Du Portugal à la Grèce : Plier ou faire plier

lundi 29 novembre 2010.
 

Le peuple portugais est à nouveau descendu dans la rue pour s’opposer au plan d’austérité prévu dans les principaux secteurs du pays. Encore une fois, un gouvernement cherche à faire payer au peuple le prix d’une crise dont il n’est en rien responsable. Mais les Portugais ne semblent pas vouloir se laisser faire et ont réussi la plus grande grève générale que le pays ait connu depuis 1988. Nous ne pouvons qu’être solidaire de leur combat, tout comme nous avions exprimé notre solidarité à l’égard du peuple grec au mois d’avril. Voici donc l’occasion de relire un éditorial publié à cette époque sur la situation en Grèce car bien évidemment les banques et les marchés financiers procèdent de la même manière dans leurs attaques contre la Grèce, l’Irlande ou encore le Portugal.

Dans le calvaire grec, la responsabilité des dirigeants politiques du pays est écrasante. Non pas que le Grec soit génétiquement dépensier et corrompu comme on le susurre. Le refrain des élites européennes est connu : les pauvres ne savent pas gérer l’argent qu’on leur donne. Bon prétexte pour les laisser crever la gueule ouverte. En vrai, la corruption découle du déversement sur une petite économie d’un flot d’argent distribué selon le mode opaque de l’Union européenne. Elle marque une croissance exclusivement basée sur les services, l’immobilier et la finance... piliers des prétendus « miracles économiques » vantés par les dirigeants européens. Et si la chaîne a cédé en Grèce, elle craque aussi en Espagne, en Grande-Bretagne, au Portugal, en Irlande.

Non, la plus grande faute des dirigeants socialistes grecs est de vouloir surmonter cette crise en obéissant aux diktats des banques et des marchés. Les sacrifices imposés au peuple ont été immédiatement captés par la finance à travers le relèvement des taux d’intérêt. Les vampires de la Finance sont excités et non calmés par l’odeur de la saignée ! On le sait d’expérience. Il leur faut toujours plus, au point où la société implose comme cela s’est produit non pas une fois, mais à plus de dix reprises en Amérique Latine. C’est en effet la logique même du système que de chercher l’accumulation maximale en « testant » la capacité des Etats à résister à la spéculation. Dès lors céder au premier choc, c’est inviter la Finance à une nouvelle offensive.

La seule attitude efficace, c’est de rendre coup pour coup. Refuser l’argent du FMI comme l’ont fait les Argentins. Exproprier les multinationales comme Deutsche Telekom et Siemens qui se sont offert le service public grec des télécoms avec moult pots de vin au passage au lieu de leur promettre de nouvelles privatisations. Sanctionner Goldman Sachs car c’est cette banque qui a maquillé les comptes comme elle le fait pour tous ses clients. Ne pas mendier une solidarité européenne désormais officiellement enterrée avec l’appel au FMI, mais la provoquer de force en menaçant de faire exploser tout ce système financier qui prend les peuples à la gorge. Hélas ceci n’est pas envisageable par la social-démocratie qui dirige en Grèce. Donc les banques continuent. Elles plieront le jour où un peuple audacieux portera l’autre gauche au pouvoir.


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