent, sur des sujets essentiels, éloignées des élaborations novatrices portées par les communistes.

Faudrait-il se priver de ces apports du PCF ? Nous pensons que non ! Déjà, avec des propositions précises, celui-ci a contribué à faire avancer dans le grand mouvement sur les retraites des exigences articulant un objectif social (les 60 ans à taux plein), de nouveaux moyens financiers, despouvoirs pour les travailleurs à une visée nouvelle de civilisation : l’utilisation de l’allongement de l’espérance de vie en bonne santé pour des activités sociales libres des retraités. Cette cohérence indispensable de grandes propositions de progrès, il faudrait la développer systématiquement, à l’appui de nouvelles luttes, à tous les niveaux. Le besoin de rassemblement à gauche ne peut signifier une réduction de l’ambition et de la cohérence des propositions transformatrices. Et rassembler ne veut pas dire déléguer, ni élaguer. Il ne saurait être question que le Front de gauche soit l’outil d’une tentative de rassemblement derrière le PCF. Il ne saurait pas plus être celui d’un rassemblement derrière le leader charismatique d’un autre parti.

Le Front de gauche a besoin d’un candidat capable de porter un contenu ample et aiguisé d’options en liaison avec les luttes populaires. Il lui faut un candidat ancré dans les aspirations du peuple, de démocratie citoyenne, qui vise au rassemblement le plus large pour changer la donne à gauche, afin de battre la droite et Sarkozy en faveur d’une politique vraiment nouvelle. On ne peut sous-estimer, comme semblent le faire certains, l’importance de l’élection présidentielle et de la personne du candidat. Leur importance est tout à fait considérable. Cette élection est devenue, qu’on le veuille ou non, le moment rare d’un débat fondamental sur le projet de société. On sait combien la campagne pour cette élection, les couleurs, les idées-forces qui y sont portées par les candidats pèsent, du fait de leur proximité, sur les élections législatives, si décisives.

Peut-on croire raisonnablement que les communistes seront bien entendus partout en portant leurs propres propositions aux législatives si, auparavant, ils délèguent, pour la présidentielle, la promotion d’un programme plus ou moins partagé à un candidat dont le style se réclame du populisme et dont les propositions les plus emblématiques sont différentes des leurs ?

Par exemple, les communistes proposent une réorientation de la Banque Centrale Européenne (BCE) pour développer les services publics, sécuriser l’emploi et la formation, au lieu de la « flexisécurité » que droite et PS soutiennent, en cherchant à récupérer les exigences syndicales de « sécurité sociale professionnelle ». De même, ils mènent la bataille, en France et dans ses régions, pour un nouveau crédit sélectif, avec un pôle bancaire et financier public et des Fonds publics régionaux. Ils avancent des propositions de pouvoirs nouveaux des travailleurs et des citoyens dans les entreprises, les services publics, les localités.

Mais se feront-ils comprendre si, pour l’élection présidentielle, ils délèguent le rôle de porte-parole principal à Jean-Luc Mélenchon qui, lui, se fonde essentiellement sur l’impôt, et non sur le crédit, pour le progrès social et propose de « sortir du Traité de Lisbonne » sans prendre en compte la nécessité impérieuse d’un changement fondamental de la BCE ?

Ce serait là se contenter d’en rajouter un peu dans le gauchissement du discours au gauchissement démagogique engagé par le PS à propos des inégalités, sans toucher, comme lui, aux gestions des entreprises, à leurs relations aux banques, aux critères du crédit, aux orientations profondes de la politique économique, industrielle et des services publics, jusqu’aux enjeux écologiques, aux rapports financiers de la France à l’Europe et au monde.

Cela ne ferait guère le poids face à Sarkozy qui va redoubler de démagogie, de populisme, de ciblage clientéliste, comme à propos de la dépendance, et de gesticulation au plan mondial avec la présidence française du G-20. Rivalisant avec DSK sur les problèmes financiers internationaux, il va tenter de récupérer de façon démagogique, pour la pervertir de façon réactionnaire, l’idée de réforme du système monétaire mondial. Quel gâchis de nos apports si le Front de gauche ne porte pas dans la campagne de l’élection présidentielle l’idée d’une monnaie commune mondiale, née dans les rangs du PCF, à l’opposé de la domination du dollar !

Au contraire, nous devons tout faire pour rassembler le plus possible d’électeurs de gauche et bousculer le PS sur les questions décisives des financements et des pouvoirs pour d’autres objectifs sociaux et une autre vie.

Pour toutes ces raisons, nous soutenons et appelons à soutenir les propositions de transformation radicale dans leur cohérence et la candidature d’André Chassaigne pour porter pleinement toutes les couleurs du Front de gauche en 2012.

Cathy APOURCEAU, Dante BASSINO, André BARBILLAT, Françoise BAUD, Claude BILLARD, Frédéric BOCCARA, Paul BOCCARA, Alain BOLLA, Stéphane BONNERY, Gisèle CAILLOUX, Jean-Louis CAILLOUX, Jean CHAMBON, Jackie CHÉRIN, Jacques CORBEL, Sylvain DALLA ROSA, Alain DEPOILLY, Yves DIMICOLI, Patrick DOUET, Thierry DOULAUD, Eric DUBOURGNOUX, Denis DURAND, Jean-Marc DURAND, Marie-Thérèse EYCHART, Roland FARRÉ, Liliane GALLIAN, Annie GUYOMARCH, Pierre GUYOMARCH, Anne LAFAURIE, Yvan LAVALLÉE, Michèle LEFLON, Jacky LELARGE, Hughes LIESE, Jean MAGNIADAS, Jean- Claude MAIRAL, Nicolas MARCHAND, Catherine MARTIN, Catherine MILLS, Alain MORIN, Jean-Pierre MORVAN, Jean-Claude PRADEAU, Benoit PRADIER, Raphaëlle PRIMET, Frédéric RAUCH, Denis RECOQUILLON, Jacquy RIVOALAN, Gilbert ROTBART, Marine ROUSSILLON, Roger SALIBA, Richard SANCHEZ, Paul SOUFFRIN, Jean-François TÉALDI, Claudy VALIN


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