Révolution française de 1830 et perspective de révolution politique en URSS chez Léon Trotky

mercredi 1er août 2018.
 

Message en Réponse à l’article 27, 28 et 29 juillet 1830 : les "3 glorieuses" d’une révolution réussie puis confisquée

Trotsky n’a consacré aucun travail spécifique à la Révolution de 1830 et c’est bien dommage. A ma connaissance, il n’a jamais envisagé d’écrire sur elle. On ne trouvera pas dans l’oeuvre de Trotsky une analyse originale de la Révolution de juillet en elle-même et pour elle même. Il apparaît cependant comme évident qu’il l’a étudiée de près, bien que tardivement.

La référence à la Révolution de 1830 dans les écrits de Trotsky apparaît pour la première fois dans les dernières pages de sa Révolution trahie, achevée en juillet 1936. La puissance de sa vision historique y est saisissante au premier coup d’oeil.

« La révolution que la bureaucratie prépare contre elle-même ne sera pas sociale comme celle d’Octobre 1917 : il ne s’agira pas de changer les bases économiques de la société, de remplacer une forme de propriété par une autre. L’histoire a connu, outre les révolutions sociales qui ont substitué le régime bourgeois à la féodalité, des révolutions politiques qui, sans toucher aux fondements économiques de la société, renversaient les vielles formations dirigeantes (1830 et 1848 en France, février 1917 en Russie). La subversion de la caste bureaucratique aura naturellement de profondes conséquences sociales : mais elle se maintiendra dans les cadres d’une transformation politique... Il ne s’agit pas de remplacer une coterie dirigeante par une autre, mais de changer les méthodes mêmes de la direction économique et culturelle. L’arbitraire bureaucratique devra céder la place à la démocratie soviétique. »

Nous sommes en été 1936. Trotsky est persuadé que « la révolution commence en France ». A Moscou s’ouvre le procès Zinoviev Kamenev, la liquidation par Staline de la « génération d’Octobre » s’achève. Trotsky termine à la hâte son oeuvre maîtresse, La Révolution trahie, persuadé que « la révolution en Union Soviétique est inévitable ». Persuadé qu’il s’agit de la « révolution politique » dans le pays des soviets, il cherche dans le passé des références historiques, des comparaisons, des éléments d’analogie. Il découvre « la révolution politique » de 1830, qui devient désormais l’une de ses références constantes dans l’ensemble de ses textes polémiques et programmatiques de la IV Internationale contre Staline et les épigones, à partir de cette date. Que l’organisateur de l’insurrection d’Octobre puisse attacher autant d’importances aux événements qui un siècle auparavant ont eu lieu à la Bastille est prodigieux.

Selon toute apparence, le créateur de l’Armée rouge attache autant d’importances à la chute de Charles X à Paris en juillet 1830 qu’à la chute de Nicolas II en février 1917, bien que sa comparaison historique tienne en une seule ligne. L’incroyable révolution de juillet 1830 ! Pour rappel, nous savons que Trotsky a étudié de près la Révolution française, il connaissait les travaux d’Alfonse Aulard, de Jaurès, de Michelet, de Mathiez, de Georges Lefebvre. Les références au « jacobinisme », au « bonapartisme » et à « Thermidor » tiennent la place importante dans ses travaux militants de circonstance tout au long de sa vie. En revanche, nous ne savons pas dans quelles circonstances il a étudié les événements de 1830, mais il y a trouvé l’essentiel.

Le programme de la révolution politique de Trotsky ne s’est pas réalisée, bien que nous ayons vu les prémices de ce beau rêve de la liberté en Pologne et en Hongrie en 1956 et en 1968 en Tchécoslovaquie. Dans l’ancien empire des tsars c’est la réaction qui triomphe sur toute la ligne à présent. Mais la colonne qui commémore les Trois glorieuses est là, debout, au milieu de la Place de la Bastille. Erigée en 1840 au son de la Symphonie Funèbre et Triomphale de Berlioz. Sous la baguette du compositeur.

Karel Kostal


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