Ne laissons pas la République pourrir par la tête !

mardi 10 août 2010.
 

Au fur et à mesure que se déroule la nauséabonde pelote de ce que l’on appelle désormais l’affaire « Woerth-Bettencourt » se déchire pour des millions et des millions de nos concitoyens un voile épais. Celui dont ils se doutaient depuis longtemps sans doute, mais sans vouloir y croire vraiment. Des liens si étroits, une connivence jusqu’à la consanguinité entre de puissants milieux d’affaires et le pouvoir sarkozien. Il y a dans ce scandale des symboles forts rassemblés.

C’est la première fortune de France, Mme Bettencourt qui gagne le SMIC toutes les trois minutes qui est au cœur d’une polémique digne d’une république bananière. Elle dispose d’un gestionnaire pour gérer son argent. Celui-ci agit au travers de multiples sociétés. Dans l’une d’elles exerce le mari de la fille de Mme Bettencourt. Celle-là même qui l’accuse de ne plus disposer de toutes ses facultés pour… s’occuper de son argent. On se demande pourquoi cette fille attaque ainsi sa mère ! Pour qui agit-elle ? Et dans l’une de ses autres sociétés, il y avait aussi l’épouse de l’ancien Ministre de l’argent, embauchée à la demande de son mari. Ce mari de Ministre faisait il y a un an des déclarations tonitruantes contre les paradis fiscaux, l’évasion fiscale, pendant que sa dame avait pour mission de placer la fortune de Mme Bettencourt de telle sorte que le magot puisse grossir en dormant justement grâce à l’évasion fiscale et aux paradis fiscaux. Toutes ces choses que dénonçait violemment le Président de la République lorsqu’il s’était soit disant mis en tête de « moraliser le capitalisme ». Au détour, on découvre que Mme Bettencourt versait beaucoup d’argent aux forces politiques chargées de porter Monsieur Sarkozy au pouvoir suprême. D’ailleurs Mme Bettencourt était inscrite au club très huppé des donateurs qui se rendaient régulièrement à l’hôtel Bristol situé à deux pas de l’Elysée, baptisé « le premier cercle ». Ils se réunissaient à la demande de… M. Woerth. Et maintenant voilà qu’apparaît l’existence d’une multitude de partis de poche sans adhérents, dont la seule fonction est de collecter auprès de privilégiés de la fortune des fonds pour leur responsable, dont une bonne partie de membres du gouvernent. Le ministre du chômage vient ainsi d’être pris la main dans le sac à faire la quête auprès de financiers à … Londres. Tout ceci est légal nous dit-on ! C’est à voir. La seule question politique qui vaille est la suivante : dis moi qui te finance, je te dirais exactement qui tu sers. De fait, pour ne prendre que cette contre-réforme des retraites, les salariés seraient mis à contribution pour plus de 40 milliards d’euros, quand les privilégiés de la fortune ne participeront que pour 4 milliards. Le pouvoir sarkozyste a créé vingt deux taxes et prélèvements supplémentaires sur les familles quand il inventait ce bouclier fiscal qui a permis à cette même Mme Bettencourt de recevoir un chèque de 30 millions d’euros. Autant d’argent qui manque à l’école, aux hôpitaux, aux transports publics. Et pour parfaire l’injustice, on apprend maintenant qu’une députée UMP demande une augmentation de la CSG pour les retraités et la souscription d’une assurance dépendance.

C’est l’ostensible et violente politique de classes du pouvoir sarkozyste. Le Président de la République a fait sa campagne présidentielle sur le thème de la valeur Travail pour mieux camoufler son service aux privilégiés et pour faire basculer la France dans un ultra libéralisme échevelé jusqu’à renier les valeurs humaines de gaullisme. Certains parlent de nécessaire remaniement ministériel. C’est pour mieux camoufler ces données fondamentales et appeler à baisser la garde sur un enjeu de fond posé au peuple en son entier. Le régime sarkozyste est en train de pourrir par la tête. Mais se pose désormais la question de dépasser le système capitaliste financiarisé. Car il y a eu remaniement ! Le jour où M. Woerth s’est vu confier la tâche de démolir le système de retraite, en commençant par reculer l’âge de la retraite avec le projet d’aller à terme vers un système privé de retraite par capitalisation. L’enjeu est si important qu’ils ont décidé d’en faire « le marqueur » du quinquennat au service des marchés financiers. La politique de super austérité qui se prépare vise le même objectif. L’unité populaire dans l’action est donc plus que jamais indispensable pour faire reculer cette ultra droite. Ajoutons que les institutions de la République sont malmenées quand le pouvoir demande à l’administration fiscale de devenir contrôleur et contrôlé dans le dossier Woerth ; quand le procureur de Nanterre fait une enquête sous son seul contrôle et celui du ministère de la justice. Au bout du compte, la crise de la politique peut dégénérer en crise politique et institutionnelle grave. Il n’y a pas d’autre moyen de clarifier la situation sans réunir d’urgence une commission d’enquête parlementaire, de saisir si nécessaire la cour de justice de la République et de nommer un ou des juges d’instruction pour procéder à une ou des enquêtes. En même temps, l’exigence d’un grand débat public sur les retraites comme enjeu de civilisation doit monter avec force. A l’issue de ce débat, le peuple doit pouvoir donner son opinion par référendum. Autant de décisions politiques qui clarifieraient l’exécrable situation actuelle. Nous en appelons à la raison et à la justice. La France n’appartient pas a ces gens là. Il ne faut pas laisser la République pourrir par la tête.


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