Elections présidentielles au Brésil : Dilma Roussef à 46,9% au 1er tour (article national PG)

samedi 9 octobre 2010.
 

Dimanche dernier, les élections présidentielles ont eu lieu au Brésil. Malgré ce que cherche à nous faire croire beaucoup de médias français, le Parti des Travailleurs (PT) est bien le grand gagnant. Alors bien sûr, Dilma Rousseff, sa candidate, n’a pas été élue dès le premier tour, mais elle a tout de même reçu 46,9% des suffrages exprimés. Même si certains tentent de minimiser la victoire du PT, il est difficile de faire croire qu’un tel score au premier tour d’une élection présidentielle n’est pas un score important !

La droite, elle, est arrivée en deuxième position du scrutin avec 32,6% des voix pour José Serra, le candidat du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB). Oui, malgré son nom il convient de considérer ce parti comme à droite puisqu’il se revendique clairement comme libéral et n’est d’ailleurs pas membre de l’Internationale socialiste.

Enfin la troisième candidate est Marina Silva dont le score de 19,3% - il faut le reconnaître – a surpris beaucoup de monde. Beaucoup de commentateurs français se sont réjouis de ce score élevé pour une candidate se revendiquant du mouvement de l’écologie politique. Mais souvenons nous d’où vient Marina Silva. Lorsqu’elle était membre du PT, elle préconisait une alliance de son parti avec la droite. Cette forme de connivence avec la droite se retrouve d’ailleurs dans ses fortes prises de position contre l’avortement lors de la campagne électorale ou encore dans l’immense soutien dont a bénéficié Marina Silva de la part des églises évangélistes.

Chaque pays a ses propres spécificités et il faut en tenir compte si l’on veut comprendre réellement la situation politique d’un pays. Il est alors possible d’en tirer des enseignements. Le PT brésilien est né d’un constat : celui du double échec du communisme d’Etat et de la social-démocratie. Alors que certains le voyaient déjà revenir dans le giron de la social-démocratie, le PT a confirmé son indépendance absolue de cette orientation en refusant d’adhérer à l’Internationale socialiste.

A ceux qui voulait réduire le mouvement des révolutions démocratiques d’Amérique Latine à des personnalités fortes au pouvoir – en l’occurrence à la personnalité de Lula pour le Brésil –le score de Dilma Roussef démontre qu’il s’agit bien d’un véritable élan populaire que rien ne peut arrêter.

Où va le Brésil ? 1 Entretien avec le politologue Franck Gaudichaud

Où va le Brésil ? 2 Les années Lula, une assez belle histoire (par Alain Frachon)

2ème article

1) Dilma Roussef, une ex-guerillera qui a fait ses preuves aux côtés de Lula

Dilma Rousseff, dauphine du président sortant Lula, arrive en tête de l’élection présidentielle qui se tenait dimanche 3 octobre 2010 au Brésil. Mais les résultats obtenus ne lui permettent pas d’accéder au pouvoir dès le premier tour. Elle devra attendre le 31 octobre.

Dilma Roussef a obtenu 46,5 % des suffrages exprimés et son principal opposant José Serra 32,7 %. La candidate écologiste Marina Silva a créé la surprise en recueillant 19,5 % des voix, soit près de six points de pourcentage de plus que ce que les sondages prédisaient.

Âgée de 62 ans, cette ex-guérillera a vécu la torture et la prison pendant presque trois ans sous la dictature qui a mené le pays de 1964 à 1985.

L’économiste, qui bénéficie de la popularité du président sortant, a su démontrer qu’elle pouvait piloter des dossiers très complexes en menant plusieurs réformes dans le dernier gouvernement Lula. Si elle l’emporte, elle deviendra la première femme à présider le pays.

2) Moment de transition

En tout, près de 136 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes. Le vote au pays est obligatoire au Brésil pour les 18 à 70 ans.

Les autorités ont mis en place une sécurité accrue pour cette journée de scrutin. On a mobilisé près de 27 000 policiers seulement à Rio, une des villes les plus violentes du pays.

Les observateurs s’entendent sur le fait qu’aucun candidat n’a la forte personnalité de Lula. Ceux qui briguent la présidence ont d’ailleurs tous axé leur campagne sur la poursuite des initiatives qui ont permis au Brésil de renouer avec la prospérité.

La classe moyenne s’est ainsi enrichie de 29 millions de citoyens sortis de la misère. Des problèmes demeurent cependant : violence généralisée, infrastructures vétustes ou saturées, corruption. Le ou la future présidente devra aussi s’atteler à l’éducation, la santé, les réformes agraires, politiques et fiscales.

Les électeurs votaient aussi pour choisir les gouverneurs et députés des 27 États fédérés, renouveler l’Assemblée nationale et les deux tiers du Sénat.

3) La succession de Lula

Après deux mandats en tant que président et 20 ans de présence dans la sphère politique, Lula atteint une cote de popularité record de 80 % dans la population. Bien que l’arrivée au pouvoir d’un socialiste ait d’abord effrayé les riches, le Brésil a connu sous Lula une croissance sans précédent.

Si cette lancée se poursuit, les analystes prévoient que le Brésil deviendra l’une des cinq premières économies mondiales en 2016, année où il sera l’hôte des Jeux olympiques. Ce sera la première fois que l’Amérique du Sud recevra les JO.

Lula a la réputation de ne pas s’en laisser imposer et de ne pas mâcher ses mots sur la scène internationale. Il a toujours rappelé aux anciennes puissances coloniales leurs responsabilités vis-à-vis de leurs anciens territoires et se portait toujours à la défense des pays en voie de développement.

Lorsqu’il a pris ses fonctions de président du Brésil, le 1er janvier 2003, Lula était si ému qu’il pleurait. « Je ne suis pas le résultat d’une élection, est-il parvenu à articuler. Je suis le résultat d’une histoire. Je réalise les rêves de générations et de générations qui, avant moi, ont essayé mais ont échoué. »

Source : Radio-Canada.ca avec Agence France Presse et Associated Press


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message