Daniel Ellsberg, auteur de la fuite des documents du Pentagone, appelle au boycott d’Amazon.com

lundi 6 décembre 2010.
 

La personne responsable de ce qui fut autrefois la fuite la plus importante de secrets du gouvernement étasunien a lancé un appel à tous ceux qui luttent pour la liberté d’expression pour qu’ils boycottent le site de vente par Internet Amazon.com pour avoir exclu Wikileaks de ses serveurs cloud.

Daniel Ellsberg, qui se dit "dégoûté" par le fait qu’Amazon invoque une violation des termes de leurs prestations pour refuser de continuer à héberger Wikileaks, a écrit une lettre ouverte qui accuse la firme de capituler devant des officiels du secteur privé et public qui "aspirent à contrôler l’informations et à intimider ceux qui divulguent des choses secrètes comme cela se fait en Chine."

"Cela fait plusieurs années que je dépense plus de 100 dollars par mois en livres neufs et d’occasion chez Amazon. C’est fini" écrit-il. "J’ai demandé à Amazon de ne plus me compter parmi les membres de Amazon Prime, de résilier ma carte de crédit et mon compte Amazon, d’effacer mon nom et les informations sur mon crédit de ses fichiers et de ne plus rien m’envoyer."

Il appelle à un boycott large et "immédiat" de l’entreprise de commerce électronique.

"J’espère que d’autres personnes vont aussi encourager leurs connaissances à faire de même en spécifiant clairement à Amazon pourquoi ils lui retirent leur clientèle. J’ai demandé à des amis aujourd’hui de se renseigner sur d’autres sites de vente et je vais moi-même expérimenter les services de Powell’s books, Biblio et d’autres."

D’après certains observateurs, la décision d’Amazon peut tout à fait s’analyser comme une action corporatiste d’entrave à la libre expression, et ils disent que pour être cohérente, tant du point de vue éthique que logique, la firme Amazon devrait appliquer le même traitement aux principales publications médiatiques qui ont couvert les révélations du site Wikileaks.

Après que son site en Suède eut subi une série d’attaques par déni de service, Wikileaks.org a été hébergé temporairement par un sous-traitant d’Amazon USA. Après que des membres de l’équipe du sénateur Joe Lieberman l’a contactée, Amazon a fermé le site en disant que les accords commerciaux avec Wikileaks spécifiaient qu’il ne devait pas publier du matériel classifié.

Selon le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, l’utilisation par Wikileaks des serveurs d’Amazon était un test de l’engagement d’Amazon en faveur de la liberté d’expression. Après qu’Amazon ait fermé son site, Assange a dit que si la firme Amazon "avait un problème avec le Premier Amendement, elle ferait mieux de renoncer à vendre des livres."

Wikileaks.org et une série d’autres domaines ont été inaccessibles jeudi et vendredi au cours de ce qu’un expert technologique influent a appelé : "La première guerre sérieuse de l’information." En réponse à de continuelles attaques cybernétiques contre Wikileaks, de nouveaux sites miroirs sont apparus en Europe vendredi et le site a de nouveau été opérationnel par le truchement d’une adresse IP à la place des hébergeurs DNS qui avaient fui le navire.

"Jusqu’ici Amazon s’est épargné l’embarras d’essayer de justifier ouvertement son action" a écrit Ellberg. "Ce serait le bon moment pour que les employés d’Amazon, qui connaissent et peuvent peut-être prouver les pressions politiques qu’ils ont eu à endurer - et le détail des compromissions de leurs patrons - de faire fuiter l’information. Ils peuvent l’envoyer à Wikileaks (qui utilise maintenant des serveurs en dehors des USA) , à des journalistes des médias dominants ou à des bloggeurs, ou alors à des sites comme antiwar.com qui ont mis fin très judicieusement à leur collaboration avec Amazon en matière d’achats de livres."

[Le Grand Soir fait de même - NdR]

Ellsberg qui a joué un rôle crucial en amenant la fin de la guerre étasunienne au Vietnam en divulguant des documents du Pentagone au New York Times, a dit une fois qu’il craignait pour la vie du leader de Wikileaks, Julian Assange.

Le Département de Justice Etasunien a dit qu’il enquêtait sur la fuite massive des câbles diplomatiques du Département d’Etat qui a causé une tempête médiatique qui ne donne aucune signe de se calmer. Un soldat isolé, le soldat Bradley Manning est accusé d’être l’auteur des fuites, mais les officiels recherchent encore d’éventuels complices.

Assange dit que si Manning est vraiment l’auteur de la fuite, alors c’est un "héros exceptionnel."

Dans l’affaire des documents du Pentagone de 1071, Ellberg n’a pas été poursuivi et le procès contre le New York Times qui avait publié les documents du Pentagone, s’est terminé par une décision de la Cour Suprême en faveur de la liberté de la presse.

Stephen C. Webster

Pour consulter l’original : http://www.rawstory.com/rs/2010/12/...

Traduction : D. Muselet

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