Qu’est-ce que le racisme ?

samedi 19 novembre 2005.
 

Les théories racistes

En quoi consistent les théories racistes ? D’abord qu’il existe des races et qu’il est possible ensuite d’établir parmi ces races une hiérarchie : certaines races auraient prétendument des aptitudes et des qualités intellectuelles et morales supérieures, ce qui leur donnerait ainsi le droit de dominer et d’exploiter les autres. (1)

Ces théories n’ont aucun fondement scientifique. Jamais aucune expérience n’a pu déceler la moindre infériorité attribuable à tel ou tel autre groupe humain. Les progrès de la génétique ont prouvés qu’il n’existe qu’une seule race humaine. (2)

Pendant longtemps on a cru que l’humanité était divisée en quatre races de couleurs différentes, les métissages n’étant que relativement récents à l’échelle de l’histoire. Les hommes étaient donc classés selon la couleur de la peau et des yeux, selon la forme du crâne et des cheveux, autrement dit sur l’apparence. Nous savons maintenant que ces traits distinguant les hommes sont négligeables au regard des différences biologiques entre individus d’un groupe de même couleur de peau. Prenons l’exemple du sang, si vous êtes blanc celui d’un noir pourra vous sauver, s’il est du même groupe que vous, alors que celui d’un autre blanc pourrait vous tuer.

Des individus, placés dès le départ dans les mêmes conditions matérielles et sociales, donnent sur le plan intellectuel les mêmes résultats moyens, présentent les mêmes proportions d’individus aux capacités supérieures, moyennes ou faibles. Les différences, indispensables à la diversité donc au dynamisme de la race humaine, ne sont nullement distribuées selon des critères de forme ou de couleur.

En fait, la prétendue supériorité intellectuelle ou morale de la race blanche n’a jamais été invoquée que pour justifier l’existence de l’oppression, de la colonisation ou de l’exploitation, les pratiques les plus barbares et les plus contraires à la morale ou à l’esprit de civilisation.

Ce sont les peuples à la peau noire qui ont été les principales victimes du racisme, utilisé par les puissances européennes à partir du 16ème siècle pour justifier l’esclavage des Noirs dans leurs colonies ; invoqué encore au 19ème siècle en Amérique aux mêmes fins, puis pour légitimer l’infériorité sociale dans laquelle demeurent maintenus les Noirs ; invoqué en Afrique pour fonder la domination coloniale.

Cependant l’Europe (avec notamment le racisme hitlérien), en a éprouvé aussi les effets sur son propre sol et si, sauf dans quelques pays ou régions encore, on n’ose plus guère professer les théories racistes avec l’outrance de naguère, le racisme survit néanmoins sous des formes « actualisées ».

Les nouveaux visages du racisme.

Combattre la discrimination raciale ce n’est pas se contenter d’une dénonciation morale ou d’une prise de position politique, c’est d’abord en démonter les mécanismes et en pointer les manifestations.

Après le nazisme, le racisme biologique fondé sur la hiérarchie des races s’est mis en veilleuse en Europe, sans s’éteindre tout à fait comme nous l’ont rappelé les tragédies en ex-Yougoslavie.

Le racisme aujourd’hui s’exprime différemment, sous des formes plus complexes, reprenant y compris les mots utilisés par les ennemis du racisme. Le mot « race » a presque disparu des discours pour être remplacé par « culture », « confession » ou « ethnie ». Le discours raciste s’affirme aujourd’hui respectueux des différences, il ne veut plus éliminer l’autre, ni même l’assimiler, mais au nom de la « sauvegarde de la diversité » il propose de protéger notre différence de celles des autres en érigeant un mur infranchissable. Les autres ont acquis le droit d’être différents, à la condition qu’ils restent chez eux ou, si l’on a besoin d’eux, dans les ghettos en marge de nos villes.

Le racisme aujourd’hui s’alimente à une mondialisation uniformisante et mutilante. Il surfe sur le respect et la valorisation des différences pour mieux s’attaquer au « cosmopolitisme ». Pour les salariés le décryptage du discours peut être complexe car les syndicats et tous ceux qui s’opposent à la conception libérale du monde affirment, eux-aussi, l’importance de la différence en tant que richesse de l’Humanité. Ce qui les sépare fondamentalement, c’est que les premiers, les racistes, cultivent la différence pour séparer les peuples, pour protéger la « différence blanche » contre les autres différences, alors que les seconds cultivent et enrichissent les différences par les échanges, les rencontres, les métissages.

Le respect des autres ce n’est pas le développement séparé, le rejet du mélange qui est aussi une forme de racisme qui s’apparente à ce qu’on appelle l’apartheid...


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