Intervention de Clémentine Autain au 2ème Congrès du Parti de Gauche

samedi 27 novembre 2010.
 

L’intervention de Clémentaine Autain le dimanche matin a été un moment très fort, très politique et très concret lors du 2ème congrès du PG. Elle fait le tour de toutes les questions importantes concernant les forces de la gauche antilibérale, de l’avenir immédiat du Front de Gauche aux présidentielles 2012.

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Quand Jean-Luc et Eric m’ont transmis votre invitation, je me suis dit : vivement dimanche ! Je ne ferai pas ici un discours de politique générale mais je veux vous parler de ce que nous avons à faire ensemble.

La création du Parti de Gauche a bousculé l’autre gauche. Vous avez contribué à raviver l’exigence d’unité de la gauche de transformation sociale et écologique.

L’échec de la candidature unitaire en 2007 nous a plombé. Ce fut une catastrophe électorale, ça nous a affaibli et les blessures personnelles et militantes ont laissé des traces. Mais nous devons remettre l’ouvrage sur l’établi. Parce qu’après les échecs du XXe siècles, la recomposition et la rénovation sont incontournables. Il faut mêler les cultures et les traditions, redéfinir les lignes de fractures, repenser les formes de la révolution.

Il faut recréer une espérance dans un changement possible. Les attentes et le potentiel sont immenses. Nous l’avons vu à l’occasion du mouvement sur les retraites. Nous avons vu l’ampleur de l’exaspération, les exigences nouvelles à l’égard du travail, le besoin de sécurités sociales, la critique capitalisme financiarisé. Ailleurs en Europe, en Grèce, au Portugal, en Irlande, des peuples se lèvent contre les politiques de rigueur.

On ne peut pas se satisfaire d’une alternance molle entre une droite arrogante qui a pris le parti des riches et une gauche qui a renoncé à changer la donne. Ce que nous avons à faire ensemble, c’est un mouvement large, celui d’une gauche décomplexée qui retrouve le chemin du partage des richesses, des pouvoirs, des savoirs et des temps. Une gauche qui retrouve le chemin de l’humain, de la souveraineté populaire et de la préservation de la biodiversité.

Pour cela, il faut assumer l’affrontement avec le capital et l’idéologie dominante. On ne rasera pas gratis, ceux qui prétendent le contraire, que l’on peut changer les conditions du plus grand nombre sans affronter le capitalisme, ne sont pas réalistes. Le réalisme est de notre côté. Pour cela, il faut donc une révolution citoyenne, il faut que le peuple s’en mêle, pour reprendre le titre de la pétition qui fait un malheur sur Internet (près de 250.000 signatures) en faveur d’un référendum sur les retraites.

Je reste convaincue que l’unité de tout l’arc des forces de la gauche radicale, de transformation sociale et écologique, est un déclencheur d’une dynamique populaire capable de bâtir des majorités d’idées, des majorités sociales et politiques.

Le Front de Gauche est un cartel d’organisations. C’est aujourd’hui une expérience politique qui constitue un acquis dans le pays. Mais de nombreuses forces, des collectifs, des militants syndicaux, associatifs, des citoyennes et des citoyens qui ont envie d’en découdre, pourraient s’y retrouver et agréger plus encore mais n’y trouvent pas leur place.

Le Front de Gauche est-il prêt à s’élargir pour se transformer ? Je pose la question (la salle crie des « oui »)…. J’entends donc la réponse positive du Parti de Gauche. Mais qu’en pensent le PCF et la GU ? Nous attendons une réponse. Le temps presse.

La transformation du Front de Gauche, ce n’est pas simplement l’inclusion de la Fase. Ce que nous avons à construire dépasse nos quatre forces. Nous devons faire mouvement. Nous devons inventer de nouvelles formes d’agrégations politiques, qui permettent à la fois de faire vivre la diversité, la spontanéité, et d’assurer une cohérence d’ensemble et une efficacité d’action.

Le NPA aurait toute sa place dans un Front large populaire. On ne peut pas se résoudre à leur isolement. Et si la seule question est celle de la participation à un gouvernement dominé par le PS dans son orientation actuelle, nous y répondons clairement par un « non » (la salle crie « non »).

Au sein d’Europe Ecologie, l’alliance est naturelle avec les tenants de l’écologie radicale. J’en vois beaucoup d’ailleurs qui ne sentent pas très bien avec le tournant opéré par le mouvement écolo car ils attendent mieux qu’un rassemblement environnemental « ni gauche, ni droite ».

Voilà la feuille de route. Mais il ne faut pas se prendre les pieds dans le tapis de la Ve République. Notre dynamique, si nous arrivons à la construire, ne peut pas échouer sur la question présidentielle. Nous avons là une responsabilité. Jean-Luc peut être le candidat. Il en a l’énergie, la volonté et la capacité. Pour ma part – et je parle là en mon nom -, je n’aurai pas d’états d’âme et même de l’enthousiasme à faire sa campagne, si c’est notre campagne.

Nous nous engagerons si, et seulement si, un outil collectif, une dynamique large, unitaire et populaire est construit d’ici là. A la Fase, nous pensons d’ores et déjà qu’il faudrait mettre en place des comités locaux ouverts aux individus et aux autres forces.

Alors, il faut le dire, il reste des débats entre le PG et la Fase. Sur la conception de la République et de la laïcité. Sur la forme parti que nous pensons révolue dans sa version « parti-guide » du XXe siècle. Sur la conception de la transformation, et les nouvelles relations entre social et politique que cela implique – nous ne nous reconnaissons pas, par exemple, dans votre expression de « révolution par les urnes », nous préférons la « révolution citoyenne ».

Mais ce qui est commun est supérieur à ce qui nous divise. Nous nous retrouvons dans la nécessité de faire vivre une gauche décomplexée, prête à affronter le capitalisme, porteuse de contestation radicale et en quête de majorités. Et nous nous retrouvons sur la nécessité de créer une nouvelle force. Il faut que nous fassions front commun, durablement.


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