Quelle est l’ambition politique de PRS aujourd’hui ?

mercredi 29 novembre 2006.
 

Un engagement politique est impuissant sans cadre pour agir. C’est pourquoi nous réunissions vendredi et samedi dernier un Conseil national de l’association PRS. Quand cinquante départements sont représentés, c’est un moment d’échange unique. Chacun y puise une perception plus juste et plus aigüe des choses. Car on voit mieux une situation d’ensemble lorsque se succèdent les éclairages, pour peu qu’ils soient appuyés sur une action concrète et ne se réduisent pas à des commentaires redondants des éditoriaux. Moment d’action dans lequel chacun prend conscience des responsabilités particulières qu’il exerce pour trouver une issue positive à l’état d’urgence du pays, et n’attend pas son salut d’un quelconque homme providentiel ou son réconfort de la chaleur du troupeau.

Lors de son discours au Congrès d’investiture du PS dimanche dernier (la presse l’a rebaptisé « sacre » ou « cérémonie »), Ségolène Royal a présenté sa méthode pour l’emporter en 2007. Elle entend être « à l’écoute » des Français, dans un rapport direct avec eux, et demande aux militants de lui faire remonter leurs attentes. "Si vous faites bien ce que je vous propose, si vous me faites bien remonter ce que vous entendez des Français, de leur intelligence collective pour que je puisse réajuster les choses en temps réel, si vous faites bien tout cela, alors, oui, je vous mènerai à la victoire."

La stratégie de Royal prend appui sur une réalité indéniable. Le laminage constant de la Cinquième République, machine à réduire le débat politique à un choc de personnes, ajouté aux faillites jumelles du communisme d’Etat et de la sociale-démocratie ont affaibli la capacité des partis de gauche à entraîner la masse de ceux qui triment et souffrent. Mais le dialogue direct avec le peuple est un mythe, fabriqué par un De Gaulle qui n’oublia pas dans le même temps d’inventer la conférence de presse « au coin du feu » et le parti présidentiel. Le rapport au peuple implique nécessairement une médiation. Elle peut passer par les militants. Elle peut passer par les médias. Une personne de gauche ne devrait pas confier le sort de son combat aux bons soins ces derniers. Il suffit de regarder qui possède les journaux pour s’en convaincre.

Lorsque l’on choisit de s’adresser aux militants, il faut tenir compte de la diversité des cultures politiques qui caractérise la gauche française. Les organisations qui structurent la conscience et l’action à gauche n’ont pas disparu. Leurs cultures propres non plus, qui les dépassent parfois largement. Par exemple, l’influence de la culture politique communiste dans notre peuple va bien au-delà du poids électoral du PCF. Entraîner toute la gauche est donc une tâche difficile. Elle implique une synthèse de la même ambition que celle que réalisa le Parti socialiste dans les années 70 entre des courants à l’origine séparés et hostiles. Elle implique aussi une stratégie de rassemblement entre ceux qui se reconnaîtront dans des organisations différentes.

Le secret de cette union véritable, qui va bien au-delà de l’alliance électorale, semble s’être perdu. Ceux qui le détenaient ont souvent renoncé à cet objectif, en pensant qu’il suffisait, ayant accédé au pouvoir, d’être le vote utile pour être le vote majoritaire. Or l’élection présidentielle de 2002 a montré que le score du candidat socialiste pouvait descendre très bas lorsqu’il n’avait plus que cet argument en bandoulière. Dans l’autre gauche, moins préparée par son histoire à l’ambition de la synthèse et du rassemblement, la tentation de l’affirmation identitaire est souvent la plus forte. En témoignent les difficultés que rencontrent actuellement les collectifs unitaires antilibéraux pour désigner un candidat commun à l’élection présidentielle, avec le désastreux retrait de José Bové et la non moins désastreuse multiplication des préalables contre Marie-George Buffet.

C’est pourtant là l’urgence du moment. Il faut tout faire pour éviter que la gauche n’explose en une multitude de morceaux incapables de se rassembler pour battre la droite. Certains s’en réjouiraient au PS chez les partisans discrets, mais constants, du changement d’alliance et du rapprochement avec le « centre », mais aussi parfois dans « l’autre gauche » chez ceux qui rêvent de pouvoir tirer un trait d’égalité entre le PS et la droite pour mieux « dissiper les illusions des masses » et grossir leur pactole électoral. Mais la pulvérisation du champ politique de la gauche ouvrirait la voie à de graves dangers. Elle consacrerait la dictature des sondages, c’est-à-dire celle de ceux qui les paient et de ceux qui les publient. Elle conforterait aussi, comme on le voit partout en Europe, une extrême-droite qui a montré dans l’histoire qu’elle savait rassembler une poussière humaine en une force agissante.

La tâche que s’est assigné PRS dans la période difficile qui s’ouvre est donc de jouer inlassablement et partout son rôle de trait d’union contre l’explosion de la gauche. Notre conviction a mûri et grandi au long des débats de notre Conseil national. C’est en cela que nous pouvons être utiles à la gauche et à notre pays. Nous n’avons pas d’autre ambition.


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