Je vais au Congrés du Parti de Gauche au Mans

vendredi 19 novembre 2010.
 

J’écris ces lignes juste avant de boucler mon bagage pour partir au Mans où se tiendra le congrès du Parti de Gauche pendant trois jours. A la maison, c’est un peu des grimaces de me voir passer les dernières heures avant le départ devant mon clavier entre l’écriture de mes discours et cette note. L’engagement politique n’est pas un long fleuve tranquille, si fermes que soient les berges. Dans ces lignes il est donc un peu question du congrès. Puis, à l’aide de deux entretiens de presse que je colle ici, j’éclaire mon point de vue sur la question des rapports avec le Parti Socialiste et les euros-verts.

Dans quelques heures commencera le deuxième congrès du Parti de Gauche. Si j’en juge par le nombre des accréditations, je pense que nous aurons une couverture de presse qui permettra à ceux qui le voudront d’en savoir autant qu’ils le souhaitent. Et puis, dimanche, le discours de clôture sera retransmis sur LCI et Public Sénat ce qui signale la constance de ces deux médias audiovisuels. Ils suivent en effet nos travaux depuis le premier meeting de lancement du parti, au gymnase de Saint-Ouen où nous avions rassemblé trois mille personnes, en présence notamment du fondateur de Die Linke, Oskar La Fontaine. Tous les Allemands ne sont pas Cohn Bendit.

Les délégués des comités du parti vont procéder à la mise en place des fondamentaux du parti comme les statuts, et les instances qui y sont prévues : bureau national et commissions nationales. Tout cela est en discussion depuis des mois dans les moments que l’organisation de l’action de terrain a laissé libre. Le congrès est la dernière étape après que toutes les aspérités et difficultés ont été rabotées par ce long cheminement. Les documents plus lourds, qui d’habitude clouent sur place et déchirent des organisations aussi jeune que la notre, ont été inscrits dans une méthode qui permet de traiter la difficulté. Programme gouvernemental, Manifeste, tout suit un renouvellement permanent et chaque moment n’est qu’une étape. Nous n’avons pas le gout des tablettes saintes fulminées dans le feu et les odeurs de souffre puis descendues de la montagne et proclamées devant les tribus rassemblées autour de leurs chefs de tente. De toute façon nous n’avons pas le choix. Souvent, mais pas toujours, beaucoup de choses ne sont pas prêtes à temps. Une partie de l’explication est qu’il faut tenir compte de tout ce que nous avons à faire et parce que notre priorité c’est l’action. Une autre est que nous avons le lot ordinaire de faiblesses humaines et que parfois d’aucuns ont les yeux plus gros que le ventre, comme on dit, s’engagent à beaucoup et font bien moins que prévu ou bien abandonnent leur tache en route sans crier gare. Ce qui se vit dans les drames, les théorisations et les règlements de compte ailleurs se règle par de simples moqueries parmi nous. Ce qui compte ce ne sont pas les kilos de littérature alignés devant l’appétit des souris mais la cohérence des actes avec les propos tenus et le résultat acquis par cette méthode. Dans ce domaine nous nous sentons forts. Très forts !

Deux faits doivent être mises en lumière à propos de ce qui va se passer. Attention ! Je n’ai pas l’intention ici ni de commencer mes interventions devant le congrès, ni d’en annoncer les déroulements, d’ailleurs assez imprévisibles les unes comme les autres. Le premier est l’ouverture du congrès. Quinze ou seize personnalités, qui ne sont pas membres de notre parti, vont prendre la parole devant nous, dans le cours même de nos débats. Elles diront ce qu’elles voudront pour nous interpeller, nous alerter ou prendre part à nos préoccupations. Librement. Je ne crois pas qu’il y ait de précédent à cette façon de faire. Pour nous l’idée est que le Parti n’est pas une fin en soi. Il n’est pas non plus le lieu d’une vérité exclusivement détenue par ses participants. Le parti est un outil, rien de plus. Sa cohérence d’action est la finalité recherchée. Son exigence idéologique est vouée à cette finalité. Il faut être précis et clair pour être efficace. Pas pour atteindre je ne sais quelle vérité. L’action politique de gauche n’est pas une science exacte mais plutôt un art de réalisation. Pour le reste, chacun est ce qu’il est, avec tous les humus d’expérience et d’idée qui le composent et si la vie de parti transforme les personnes, évidemment, c’est chacun à sa main et manière d’être. C’est l’intérêt de tous qu’il en soit ainsi. Le parti ne discipline pas les têtes mais l’action en commun. Le dogmatisme n’a pas sa place parmi nous. Le Parti de Gauche n’a pas la culture « vieux gauchiste » du grimoire, de l’explication définitive sur les virgules et l’exigence d’une improbable doxa globale, verbeuse et compilatoire, dont, en général, le principal résultat est d’instituer une cléricature hargneuse et inquisitoriale.

Le second point remarquable de notre congrès est qu’il n’y a eu qu’un seul texte proposé au vote des adhérents. La résolution politique, comme on l’appelle, dont la rédaction collective aux membres du bureau national sortant a été confiée à François Delapierre, sera amendée à l’intérieur d’une même orientation générale. Ce qui est remarquable c’est que compte tenu des origines, des cultures, de l’expérience et du poids de vie de ceux qui constituent cette équipe fondatrice il y avait de quoi faire cinq ou six textes différents si l’on s’était abandonné aux manies détestables que je pointais il y a un instant. C’est donc par un acte volontaire que l’unité de vue des fondateurs a été confirmée. Il en est ainsi parce que l’expérience nous a soudé et homogénéisé ainsi qu’une pratique qui se soucie davantage d’être « collective », et donc inclusive, que strictement « démocratique » où l’on se compte sur tous les sujets à tous bouts de champ parce que se confrontent des sectarismes et des certitudes imperméables. Pour autant cela n’enlève rien au débat et à la liberté de ton. A présent nous avons une question à trancher qu’il faut régler avec pragmatisme et sens du concret. Comment concilier notre refus absolu d’être instrumentalisés par les dirigeants socialistes et euro-verts avec notre refus non moins absolu d’être instrumentalisés par Nicolas Sarkozy ? Une pression maximale s’exerce sur nous pour nous faire dire que « quoiqu’il arrive, nous nous rallierons ». Les dirigeants socialistes oscillent entre injures, appels du pied et insinuations selon qu’ils souhaitent l’alliance au centre ou à gauche. Il n’en est pourtant pas question. Comment formuler l’ambition de notre révolution citoyenne sans affaiblir notre tradition de fidélité d’opposition à la droite. De nombreux points de vue existent parmi nous sur la façon de répondre à cette question. Ce sera un des fils rouges de nos discussions de Congrès.

1) Le Parti de gauche en congrès ce week-end

Le Parti de gauche (PG) tient son congrès de vendredi à dimanche au Mans avec en point d’orgue un meeting avec ses partenaires du Front de gauche alors que le PCF a récemment mis en garde Jean-Luc Mélenchon sur sa façon de mener campagne pour 2012. 700 délégués sont attendus au Mans, la ville qui avait accueilli en 2005 le congrès du Parti socialiste après les divisions sur le référendum sur la Constitution européenne, à l’époque où Jean-Luc Mélenchon, farouche opposant au Traité, était encore au PS. Les socialistes seront représentés par Stéphane Le Foll, premier fédéral de la Sarthe et peut-être Claude Bartolone, chargé des relations extérieures au PS. Jean-Vincent Placé sera là pour Europe Ecologie-Les Verts et Myriam Martin pour le NPA. Ce congrès doit également permettre, vendredi, d’"affiner les statuts" du PG, a indiqué Eric Coquerel, secrétaire national d’un parti "toujours dans une période de fondation" depuis sa création en novembre 2008.

Par Europe1.fr


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