G20 de Séoul : En vain ! 7 articles

samedi 20 novembre 2010.
 

1) Déclaration de la Marche Mondiale des Femmes au sujet de l’expulsion de militants contre le sommet du G20 en Corée du Sud

2) La société civile n’est pas la bienvenue au G20 de Séoul

3) G20 : la montée des antagonismes

4) G20 : dogmatisme à l’état brut

5) Miné par les divergences, le G20 accouche d’une souris...

6) G20 de Séoul : vive le marché libre !

7) Un G20 en vain par Jean Luc Mélenchon

Tous les grands chefs des pays qui cumulent l’essentiel de la richesse du monde se sont réunis. Et quoi ? Pschiiiit ! Il est vrai que la rengaine du « sommet magique » a fait long feu. Les participants eux-mêmes, comme notre cher président, n’arrivent pas tous au début et beaucoup partent avant la fin. Et puis, c’est tellement répétitif ! Le G20 de Séoul est le cinquième sommet de ce type organisé en 2 ans ! Cela fait en moyenne deux sommets par an. A chaque fois, ces réunions coûtent affreusement cher. Et elles entraînent la mobilisation de véritables armadas policières ! Une nouvelle fois, 50 000 policiers ont été mobilisés pour sécuriser le G20 de Séoul. Sans oublier les armées particulières comme celle du président des Etats Unis, d’heureuse mémoire à Strasbourg pour sa brutalité, son arrogance et son mépris des services et polices nationaux. Pour quel résultat : un communiqué cousu de généralités et de bonnes intentions qui n’engagent à rien. Le bilan tiré par Sarkozy lui-même en dit long sur l’inutilité de ce sommet : « accord qui vaut mieux qu’un désaccord et qui ne résout pas suffisamment les problèmes qui sont posés ». Fermez le ban ! Un aller retour Paris Séoul pour ça ! Le communiqué final sonne creux comme jamais. « Le G20 s’engage à prendre toutes les mesures, y compris de consolidation budgétaire, pour renforcer la reprise, soutenir la croissance et assurer la stabilité des marchés financiers, notamment en adaptant le système de changes, davantage influencés par les marchés financiers, en renforçant la flexibilité des taux de change, pour mieux refléter les fondamentaux économiques et s’abstenir de dévaluations compétitives. » Consolider les budgets ! Bon sang mais c’est bien sur ! Comment n’y avaient-ils pas pensé jusque là ? Renforcer la flexibilité des taux de change ! C’est ça leur trouvaille ? Mais en assurant la stabilité des marchés financiers ! Ouf ! Allez restons calme ! De toute façon, aucune mesure concrète d’aucune sorte ça n’est prévu pour appliquer. Autant peindre la girafe !

N’empêche que si on voulait prendre au sérieux ces numéros de Bla Bla, on pourrait trouver matière à ricanements affligés. Signée par les Etats-Unis, cette déclaration revient à dire « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ». En effet, comme je l’ai (trop) longuement détaillé dans deux précédentes notes, les Etats-Unis viennent justement de procéder à une dévaluation de sauvetage en s’achetant pour 600 milliards de sa propre dette ce qui est une monstrueuse création monétaire décidée par leur banque centrale. Ils ne s’en cachent d’ailleurs pas vraiment. Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale américaine a reconnu le 11 novembre dans le Financial Times que « les Etats-Unis poursuivent une politique d’affaiblissement de leur monnaie. » Mais s’ils ne respectent pas leurs engagements, les USA prétendent pourtant imposer aux autres des règles contraignantes. Selon eux les Etats exportateurs devraient être contraints de limiter leurs excédents commerciaux. Leur ministre des finances prétendait interdire tout excédent commercial dépassant les 4 % du PIB d’un Etat. Ma parole de la planification des échanges internationaux ? Et le libre échange dans tout ça ? Après tout ceux qui achètent ici plutôt que là ont leurs raisons, non ? Ce n’est pas ça qu’on nous explique tous les jours ? Quelle idée bizarre pour des dérégulateurs forcenés comme ceux là ! Personne ne sait d’ailleurs comment elle pourrait être appliquée quand un Etat franchit ce seuil. Les USA seraient d’ailleurs les premiers pénalisés si la Chine ou l’Arabie Saoudite cessaient leurs exportations dès que leur excédent aurait franchi les 4 % de leur PIB. Eh oui ! Car cela voudrait dire que les états-uniens cesseraient alors d’acheter des habits et des ordinateurs et ne consommeraient pas d’essence pour le reste de l’année ? Ou bien ces pays devraient-ils faire cadeaux de leurs exportations aux américains pour qu’ils continuent à se la couler douce ? On voit à quel point cette demande est grotesque venant des USA. D’ailleurs qui viserait-elle ? Quatre pays du G20 : la Chine, la Russie, l’Allemagne et l’Arabie Saoudite. Cours toujours ! D’ailleurs madame Merkel a vite répliqué devant le congrès du parti Chrétien qu’elle dirige : « je ne nous laisserai pas punir parce que nous produisons des bons produits qui se vendent ». Ca va de soi. Cette proposition ridicule des USA a d’ailleurs été bien envoyée au tapis par le président brésilien, notre camarade Lula. C’est lui qui a enjoint aux pays riches de s’occuper de la santé économique intérieure de leur population plutôt que de donner des leçons de politique économique aux pays du sud. Ce qu’il a dit est aussi simple qu’une de mes sorties sur ce thème ! : « Si les pays riches ne consomment pas et veulent que leurs économies exportent, le monde court à la faillite parce qu’il n’y aura plus personne pour acheter et tout le monde voudra vendre ». Cette phrase résume parfaitement bien la situation de surproduction chronique qui est à la racine des crises. Et quelle cause ? L’exploitation grandissante du travail et la contraction forcée de la demande solvable. Les gens crèvent. Le malheur des uns ne fait le bonheur d’aucun autre, voila tout.

En prenant pour un an la présidence du G20, habilement conquise, Nicolas Sarkozy a affiché trois priorités : la réforme du système monétaire international, la lutte contre la volatilité des cours des matières premières, la réforme de la gouvernance mondiale. Hum, le dernier point est juste un peu absurde, mais passons. Pour atteindre ces vertigineux objectifs, Nicolas Sarkozy a affirmé que l’objectif était d’ « obtenir des consensus sur des sujets centraux ». Hé ! Hé ! Fine mouche. A ce niveau de généralité on se demande où on finira ! De toute façon il a déjà, souscrit une assurance Bla Bla de première classe. Car il a aussitôt précisé qu’il s’agissait de « chantiers colossaux qui ne pourront être achevés en une seule année ». Non ? Sans blague ! Trêve de rigolade. Si même lui doute du résultat alors qu’il est censé s’occuper du problème, c’est que c’est vraiment mal parti. Où est celui qui proclamait en novembre 2008, juste avant le sommet du G20 de Washington, il décrétait que « le dollar ne peut plus prétendre être la seule monnaie du monde ». Une phrase qui n’a été suivie d’aucun acte concret. Bien sur ! Pas plus que ses engagements pour « la fin des paradis fiscaux ». Au G20 de Washington en septembre 2008 il trompettait : « S’agissant des paradis fiscaux, c’est parfaitement clair. Il y aura une obligation pour les banques de déclarer tout ce qu’elles investissent ou tout ce qu’elles font dans les paradis fiscaux ». Le 23 septembre 2009 sur TF1 et France 2 : « les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est terminé ». Depuis on a vu la suite ! Enorme, non ? Mêmes paroles en l’air pour la Taxe Tobin. Devant l’Assemblée générale des Nations Unies le 20 septembre 2010, Sarkozy disait que « la taxation des transactions financières, nous pouvons le décider ici, pourquoi attendre ? ». Mais ce qui est bon pour l’ONU, n’est plus à l’ordre du jour du G 20 qui est silencieux sur une telle taxation. L’affaire est entendue, hélas. Il ne se passera rien. Dès le lendemain de la réunion chacun est retourné à ses petites affaires comme si de rien n’était et le monde est abandonné, en roue libre, à la rapacité et la cupidité des malfaisants des salles de marché.

6) BLUFF ET HYPOCRISIE par ATTAC France

Analyse de la déclaration finale du G20 de Séoul

La guerre des monnaies fait rage et menace de dégénérer en crise financière et géopolitique. La Chine protège ses gigantesques excédents commerciaux en conservant une monnaie sous-évaluée. Les États-Unis créent 600 milliards de dollars pour faire baisser leur devise. L’Allemagne étouffe la zone euro par sa politique d’exportation agressive basée sur le dumping social.. Que propose le G20 pour dissiper les nuages noirs qui s’amoncellent à l’horizon ?

Des mots creux sur « la croissance retrouvée » et « l’économie d’après-crise ». Un « processus d’évaluation mutuelle » pour définir des « indicateurs » qui permettraient « d’identifier les déséquilibres » commerciaux et financiers - sans aucun mécanisme prévu pour corriger ces déséquilibres. Le G20 n’engage pas la moindre action contre l’hégémonie de la finance : aucun élément sur la taxe sur les transactions financières qui aurait un effet direct sur la spéculation, aucun effort pour entraver l’évasion fiscale, aucune proposition pour séparer les activités bancaires de dépôt de celles uniquement dévolues à la spéculation, ce qui serait la meilleure solution aux banques « too big too fail ».

Mais on retiendra surtout la consternante détermination du G20 d’aller vers « un système monétaire international où les taux de change sont davantage déterminés par le marché ».

Alors qu’aucune mesure n’a été prise pour limiter la spéculation sur le marché des changes, qui représente 3 000 milliards de dollars par jour ; alors que cette spéculation provoque d’incessants mouvements de yo-yo entre les devises, sans aucun rapport avec les fondamentaux des économies nationales ; alors que la Grèce, le Portugal, aujourd’hui l’Irlande, sont la proie d’une spéculation déchaînée qui menace à terme l’existence même de l’euro, cette réaffirmation du fondamentalisme de marché confirme l’incapacité du G20 à tirer les leçons de l’effondrement financier de 2008, et rend probable une nouvelle crise à court ou moyen terme.

La réforme du système monétaire international est plus que jamais indispensable. Mais elle ne peut consister à livrer sans cesse davantage les monnaies aux caprices de la finance. Au contraire, il faut dans l’immédiat taxer et réglementer drastiquement la spéculation sur les devises, mais aussi sur les matières premières, les dettes souveraines... À terme il faut viser le remplacement du dollar par une monnaie commune mondiale, instrument de résorption coordonnée des déséquilibres commerciaux : les pays excédentaires devront réévaluer leur devise par rapport à la monnaie mondiale, et les pays déficitaires dévaluer la leur.

La conclusion de Séoul, que Nicolas Sarkozy a endossée sans piper mot, réduit d’ores et déjà à néant ses rodomontades sur la réforme du système monétaire international. Il s’agissait pourtant, d’après lui, de l’ambition majeure de sa présidence du G20, qui s’ouvre aujourd’hui.

Les mouvements sociaux de France, aux côtés des mouvements sociaux du monde entier, prennent le relais de la résistance au G20. Ils n’auront de cesse de porter la réponse populaire à l’illégitimité et l’inefficacité de ce G20, totalement incapable de contester la dictature de la finance.

Attac France,

Paris, le 12 novembre 2010

http://www.france.attac.org/spip.ph...

5) Miné par les divergences, le G20 accouche d’une souris...

Les plus grandes puissances de la planète ne sont 
parvenues à s’entendre que sur un texte minimal qui renvoie à plus tard le traitement de la guerre des changes ou des déséquilibres commerciaux.

Le G20, le groupe des pays les plus puissants de la planète (pays riches et puissances émergentes), a étalé ses divergences intestines pendant deux jours à Séoul avant d’adopter in fine une déclaration tellement minimale qu’elle ne mérite certainement pas d’être qualifiée de compromis, encore moins d’accord.

Un véritable dumpingmonétaire

Les Vingt évoquent bien les questions qui fâchent, celles de la manipulation des taux de change et des déséquilibres commerciaux. Elles avaient surgi à la veille du sommet à la suite de l’annonce par la Réserve fédérale d’un plan d’achats de 600 milliards de dollars de bons du Trésor des États-Unis. Ce qui constitue une manière d’inonder la planète de billets verts pour peser sur le cours de cette devise. Un véritable dumping monétaire qui avait suscité de vives critiques notamment de la part des gros pays exportateurs, comme l’Allemagne ou la Chine. D’autres pays comme le Brésil faisaient aussi part de façon très virulente de leur crainte que ce flot de dollars ne se transforme en un flux de capitaux spéculatifs, prompts à se positionner sur les bons du Trésor de leurs pays (dont les taux d’intérêt sont plus élevés) et donc à faire mécaniquement grimper le cours de leurs monnaies. De leurs côtés, les États-Unis continuaient d’accuser Pékin de se livrer à une concurrence commerciale déloyale en sous-évaluant le yuan.

Face à cette guerre monétaire et commerciale qui se profile, le G20 n’a même pas réussi à brandir un drapeau blanc. Les mesures sérieuses sont renvoyées à plus tard tant l’échange au sommet a tenu lieu le plus souvent du dialogue de sourds. Pour définir les raisons des déséquilibres mondiaux et les responsabilités, les ministres des Finances des Vingt sont invités à plancher sur « des directives indicatives », dont les modalités feront l’objet d’une « évaluation » au premier semestre 2011, au début de la présidence française du G20.

Nicolas Sarkozy était d’évidence bien davantage préoccupé de tirer profit de cette stature d’homme-orchestre international qui se profile pour lui que de défendre le texte adopté à Séoul. Il a annoncé, une nouvelle fois, son ambition de « moraliser le capitalisme », de « le rendre plus efficace et mieux régulé », relevant l’importance de déboucher prochainement sur une réforme du système monétaire international. Ce doit être « de la dimension d’un Bretton Woods », a-t-il insisté, en référence à l’accord conclu dans l’après-guerre qui sert en grande partie encore de fondement à l’ordre monétaire planétaire .

un défi plus aigu que jamais

Ne faisant pas mystère « des immenses difficultés à surmonter » pour parvenir à une entente sur le sujet, le président français a annoncé qu’il allait prendre son bâton de 
pèlerin pour rencontrer plusieurs chefs d’État dont d’abord Barack Obama, leadership sans doute oblige, « avant la fin du mois de décembre » puis le président sud-africain, Jacob Zuma. Il a assuré qu’Angela Merkel serait associée à toutes les étapes de la réflexion et s’est longuement félicité que Pékin ait accepté d’accueillir un premier séminaire sur ces questions au printemps. La France aura exactement un an pour rendre sa copie lors d’un sommet programmé à Cannes début novembre 2011.

Au-delà des effets d’annonce et de l’instrumentalisation pour des raisons de politique intérieure évidentes, le défi est effectivement plus aigu que jamais. Mais, quand il faudrait tout revoir, le président français affiche sa préférence pour des solutions des plus conventionnelles. Il n’évoque à aucun moment les désordres provoqués par la domination du dollar. La réforme du FMI sur laquelle les Vingt se sont accordés a toutes ses faveurs alors qu’elle maintient le droit de veto états-unien (voir encadré). Il prône aussi avec les Vingt l’aboutissement du cycle de Doha de libéralisation des échanges. Bref, une telle volonté de réformer s’apparente furieusement à de la fuite en avant.

Bruno Odent, L’Humanité

4) G20 : Institution illégitime et dogmatisme néo-libéral à l’état brut

Lors de son institutionnalisation en 2008, on nous avait promis que le G20 serait l’instrument privilégié d’une réforme du système financier international tirant toutes les leçons de la crise. Mais à lire le communiqué final de son dernier sommet qui vient de se tenir à Séoul, il ne se passe rien de très nouveau dans le monde de la « gouvernance globale ». De sommets en sommets, le néolibéralisme est réaffirmé comme horizon indépassable et le « protectionnisme » demeure l’ennemi idéal.

Pendant ce temps la crise économique n’en finit plus d’attiser les tensions internationales. Emission massive d’un dollar qui ne vaudrait plus rien sans la volonté des pays détenteurs de réserves massives ; sous-évaluation du yuan ; dumping social de l’Allemagne au sein de la zone euro, la guerre monétaire et commerciale s’intensifie. Sur le plan géopolitique, on sait que ces configurations débouchent rarement sur des avenirs radieux. Face à cette situation le G 20 n’a fait qu’accoucher de discours éthérés sur la nécessité d’une « croissance durable et équilibrée » et de « solutions » au mieux insuffisantes, au pire dans la droite ligne des pratiques qui ont mené à la crise.

C’est ainsi qu’une « évaluation mutuelle » censée « identifier les déséquilibres » commerciaux et financiers va être mise en place. Une évaluation pour identifier ce qui saute déjà aux yeux de tout observateur lucide ! Pire, le G20 a affirmé sa volonté d’aller « vers un système monétaire international où les taux de change seront davantage déterminés par le marché ». Du dogmatisme à l’état brut, qui ruine à l’avance toute velléité de réglementation de la finance internationale. Ceci n’a pas empêché Nicolas Sarkozy, chantre de la régulation financière qui présidera le G20 pour l’année à venir, de réaffirmer la totale légitimité de ce club des pays « qui comptent » et dont la déclaration finale commence par « Nous les leaders... ».

Face à la gravité d’une crise économique aux conséquences incalculables, le Parti de Gauche rappelle que le G20 est une institution illégitime incapable de mettre en place un minimum de coopération économique et financière, et réaffirme la seule légitimité d’une ONU réformée et renforcée.

Source : http://www.lepartidegauche.fr

3) G20 : la montée des antagonismes

L’ouverture 
des vannes à dollars par Washington nourrit 
les désaccords 
et exacerbe 
les contradictions entre les diverses puissances 
à Séoul.

Séoul (Corée du Sud), envoyé spécial. Les sourires et les amabilités échangés hier soir lors du dîner d’ouverture du G20 à Séoul cachaient mal la montée des désaccords, voire des situations ouvertement conflictuelles sur les politiques de change. En décidant de faire tourner à plein régime la planche à billets verts, la semaine dernière, avec l’injection de quelque 600 milliards de dollars par la Réserve fédérale, Washington a suscité de très vives réactions. De la part des grands pays émergents, Chine et Brésil en tête. Mais aussi de l’Union européenne et surtout de l’Allemagne. L’argument de Barack Obama, qui a justifié hier une nouvelle fois ce geste en prétendant qu’il s’agirait de « stimuler la croissance non seulement aux États-Unis mais aussi à l’étranger », n’a pas convaincu ses principaux interlocuteurs. D’autant que plusieurs économistes aux États-Unis mêmes font part de leurs doutes quant à l’efficacité d’une telle mesure qui va rendre, une nouvelle fois, l’argent plus facile pour les grands opérateurs de Wall Street, au risque de doper la spéculation, notamment sur les monnaies émergentes. Sans pour autant irriguer « l’économie réelle », faute de mesures de sélectivité du crédit en faveur de l’investissement productif, de l’emploi. Alan Greenspan, l’ex-patron de la FED himself, ne 
s’y trompait pas en reconnaissant hier dans les colonnes du Financial Times que les États-Unis « poursuivaient aussi une politique d’affaiblissement de leur monnaie ».

Les enjeux de la question monétaire

Il s’agit en fait de tenter de revigorer une économie états-unienne qui reste très lourdement impactée par la crise et le chômage en se livrant à un dumping monétaire qui octroierait une meilleure compétitivité aux produits « made in USA » et permettrait à Washington de rééquilibrer ses déficits abyssaux avec les pays émergents ou avec l’Allemagne. Les contradictions s’aiguisent donc tout particulièrement avec ces pays-là qui accumulent, eux, les excédents, poursuivant des logiques de croissance tournées vers les exportations. Dès mercredi, le président chinois, Hu Jintao, avait interpellé les États-Unis en leur demandant de « prendre leurs responsabilités et de faire face à leurs propres problèmes ». Son homologue brésilien, Luis Inacio Lula da Silva, critiquait hier les mesures protectionnistes déguisées de Washington, déclarant carrément que poursuivre dans une telle voie était d’envoyer « le monde à la faillite ».

Quant à Angela Merkel, elle s’est inquiétée ouvertement auprès de Barack Obama des décisions de la FED, lors d’une rencontre bilatérale juste avant le sommet. Elle a aussi laissé filtrer, en marge du dîner d’hier soir, qu’il fallait revenir à l’esprit de Toronto. La déclaration du sommet des Vingt, en juin dernier, mettait l’accent sur le besoin de rigueur budgétaire et de désendettement des États comme moyen de conforter une reprise globale. Ce recours au privilège du dollar met le feu à la guerre monétaire, exacerbant les contradictions entre puissances. Alors qu’émerge au même instant le défi d’une tout autre politique de change pour favoriser un vrai développement de la planète, n’utilisant plus le dollar, devise d’un État, comme référence et monnaie commune mondiale. Au moment où, plus que jamais, il leur faudrait se rapprocher pour réduire les terribles déséquilibres dont souffre l’économie mondiale, les Vingt, minés par les divergences, sont très loin de répondre à ces enjeux-là. Ils seraient en passe, selon les informations qui filtraient hier soir, de se contenter de s’accorder sur un texte présentant des principes de… « directives indicatives ».

Bruno Odent

2) La société civile n’est pas la bienvenue au G20 de Séoul

Les organisations de la société civile, membre de OWINFS (Our World Is Not For Sale), des syndicalistes et des paysans du mouvement international Via Campesina condamnent le refoulement à la frontière par le gouvernement coréen de sept militants philippins qui avaient pourtant obtenu des visas. Par ailleurs, d’autres militants progressistes d’Asie et d’Afrique se sont vus refuser l’obtention de visa.

La liste de ces personnes, pour la plupart des représentants de la société civile de pays en développement, qui ont été expulsés, était basée de toute évidence non sur le fait qu’ils représentaient une menace ou qu’ils avaient pas le passé été dangereux mais bien dans le but de les empêcher de participer à la critique du G20 organisée par la société civile, en particulier à la conférence internationale organisée par Put People First ! - Korean People’s G20 Response Action.

Un membre du Parlement indonésien, Charles Santiago, a déclaré : « Alors que des activistes critiques à l’égard du G20 et des politiques néo-libérales ont reçu un accueil pour le moins inhospitalié de la part du gouvernement coréen, on déplie le tapis rouge pour quelques 100 PDG qui participeront au G20 Business Summit ».

Le réprésentant philippin expulsé, Josua Mata a ajouté : « Rien ne démontre mieux la vraie nature du G20 qu’en même temps qu’il retient et expulse des activistes du Sud, il se prépare à avoir un dialogue privilégié avec les plus grands PDG du monde. Cela ne fait que confirmer ce que nous disons depuis longtemps : le G20 est anti-democratic et ne s’intéresse pas à améliorer la vie quotidienne des gens ». « Le G20 qui demeure une arène non-élue et non-representative, excluant la majorité des pays en développement et des pays pauvres n’a pas la légitimité de décider des orientations politiques et économiques du monde » a déclaré Yoon Geum Soon, représentant du mouvement internationale, la Via Campesina.

James Tyotyo de la Confédération syndicale sud-africaine (COSATU) a conclu : « Depuis 2008, le G20 n’a rien fait d’autre que de faire des déclarations sans engagements et a failli à donner une réponse coordonnée à la crise économique et sociale. L’avenir du mode de gouvernement économique international doit être mis en débat, au moins dans l’enceinte des Nations-Unies ».

Plus d’informations :

Mr. Lee Changgeun : +82 (0) 10 94 43 92 34

Amélie : +82 (0) 10 6884 2336

E-mail : peoplesg20action.Seoul@gmail.com

Website : http://www.putpeoplefirst.kr

1) Déclaration de la Marche Mondiale des Femmes au sujet de l’expulsion de militants contre le sommet du G20 en Corée du Sud

Les 11 et 12 novembre prochain, la cinquième réunion du G-20 se tiendra à Séoul, en Corée du Sud. Composé de 19 nations « développées » et « émergentes » (États-Unis, Japon, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Canada, Corée du Sud, Russie, Chine, Inde, Indonésie, Argentine, Brésil, Mexique, Australie, Afrique du Sud, l’Arabie Saoudite, Turquie) et l’Union européenne, le G-20 a émergé en 2008 comme une nouvelle « super-structure » visant à arranger le système capitaliste ébranlé par la crise financière, sans la participation de la majorité des pays « en développement » et pauvres.

Mais les peuples savent qu’il n’existe pas de solution à la crise sans une distribution réelle de la richesse et du pouvoir. Dans ce cadre, les mouvements sociaux à travers le monde ont organisé des contre-sommets du G20 depuis 2008.

Le 8 novembre, Korea Women’s Alliance (KWA) et Korean Women’s Association United (KWAU), groupes nationaux référents pour la Marche Mondiale des Femmes (MMF), ont organisé l’Action Genre et Justice contre le sommet du G20 à Séoul afin de débattre de l’invisibilité du genre dans l’agenda du G20, et pour construire des alternatives féministes à l’architecture du système financier actuel. La MMF a organisé une délégation représentative des militantes de la MMF au Pakistan, aux Philippines et au Japon.

Mais le G20 - à travers le gouvernement de Corée du Sud – est intervenu afin d’éviter tout débat démocratique, en refusant de façon injustifiable des visas pour les militants progressistes des pays d’Asie et Afrique, et notamment notre soeur Bushra Khaliq, du Pakistan. Ils ont également expulsé sept militants philippins, dont notre sœur Nice Coronacion.

"Ces expulsions et refus de visa d’un grand nombre de nos camarades signifie l’échec du G20 et la lâcheté de ses gouvernements. Refuser d’écouter les voix des femmes est inacceptable, et nous ne pouvons reconnaître aucune légitimité du G20 dans ce contexte », a déclaré Fumi Suzuki, de la MMF Japon.

Comme Jean Enriquez, membre du Comité international de la MMF, le déclare, « le gouvernement sud-coréen et le G20 se sont révélés comme violant non seulement des droits économiques, mais aussi des droits politiques". Nous avons en mémoire le dernier sommet du G20, qui s’est tenu à Toronto, Canada, en juin passé, où plus de 900 militant/es ont été arrêté/es pour éviter l’expression de toute voix critique.

Nous, militantes de la MMF, dénonçons les efforts du G20 pour créer et donner du pouvoir à cette nouvelle « super-structure », comme une tentative de masquer l’illégitimité des institutions multilatérales, en particulier la Banque mondiale et le Fond Monétaire International, ainsi que l’OTAN (l’ Organisation du Traité de l’Atlantique Nord). Nous élevons nos voix contre les fausses solutions aux crises économique, financière, sociale et politique, et affirmons que la démocratie est impossible tant que la richesse est concentrée à ce point dans les mains de quelques-uns.

Nos esprits et cœurs sont tournés vers Séoul, car nous savons que là-bas nos sœurs se battent pour changer la vie des femmes et transformer le monde !

Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche !


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